La convergence des médias fait référence à la fusion de technologies et de plateformes médiatiques auparavant distinctes par l’entremise de la numérisation et du réseautage informatique. C’est ce que l’on appelle aussi la convergence technologique. La convergence des médias est également une stratégie commerciale par laquelle les entreprises de communication intègrent les divers médias qu’elles possèdent. Ce phénomène est également connu sous les termes « consolidation des médias », « concentration des médias » et « convergence économique ». (Voir aussi Propriété des médias.)
Convergence technologique
Pendant la majeure partie de l’histoire moderne, les différents types de médias – les livres, les journaux, la radio, la télévision et le cinéma – sont des technologies distinctes appartenant à différentes industries. La numérisation, le réseautage informatique et l’essor d’Internet éliminent toutefois ces vases clos et entraînent l’intégration de tous les médias, permettant ainsi l’échange mondial et immédiat de toutes sortes de contenus.
Avantages de la convergence technologique
La convergence technologique simplifie la production de contenu médiatique et élargit, accélère et facilite sa distribution tout en réduisant souvent les coûts. Une photographie numérique, par exemple, peut être prise et diffusée à travers le monde en quelques secondes sur Internet. Il n’est pas nécessaire de développer, d’imprimer et de distribuer physiquement les films. De même, les consommateurs peuvent à leur guise et souvent gratuitement accéder à plusieurs contenus médiatiques à partir d’un appareil. Avec la convergence technologique, la transmission électronique de données, parfois exponentielle, remplace le transport singulier des biens matériels.
La convergence facilite également la production de médias. La numérisation permet aux consommateurs de contenu médiatique de produire et de distribuer leur propre contenu. Il peut s’agir de gens ordinaires qui utilisent des médias sociaux ou bien de professionnels, notamment des concepteurs, des cinéastes, des musiciens et des écrivains, qui travaillent dans leur domaine. Certains analystes considèrent ce phénomène comme une démocratisation des médias : toute personne ayant accès aux médias numériques et à un réseau informatique peut produire, consommer et diffuser du contenu médiatique.
Désavantages de la convergence technologique
À ce jour, la convergence présente toutefois quelques inconvénients. Tout le monde n’a pas le même accès facile et abordable aux médias numériques, ni les mêmes compétences pour les utiliser. Une connexion aux réseaux informatiques, en plus de l’alphabétisation nécessaire pour les utiliser, est de plus en plus vitale. Cela crée un fossé numérique entre ceux qui ont accès à l’information et ceux qui en sont privés. De plus, la capacité de suivi des programmes informatiques entraîne une surveillance accrue, ce qui suscite certaines inquiétudes au sujet de la protection de la vie privée et de la sécurité.
L’évolution rapide des formats numériques et la quantité énorme de données accessibles posent des défis, notamment en ce qui a trait au stockage, à la conservation et à la protection du matériel jugé important pour le domaine public. Le contenu numérique peut être copié, modifié et diffusé très facilement. Cela représente un défi pour la législation en matière de droit d’auteur et rend difficile la prévention du piratage de contenu. Les industries de la musique, du cinéma et de la télévision ont été touchées par ce phénomène. La libre circulation des contenus médiatiques représente également une grave menace pour l’industrie de l’édition.
Convergence économique
La stratégie économique de la convergence des médias (aussi connue sous les termes « consolidation des médias », « concentration des médias » et « convergence économique ») est le produit de trois éléments : la numérisation, la concentration des sociétés, où un petit nombre de grandes sociétés possèdent une importante quantité de médias (voir aussiCommission royale d’enquête sur les groupements de sociétés), et la déréglementation gouvernementale. Ces facteurs permettent aux conglomérats médiatiques de posséder différents types de médias (p. ex., journaux et stations de télévision et de radio) dans les mêmes marchés. De plus, les sociétés de transmission de contenu, comme les distributeurs par câble ou par satellite, peuvent posséder leurs propres entreprises de production de contenu (p. ex., des chaînes de télévision thématiques). C’est ce que l’on appelle également l’intégration verticale.
Convergence des entreprises médiatiques au Canada
Au Canada, la société Québecor Inc. est devenue chef de file de la convergence des médias. Elle utilise ses médias pour faire la promotion croisée du contenu qu’elle produit et distribue. L’entreprise possède des journaux, des magazines et des maisons d’édition, et produit et diffuse du contenu télévisuel. Elle fournit des réseaux de téléphonie par câble et sans fil, des services Internet ainsi que des services de distribution et de vente au détail de musique. Elle développe même des jeux vidéo.
Bell Canada possède des réseaux de câblodistribution et de téléphonie mobile. La société fournit des services de production et de distribution télévisuelles (CTV, TSN et le service de diffusion Crave), des services Internet et des services publicitaires. Elle détient également des participations partielles dans Maple Leaf Sports & Entertainment (qui est propriétaire des Maple Leafs de Toronto, des Raptors de Toronto, du Toronto FC et des Argonauts de Toronto) et dans les Canadiens de Montréal.
Rogers Communications est le plus important fournisseur de services téléphoniques sans fil au Canada. Les activités de la société comprennent les services Internet, la production et la distribution télévisuelles, la radio et la publication de magazines. Elle possède également les Blue Jays de Toronto, dont les matchs sont diffusés sur les réseaux de radio et de télévision de Rogers. (Voir aussi Rogers achète les Blue Jays.)
La Société Radio-Canada (ou la CBC du côté anglais) a également changé son profil. Autrefois un simple radiodiffuseur et télédiffuseur, elle est aujourd’hui un fournisseur de médias multi-plateformes. Elle offre des services Web, des actualités numériques et des applications musicales. L’émission radiophonique q de CBC, par exemple, est diffusée sur la chaîne télévisée de CBC. Radio-Canada possède également son propre site Web et sa propre chaîne YouTube.
Avantages de la convergence économique
La convergence économique peut être très avantageuse pour les entreprises. Elle leur permet de réduire les coûts relatifs à la main-d’œuvre, au matériel et à la gestion. Les entreprises peuvent utiliser le même contenu médiatique dans plusieurs médias. Les annonceurs peuvent recevoir des forfaits pour un certain nombre de plateformes médiatiques. La reconnaissance de la marque et la fidélisation peuvent être améliorées par la promotion et la vente croisées. Par le passé, les entreprises de communication ont formé des chaînes de journaux et des réseaux de stations de radio et de télévision pour profiter de ces mêmes avantages. La convergence peut être considérée comme la suite logique.
Désavantages de la convergence économique
Toutefois, la convergence économique présente également des inconvénients potentiels pour la société et l’économie dans son ensemble. Une concurrence réduite peut accroître les barrières à l’entrée pour les nouvelles entreprises. Les médias peuvent devenir plus commercialisés. Les gens peuvent être traités davantage comme consommateurs plutôt que citoyens. De plus, les fusions d’entreprises peuvent être très coûteuses. Les entreprises convergentes ont tendance à accroître leurs profits en réduisant leurs investissements dans les services au lieu de les augmenter.
La convergence des entreprises suscite également des inquiétudes quant à la qualité du journalisme d’entreprise. L’objectivité des renseignements et des analyses fournis par les médias fait l’objet d’un examen plus attentif. L’indépendance des journalistes est remise en cause, de même que la diversité des points de vue sur l’actualité. La couverture des événements locaux est restreinte. Des conflits d’intérêts peuvent survenir entre des médias appartenant à la même société.