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CP-140 Aurora

L’Aurora de Lockheed est un avion de patrouille maritime à long rayon d’action (LRPA) utilisé par les Forces armées canadiennes pour la lutte anti‑sous‑marine et la surveillance maritime. L’Aurora entre en service en 1980, en remplacement du CP‑107 Argus. Grâce à des améliorations structurelles et à la modernisation de son avionique, cet avion devrait fonctionner au‑delà de 2030.

CP-140 Aurora

Aurora de Lockheed

L’Aurora est nommé ainsi en hommage aux aurores boréales. Le groupe propulseur turbocompressé à quatre moteurs est fabriqué dans l’usine de Lockheed à Burbank, en Californie. Le premier des 18 appareils commandés par le Canada est livré le 29 mai 1980 et le dernier en juillet 1981. Dès le début, l’Aurora combine le meilleur de deux systèmes de lutte anti‑sous‑marine éprouvés de la Marine américaine (USN) : la cellule et les moteurs du P‑3C Orion, entrés en service aux États‑Unis au début des années 1960, associés à l’avionique et à l’acoustique du chasseur embarqué S3A Viking, introduits dans les années 1970.

À l’instar de son prédécesseur, l’Argus, l’Aurora se distingue par une perche de détection d’anomalie magnétique (MAD) qui s’étend depuis l’arrière du fuselage; il dispose également d’une soute à bombes interne permettant le transport de huit torpilles anti‑sous‑marines Mk 46, ainsi que différentes bouées acoustiques et fusées éclairantes. L’avion est doté de dix points d’attache sous les ailes pour les munitions externes, ceux‑ci étant toutefois rarement utilisés. Avec une portée d’environ 5 000 milles marins (9 300 km), l’Aurora peut rester en vol pendant 17 heures, bien que l’endurance habituelle des missions auxquelles il est destiné soit de 8 à 10 heures. L’équipage d’un Aurora varie selon la mission, mais l’avion peut accueillir deux pilotes, un mécanicien de bord, quatre navigateurs et trois opérateurs de détecteurs électroniques aéroportés.

Au départ, le Canada prévoit d’acquérir 24 appareils au total; toutefois, ce nombre est réduit de 6, en raison de pressions de financement sur le budget de la défense. Ces six avions redeviennent d’actualité dans le cadre du Livre blanc sur la défense de 1987 du gouvernement Mulroney, avant d’être à nouveau supprimés dans le budget fédéral de 1989, en tant que « dividende de la paix » marquant la fin de la Guerre froide.

Les FAC obtiennent tout de même l’acquisition de trois avions supplémentaires, avec, comme objectif, d’économiser les heures de vol des appareils de la flotte principale de lutte anti‑sous‑marine. Ces trois nouveaux avions sont consacrés principalement à des tâches d’entraînement des équipages, comme la pratique de l’atterrissage « posé‑décollé » et la reconnaissance générale de surface à longue portée, telle qu’elle se pratique lors des missions de patrouille maritime dans l’Arctique. (Voir aussi Souveraineté dans l’Arctique.) Ces trois appareils supplémentaires, appelés CP‑140A Arcturus, livrés début 1993 et tous retirés du service en 2011, ne sont pas dotés d’une avionique de mission de lutte anti‑sous‑marine sophistiquée.

CP-140A Arcturus

Modernisation et prolongation de la durée de vie

Après la fin de la Guerre froide, on aurait pu supposer que prenait aussi fin la mission principale de l’Aurora, à savoir chasser les sous‑marins soviétiques. Pourtant, il s’avère rapidement que cet appareil, capable de mener des missions de patrouille à longue distance, au‑dessus du sol comme au‑dessus de l’eau, constitue une plateforme idéale pour les activités de « renseignement, surveillance et reconnaissance » (RSR).

Le Projet de modernisation progressive de l’Aurora (PMPA) est lancé en 1998, en vue de la modernisation par étape de ses systèmes et de ses capteurs électroniques de mission. Mis en œuvre dans le cadre d’une approche graduelle, il prévoit l’atteinte de la pleine capacité opérationnelle en 2024. Parallèlement, le projet de prolongation de la durée de vie de la structure de l’Aurora (PPDVS), prévoyant le remplacement des ailes et des stabilisateurs horizontaux, est approuvé en 2008 et achevé en 2020. Ces deux programmes devraient conjointement permettre de prolonger la durée de vie opérationnelle de l’Aurora jusqu’à ce qu’il puisse être remplacé, dans les années 2030.

Emploi

Les Aurora sont basés à Greenwood, en Nouvelle‑Écosse, et à Comox, en Colombie‑Britannique. Pendant la Guerre froide, ils effectuent régulièrement de courts déploiements auprès de bases alliées de l’OTAN et de bases américaines, dans l’Atlantique‑Nord et dans le Pacifique, en Islande, en Norvège, en Alaska et à Hawaï.

Le rôle de RSR de l’appareil implique des engagements épisodiques à l’étranger, pendant des mois, d’un ou de deux avions simultanément. Dans ce cadre, ils appuient ainsi un certain nombre de missions comme le blocus de l’ex‑Yougoslavie, au milieu des années 1990 (voir Casques bleus canadiens dans les Balkans), les opérations de 2011 contre la Libye en Méditerranée,; la « guerre contre le terrorisme », dans la foulée du 11 Septembre, dans la mer d’Oman, et en Irak, en soutien à la mission en Afghanistan. Les Aurora contribuent également aux opérations de lutte contre le commerce de drogue, en cours dans les Caraïbes, et à l’embargo contre la Corée du Nord.

Ces appareils sont également utilisés pour des missions de recherche, de sauvetage et de secours en cas de catastrophe. Ils apportent, en outre, leur aide à d’autres organismes gouvernementaux, notamment en matière de protection des pêches, de surveillance de la pollution, ainsi que de lutte contre la contrebande de la drogue et contre l’immigration illégale. (Voir aussi Immigration irrégulière au Canada.)

Une résurgence de l’activité des sous‑marins à propulsion nucléaire russes, dans les années 2010, conduit à un engagement renouvelé des Aurora dans des missions de lutte anti‑sous‑marine.

Retrait

L’Aurora devrait rester en service jusque dans les années 2030. En février 2022, le gouvernement canadien émet une demande d’information aux fournisseurs potentiels pour son remplacement. Les trois Arcturus sont retirés du service et l’un des Aurora originaux est utilisé comme avion d’essai au sol. Le Musée national de la force aérienne du Canada et le Musée de la base aérienne Comox ont tous deux un Aurora dans leurs collections. Un Arcturus est conservé et exposé à l’extérieur à la BFC Greenwood.