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Communications dans le Nord

Les premiers explorateurs se déplacent en bateau, et c'est par hasard qu'ils rencontrent les Inuits. À leur arrivée dans le Nord, au XIXe siècle, les chasseurs de baleines et les commerçants troquent avec les Inuits différents objets et techniques contre des produits de chasse et de piégeage.

Communications dans le Nord

Les communications ont joué un rôle crucial dans le NORD. Avant l'avènement des médias électroniques, l'environnement, le climat et l'éloignement rendaient difficiles les communications entre les habitants du Nord ou entre ceux du Nord et du Sud. La communication entre les Inuits se faisait de bouche à oreille. Comme les autres autochtones, les Inuits ne connaissaient pas l'écriture avant l'arrivée des Européens au XVIe siècle.

Premiers échanges

Les premiers explorateurs se déplacent en bateau, et c'est par hasard qu'ils rencontrent les Inuits. À leur arrivée dans le Nord, au XIXe siècle, les chasseurs de baleines et les commerçants troquent avec les Inuits différents objets et techniques contre des produits de chasse et de piégeage. Ces échanges nécessitent certaines interactions, mais il n'y a pas vraiment de communication entre Inuits et non-Autochtones.

À la fin du XIXe siècle, les missionnaires élaborent des systèmes d'écriture des langues autochtones (voir ÉCRITURE SYLLABIQUE CRIE). En 1910, environ 98 % des Inuits des régions de l'est de l'Arctique lisent et écrivent maintenant leur langue. Cependant, l'utilisation de trois systèmes d'écriture distincts de l'inuktitut (la langue inuit) renforce les dialectes et les disparités régionales entre les Inuits du Canada.

Peu de livres sont traduits en inuktitut. De plus, comme la plupart des Inuits ne parlent ni n'écrivent l'anglais, ils ne peuvent prendre part aux changements économiques et sociaux entraînés par l'arrivée d'organisations du Sud. L'importance militaire et économique du Nord favorise l'éclosion des médias électroniques.

Radio et télévision

La radio apparaît dans le Nord à la fin des années 1920. Dès lors, les messages en direction et en provenance du Sud ne sont plus tributaires des traversées annuelles des navires ravitailleurs. Dans les années 1930, les organismes du Nord commencent à utiliser la radio haute fréquence pour les affaires et pour les cas d'urgence médicale. L'utilisation des basses fréquences leur permet de garder le contact avec le Sud. Comme les premières émissions sont en anglais, la radio favorise peu les communications entre les Inuits et les autres Canadiens.

La première émission en inuktitut est diffusée en 1960. En 1972, seulement 17 % de la programmation par ondes courtes du Service du Nord de Radio-Canada est offerte en inuktitut (voir RADIODIFFUSION ET TÉLÉDIFFUSION). Les débuts de la télévision dans le Nord se font selon le même cheminement.

En 1967, la programmation télévisée est offerte pour la première fois à l'une des 17 localités de l'Arctique de l'Ouest, grâce à la transmission en différé de bandes vidéo comptant 4 heures de programmation. La Loi de la Télésat Canada (1969), qui favorise l'implantation du satellite au pays, permet d'offrir le service du TÉLÉPHONE et celui de la télévision de Radio-Canada aux régions canadiennes éloignées, notamment à celles du Nord (voir SATELLITE, COMMUNICATION PAR).

L'accès aux émissions sur ruban magnétoscopique est offert aux habitants de Frobisher Bay (Iqaluit) en 1972. La même année, le Canada lance le satellite Anik A qui, en 1973, permet aux collectivités du Nord de bénéficier des services de téléphonie, de radio et de diffusion télévisuelle. En 1974, Radio-Canada met en œuvre un plan accéléré de développement qui a pour but d'offrir un service de radiodiffusion et de télédiffusion aux communautés de 500 habitants et plus, à mesure que des fonds sont accessibles.

Les Inuits accueillent généralement avec enthousiasme l'arrivée de la télévision. D'autres, par contre, se rallient aux Canadiens qui craignent les répercussions de ces nouveaux médias sur leur langue et leur culture (voir AUTOCHTONES, MÉDIAS DES). Dans la production sur ruban magnétoscopique offerte à la communauté, il n'y a aucune émission réalisée par des Inuits.

En 1972, l'OFFICE NATIONAL DU FILM crée le premier de deux ateliers de production cinématographique à l'île de Baffin. Celui de Frobisher Bay (Iqaluit) devient, en 1975, la Société de communications autochtones Nunatsiakmiut. Grâce à cette société, les Inuits produisent leurs premières émissions pour Radio-Canada. Toutefois, avant 1982, Radio-Canada diffuse dans le Nord moins d'une heure d'émissions en inuktitut par semaine et jamais en direct.

