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Commémorations et hommages

Commémorations et hommages. L'étude des moyens par lesquels les Canadiens ont honoré leurs musiciens, aux yeux de tous et de façon permanente, ne révèle pas, sauf au Québec, un degré de reconnaissance bien significatif, mais plutôt l'indifférence sinon l'oubli.
L'étude des moyens par lesquels les Canadiens ont honoré leurs musiciens, aux yeux de tous et de façon permanente, ne révèle pas, sauf au Québec, un degré de reconnaissance bien significatif, mais plutôt l'indifférence sinon l'oubli. Un nombre limité de noms de musiciens canadiens ont été donnés à des villes, rues, parcs, salles ou édifices ou ont été honorés par des monuments ou des plaques commémoratives; les premiers timbres-poste en l'honneur de musiciens furent émis seulement en 1977. Les portraits, bustes, prix et bourses commémoratifs se rencontrent plus fréquemment (voir Arts visuels, Récompenses), mais ils sont dus à l'initiative du monde professionnel et ne traduisent pas une reconnaissance du milieu ou du public en général. Il existe, cependant, des exceptions à ces remarques générales.

Calixa Lavallée, compositeur de l'« Ô Canada », est peut-être le musicien dont la mémoire a été le plus soulignée au Canada : une municipalité (Calixa-Lavallée, auparavant Sainte-Théodosie, près de Verchères, son village natal) et plusieurs rues (à Montréal, Québec, Saint-Hyacinthe et ailleurs) ont été baptisées en son honneur, et une plaque a été apposée sur le site de sa maison natale (après sa destruction par le feu). En 1991, un nouveau monument à sa mémoire a remplacé l'ancien au cimetière de la Côte-des-Neiges à Montréal. La coutume de donner à des rues les noms de personnalités artistiques renommées s'est établie dans peu de villes canadiennes, si ce n'est à Montréal où plus de 30 musiciens ont été ainsi honorés : Rodolphe Plamondon (1911) puis, notamment, Napoléon Legendre (1912), Alfred De Sève (1931), Alexis Contant (1962) et Emma Albani (1969; une « avenue Albani » antérieure disparut lors d'un réalignement de rues). Guillaume Couture et Joseph Casavant ont aussi donné leur nom à des rues et des places de Montréal. Dans la banlieue d'Ottawa, Barbara Pentland est honorée à Kanata et la Family Brown à Nepean; New Westminster et Victoria commémorent le nom d'Arthur Thomas Bushby. Les Alexander Muir Memorial Gardens de Toronto furent dédiés au compositeur de « The Maple Leaf For Ever », et en 1984, deux petits parcs torontois reçurent les noms d'Ernest Seitz et Healey Willan. Montréal possède une place Boutet, du nom de Martin Boutet, un parc J.-J. Gagnier (1959) et, depuis 1963, une rue Gagnier. À Toronto on trouve le ravin Nordheimer, bien que dans ce dernier cas le nom ne soit pas officiel. Toronto a aussi un parc du nom de Jean Sibelius qui abrite un monument au compositeur finlandais. Il y a un autre monument à Sibelius sur l'île Sainte-Hélène de Montréal. Une île des Territoires du Nord-Ouest porte le nom de la soprano suédoise Jenny Lind. D'autres figures mondiales de la musique ont eu des rues baptisées en leur honneur - plus d'une douzaine à Montréal, au moins trois à Toronto et six autres dans une seule sous-région de North York (Toronto métropolitain).

Le mont Manny, au Nouveau-Brunswick, rappelle la collectrice Louise Manny; en 1969, le plus haut sommet de l'Arctique canadien fut nommé Barbeau Peak en l'honneur de Marius Barbeau; le mont Arthur-LeBlanc (à l'est de Chicoutimi, Québec) a été baptisé en mémoire du violoniste Arthur LeBlanc et la Waterhouse Bay, à Charleswood, Man., immortalise le violoniste John Waterhouse. Édifices et salles, s'ils portent des noms de famille, ont été traditionnellement baptisés d'après les donateurs (par exemple le Malkin Bowl, le Massey Hall et, à Halifax, le Rebecca Cohn Auditorium). Néanmoins, un certain nombre de salles récentes portent des noms de musiciens; le Brunton Hall au Marjorie Young Bell Cons., Université Mount Allison, d'après James Noel Brunton, dir. du conservatoire de 1919 à 1936 (le conservatoire abrite également l'Alfred Whitehead Memorial Music Library); l'Eva Clare Hall, Université du Manitoba; le Robert Cringan Hall, l'Earl Haig Collegiate Institute de Toronto (du nom de ce prof. de musique, petit-fils d'A.T. Cringan); le Leonard Leacock Theatre, Mount Royal College; le Harrison-LeCaine Hall, Université Queen's; le MacMillan Theatre, le Walter Hall et la salle de répétitions Geiger-Torel de l'édifice Edward-Johnson, Université de Toronto; le Boris-Roubakine Auditorium, CA Banff; le Roubakine Hall, Université de Calgary; le Lorne-Watson Recital Hall de l'Université de Brandon. Au Québec, des salles ont également été baptisées François-Brassard (Jonquière), Rolland-Brunelle (Joliette), Gabriel-Cusson (Montréal), Maurice-Dela (Chambly, et du nom de Dela à la naissance, Albert-Phaneuf, à Saint-Hubert), Jean-Deslauriers (Montréal), Henri-Gagnon (Québec), Yvonne-Hubert (Montréal), Gilles-Lefebvre (Centre d'arts Orford), Germaine-Malepart (Montréal), André-Mathieu (Laval), Rodolphe-Mathieu (Trois-Rivières), André-Prévost (Saint-Jérôme) et Antonio-Thompson (Trois-Rivières). L'Anne Murray Centre, créé en 1989 dans la ville où vécut cette chanteuse (Springhill, N.-É.), et destiné essentiellement aux touristes, contient de nombreux effets personnels et professionnels de l'artiste. Deux des bibliothèques du Centre de musique canadienne doivent leurs noms à Ettore Mazzoleni (Toronto) et à Violet Archer (Calgary); celle de la faculté de musique de l'Université McGill a été baptisée en l'honneur de Marvin Duchow, en 1980; la bibliothèque de musique de l'Université Queen's a pris en 1983 le nom de Graham George. En 1988, la COC baptisa ses archives en l'honneur de la fondatrice, Joan Baillie. Des écoles publiques au Canada portent les noms de Marius Barbeau, Vernon Barford, Claude Champagne, Guillaume Couture, Gladys Egbert, Calixa Lavallée, Félix Leclerc, sir Ernest MacMillan, Alexander Muir, Wilfrid Pelletier et E.P. Scarlett, musicologue de Calgary.

