Courant marin

Courant marin

Un courant marin est un vaste mouvement horizontal d'eau (100 km ou plus), le plus souvent permanent, se produisant à toutes les profondeurs des océans. Les courants sont générés soit par les vents, soit par une évaporation ou un refroidissement intenses à la surface de l'océan (circulation thermohaline), soit par la force des marées.

Courants dus aux vents

Dans les océans Atlantique et Pacifique au nord de l'équateur, l'action combinée des forts vents d'ouest (entre 30° Nord et 60° Nord) et des alizés du nord-est (10° Nord - 20° Nord) provoque la circulation des eaux de surface en deux vastes tourbillons allant dans le sens des aiguilles d'une montre (sens horaire). La friction du vent sur l'eau constitue la principal force motrice. À cause de l'effet Coriolis (dû à la rotation de la terre), le mouvement net de la masse d'eau supérieure (soit la couche d'Ekman, de 0 m à 100 m de profondeur) est dévié à la droite de la direction des vents. Une convergence des eaux se développe dans la couche d'Ekman entre les vents d'ouest et les alizés, formant dans l'océan une zone de haute pression autour de laquelle les eaux circulent dans le sens des aiguilles d'une montre. Dans l'Atlantique, ce tourbillon subtropical englobe le Gulf Stream et les courants de l'Atlantique Nord, des Canaries et nord-équatorial. Dans le Pacifique Nord, ce tourbillon est formé des courants nord-équatorial, Kuroshio, du Pacifique Nord et de Californie.

Au nord des vents d'ouest, des divergences dans la couche d'Ekman forment des zones de basse pression provoquant un tourbillon subpolaire allant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre (sens antihoraire). Le tourbillon subpolaire de l'Atlantique Nord englobe le courant de l'Atlantique Nord, le courant Irminger, le courant du Groenland et le courant du Labrador. Le tourbillon subpolaire du Pacifique Nord est formé des courants du Pacifique Nord, de l'Alaska et Oyashio. Les courants principaux de la BAIE DE BAFFIN sont en partie une extension du tourbillon subpolaire de l'Atlantique Nord.

Ces tourbillons océaniques sont asymétriques. Les courants de la partie occidentale des océans, le Gulf Stream et le Kuroshio, sont étroits (100 km) et puissants (jusqu'à 2,5 m/s). Les courants zonaux (ceux se déplaçant d'ouest en est ou d'est en ouest) et ceux de la partie orientale des océans sont larges (500 km à 1000 km) et faibles (0,2 m/s). L'intensification des courants dans la partie occidentale résulte d'une accentuation de l'effet Coriolis entre l'équateur et le pôle Nord, attribuable à la forme sphérique de la Terre. La vitesse des principaux courants diminue avec la profondeur, rapidement dans les 300 premiers mètres. Cependant, les courants les plus puissants sont encore fortement ressentis au fond de l'océan. On estime que le Gulf Stream et le Kuroshio transportent tous deux à leur maximum 15 x 10⁷ m³/s d'eau. Ce volume représente environ 15 000 fois le débit moyen du fleuve Saint-Laurent et est suffisant pour remplir le lac Supérieur en à peu près un jour.

Au sud de l'équateur, les vents dominants génèrent des tourbillons subtropicaux allant dans le sens antihoraire. Ils sont semblables mais moins intenses que ceux de la partie occidentale des océans. Comme aucune masse continentale n'entravent leur progression, les tourbillons subpolaires fusionnent pour former un courant circumpolaire autour du continent Antarctique. Les courants marins peuvent varier de jour en jour, mais pendant en moyenne un peu plus d'un mois, ils sont relativement constants.

La variabilité peut être causée par des vagues de longue période (100 heures), spécialement quand le courant touche la pente continentale. Éloignés des côtes, le Gulf Stream et le Kuroshio décrivent de vastes méandres qui durent en moyenne 75 jours. Ils peuvent être provoqués par des instabilités internes ou par le contact avec des montagnes sous-marines.

Courants thermohalins

Ce second groupe de courants, ceux attribuables à la circulation thermohaline, se trouvent au fond de l'océan, sous les courants causés par les vents. Ils n'ont aucune influence sur la navigation hauturière et ne sont généralement connus que des océanographes. Une bonne part de cette circulation profonde est provoquée par un refroidissement intense de l'eau de surface dans l'Arctique et l'Antarctique. Le refroidissement augmente la densité de l'eau et la fait couler dans les profondeurs. Cette eau nouvelle (car encore récemment à la surface) s'éloigne ensuite de sa zone de plongée en formant des courants distincts. Une forte évaporation, comme par exemple en Méditerranée, densifie l'eau par augmentation de la salinité, ce qui favorise aussi sa plongée vers les grands fonds.

En zone médio-océanique, des couches d'eau provenant de différents endroits se succèdent. Par exemple, dans presque tout l'océan Atlantique, l'eau du fond provient de l'Antarctique, mais au nord du 45° Nord et à l'ouest de la dorsale médio-atlantique, l'eau de fond arrive de la mer d'Islande en passant par le détroit du Danemark entre le Groenland et l'Islande. Au-dessus de cette couche se trouve l'eau appelée « eau profonde nord-atlantique », qui provient en partie de la mer de Norvège et coule vers l'Atlantique en traversant la crête entre l'Islande et les îles Féroé. Viennent ensuite les eaux intermédiaires (à 1500-2000 m de profondeur). L'eau de la mer du Labrador, renouvelée pendant les hivers rigoureux dans l'eau profonde à l'est des banquises au large du Labrador, se retrouve dans l'Atlantique Nord (au nord du 45° Nord). Cette eau est reconnaissable à sa faible salinité par rapport à l'eau qui se trouve au-dessous et au-dessus d'elle. L'eau méditerranéenne sort du détroit de Gibraltar et est reconnaissable dans presque tout l'Atlantique Nord à sa forte salinité, résultat d'une évaporation excessive dans la Méditerranée.

Effets

Les courants ont deux effets importants qui influencent la PÊCHE et le climat. Ils permettent aux eaux profondes, riches en nutriments, de remonter vers les couches de surface ensoleillées, stimulant ainsi la productivité biologique. Ils transportent également une importante quantité de chaleur, ce qui influence grandement le climat des zones côtières. Au Canada, le COURANT DU LABRADOR au large de la côte est et le courant du Pacifique Nord au large de la côte ouest sont les plus importants. Le courant du Labrador est à l'origine de l'une des plus importantes zones de pêche mondiale, sur le plateau continental du Labrador et sur les GRANDS BANCS DE TERRE-NEUVE. Le courant du Pacifique est un vaste réservoir de chaleur et d'eau qui sont partiellement transférées à la zone côtière de la Colombie-Britannique, donnant un climat doux et favorisant une importante et productive industrie forestière.

Voir aussi EAUX LITTORALES; MARÉE.