De toute évidence, les médias électroniques permettent aux habitants du Nord de communiquer plus facilement entre eux et avec les habitants du Sud, mais les Autochtones ne profitent pas encore de toutes les possibilités offertes par ces nouveaux outils de communication. De nouveaux projets sont mis de l'avant afin de favoriser leur participation.

Expérimentation des satellites dans le Nord

En 1976, le Canada lance le premier de deux programmes expérimentaux de communications par satellite, afin de mettre à l'essai les applications de la nouvelle TECHNOLOGIE DES COMMUNICATIONS. Grâce aux satellites, les communautés du Nord peuvent profiter des services de télémédecine et de téléenseignement. Les Inuits du Nord québécois utilisent le système Hermès et l'ancien système Anik A pour établir un réseau de radiodiffusion entre huit communautés. Les habitants peuvent téléphoner aux postes de radio pour que leurs commentaires soient diffusés sur tout le réseau.

En 1978, le satellite Anik B est lancé. Les Inuits du Québec et ceux des Territoires du Nord-Ouest l'utilisent pour expérimenter des possibilités de télécommunication interactive, y compris en télédiffusion. Le satellite Anik B relie entre elles six communautés qui forment ainsi un petit réseau de télévision. La diffusion se fait à partir d'une seule communauté dans chaque région, mais les habitants des six localités peuvent communiquer entre eux, leurs messages étant diffusés sur tout le réseau.

C'est à la suite de ces expériences qu'est née l'Inuit Broadcasting Corporation, pendant l'été 1981. Cette société diffuse chaque semaine plusieurs heures d'émissions en inuktitut, y compris des émissions de télévision en direct du Nord.

Les initiatives des autochtones dans le domaine de la radio et de la télévision sont stimulées davantage par la parution, en 1980, du rapport du Comité sur l'extension du service aux petites localités éloignées et à celles du Nord du CONSEIL DE LA RADIODIFFUSION ET DES TÉLÉCOMMUNICATIONS CANADIENNES. Ce rapport pose les jalons de la politique canadienne en matière de communications dans le Nord; il souligne en outre l'apport des Autochtones au chapitre de la radio et de la télévision dans cette région.

Faits nouveaux

Au cours des années 1980, de nombreux services de communication voient le jour dans le Nord. En 1981, toutes les localités nordiques étaient dotées d'un service téléphonique par satellite. De plus, en 1983, la dernière des 57 communautés inuites capte les émissions de télévision de Radio-Canada. Toutes reçoivent maintenant la radio de Radio-Canada, et la plupart disposent d'une station de radio communautaire mise sur pied grâce à des programmes parrainés par Radio-Canada, les gouvernements provinciaux et territoriaux ou par les sociétés de communications autochtones du Nord.

En 1991, Television Northern Canada (TVNC) reçoit une licence du CRTC pour établir un réseau de télévision autochtone dans le Nord. Ce canal satellite exclusif au Nord, propriété de CIRTV, est partagé par six sociétés de communication autochtones, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, le Yukon College, la National Aboriginal Communications Society, d'autres organismes autochtones, le Service du Nord de Radio-Canada et Télésat Canada. Le satellite a des liaisons montantes à Iqaluit et à Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest) ainsi qu'à Whitehorse (Yukon). TVNC atteint 94 communautés situées dans 5 fuseaux horaires différents, de l'ouest du Yukon jusqu'au Labrador. TVNC diffuse dans 15 langues autochtones à un auditoire de 100 000 personnes, dont plus de la moitié sont d'origine autochtone.

En 1997, la direction de TVNC décide d'entreprendre l'établissement d'un réseau de télévision destiné à une programmation autochtone accessible partout au Canada. En février 1999, à la suite d'une série de consultations publiques menées par le CRTC, est accordée la licence du « Réseau de télévision des peuples autochtones » (APTN) et, six mois plus tard, l'APTN diffuse des émissions en anglais, en français et dans plus de 14 langues autochtones; dix millions de foyers y ont accès.

Outre la radiodiffusion en réseau, l'autoroute de l'information des télécommunications et des services informatiques, qui s'étend sur tout le pays, relie de plus en plus les communautés du Nord.

Encore aujourd'hui, nombreux sont les autochtones qui ne parlent ni ne lisent l'anglais. Le Programme d'accès des autochtones du Nord à la radiotélédiffusion, en œuvre depuis 1983, leur permet de recevoir et de transmettre des informations dans leur propre langue. Grâce à la politique et aux programmes mis de l'avant au chapitre des communications, les médias électroniques ont rapproché les habitants du Nord les uns des autres. Ils permettent maintenant aux Autochtones de communiquer avec les autres Canadiens, et les incitent à prendre part aux transformations qui se produisent dans les régions septentrionales du pays.