Les plaques identifiant les maisons où naquirent ou moururent des musiciens célèbres sont rares. Aucune identification de cet ordre ne marque la maison de la rue Couillard, à Québec, où vivait Lavallée lorsqu'il écrivit l'Ô Canada, ni le lieu de naissance de sir Ernest MacMillan ou sa résidence de Park Road à Toronto (bien que cette dernière ait été classée monument historique en 1979), pas plus que la résidence de Healey Willan sur Inglewood Drive (Toronto). Néanmoins, une plaque marque le site de la maison où naquit Emma Albani, rue Martel à Chambly, et des plaques à Cobourg et à Guelph, Ont., rappellent que ces villes virent naître, respectivement, Marie Dressler et Edward Johnson. En 1979, une plaque fut aussi apposée à l'église First Lutheran à Toronto pour commémorer Theodore August Heintzman. En 1989, on inaugura une plaque au Massey Hall en l'honneur de MacMillan, et une autre à l'église Saint Mary Magdalene pour Willan. Trois chansons ont été commémorées par des plaques, l'une sur Nebo Road près de Burlington, Ont., sur le terrain de la maison d'enfance de Maggie Clark, dont le souvenir est perpétué dans « When You and I Were Young, Maggie »; une autre marquant la tombe (près de Port Hope, Ont.) de Joseph Medicott Scriven (1819-86), l'auteur du poème « Pray Without Ceasing », plus tard mis en musique sous le titre « What a Friend We Have in Jesus »; et une troisième à Fergus, Ont., sur la tombe de George Clephane, dont la mort aurait, semble-t-il, incité sa soeur Elizabeth à écrire le poème « The Ninety and Nine », plus tard mis en musique par l'évangéliste amér. Ira D. Sankey. Au Savoy Theatre de Sydney, N.-É., une « Walk of Stars » prit le nom de Rita MacNeil. La music country canadienne est représentée quant à elle par une salle d'honneur ouverte en 1989 à Kitchener, Ont. (voir Musique country). Deux autres salles portent des noms honorifiques, le Juno Awards Hall of Fame (qui date de 1978) et le CCMA Hall of Honor (1984). Des plaques ont été apposées dans plusieurs salles historiques où se déroulèrent des manifestations musicales : le Saint Lawrence Hall, le temple de Sharon, Massey Hall et le Royal Alexandra Theatre.

Les premiers timbres-poste canadiens à thème musical apparurent en 1977. Trois séries de différentes valeurs commémoraient le premier choral de Noël composé au Canada : « Jesous Ahatonhia ». En 1980, quatre timbres furent émis par paires sur la musique et les musiciens canadiens : un premier à l'effigie d'Emma Albani, un second à celle de Healey Willan et deux autres pour marquer le centenaire de l'« Ô Canada », l'un représentant les premières mesures de l'hymne et l'autre à la triple effigie de Calixa Lavallée, Adolphe-Basile Routhier et Stanley Weir. En 1981, un timbre unique fut émis à l'occasion de l'exposition « The Look of Music » qui se tint au Vancouver Centennial Museum sur les instruments de musique anciens et rares; en 1984, un timbre commémora le 50e anniversaire de l'OSM. En souvenir de l'« Ô Canada », la Monnaie royale canadienne fit frapper une pièce d'or en 1981.

La mémoire de musiciens d'église estimés a été honorée de diverses façons : par exemple, Herbert Sadler (église unie Westminster, Winnipeg) et Vernon Barford (cathédrale All Saints, Edmonton), par des orgues commémoratives; Filmer Hubble (église unie Saint Stephen's Broadway, Winnipeg) et A.S. Vogt (église anglicane Saint Paul's, Toronto) par des vitraux - le vitrail Vogt fut donné par le Choeur Mendelssohn de Toronto; Henri Kew Jordan (église unie de l'avenue Brant, Brantford, Ont.) et Cyril F. Musgrove (église anglicane Holy Trinity, Winnipeg), par des plaques. Au nombre des autres monuments figurent également une pierre tombale placée en 1964 sur la tombe antérieurement anonyme de Marie Toulinguet à Twillingate, T.-N., et une fontaine à Stratford, Ont., avec une inscription gravée au nom de W. Freeland, premier dir. de musique à l'école de Stratford. À la station de métro de la PDA à Montréal se trouve une vaste murale commémorative de verre, éclairée de l'arrière, représentant des personnalités musicales importantes de Montréal, dont Albani, Champagne et Mercure.

Voir aussi Ordre du Canada et les articles sur les différentes universités.