Article

Crotale des prairies

Le crotale des prairies (Crotalus viridis) est un serpent venimeux et corpulent. Il compte parmi trois espèces de crotales présentes au Canada (une quatrième est disparue). Au Canada, les crotales des prairies se trouvent dans les régions méridionales de l’Alberta et de la Saskatchewan. L’aire de répartition du crotale des prairies, l’une des plus importantes entre toutes les espèces de crotales, se poursuit le long d’une bande nord-sud à l’est des montagnes Rocheuses et à l’ouest du fleuve Missouri, jusqu’au nord du Mexique.

Description

Les crotales des prairies, serpents de grande taille, appartiennent à la famille des Crotalinae. Les serpents de cette famille sont dotés d’organes de détection de la chaleur entre leurs narines et leurs yeux, qu’ils utilisent pour localiser leurs proies. S’ils mesurent habituellement environ 1 m de long, les crotales des prairies peuvent atteindre une longueur de près de 1,6 m. Ils sont légèrement colorés dans des teintes de brun, de beige et de vert, et présentent souvent des taches ou des bandes de couleur plus foncée sur le dos.

Prairie Rattlesnake (Crotalus viridis)

Habitat

À l’instar de beaucoup d’autres animaux ayant un vaste territoire, le crotale des prairies est un généraliste. Il peut donc s’adapter à une grande variété d’habitats. Comme son nom l’indique, le crotale des prairies préfère les prairies, y compris les herbes longues et courtes, les habitats cultivés et les zones de transition entre les habitats fluviaux et les habitats des hautes terres. On le trouve à des altitudes allant du niveau de la mer à plus de 2 740 m.

Pour survivre aux hivers canadiens, les crotales des prairies s’installent dans des tanières communes appelées hibernacles. Le sol des prairies canadiennes peut être poreux, ce qui donne lieu à des blocs de glissement, des terriers abandonnés, des canaux d’érosion et des affleurements rocheux. Les crotales des prairies mettent à profit ces caractéristiques pour bâtir leurs tanières. Il arrive – rarement – que des tanières soient créées par une intervention humaine. C’est le cas, notamment d’anciennes décharges ou de tas de pierres ayant une ouverture dans leur partie inférieure. Les tanières sont souvent partagées par d’autres espèces de serpents.

Les serpents retournent dans leur tanière dès le mois d’août, la plupart d’entre eux y retournant à la mi-septembre. Les crotales utilisent la même tanière d’une année à l’autre. Si cette tanière est détruite ou si un crotale est déplacé trop loin de sa tanière, il risque de ne pas survivre à l’hiver. Les crotales émergent de leur tanière entre la fin mars et le début mai. Ils se dispersent ensuite vers les zones d’alimentation et d’accouplement estivales, ainsi que vers les sites de gestation. On sait que les crotales des prairies peuvent se déplacer à plus de 30 km de distance de leur tanière, bien que la plupart restent à moins de 5 km.

Alimentation

Les crotales des prairies se nourrissent de petits lapins, d’oiseaux, d’amphibiens, d’écureuils terrestres, de campagnols et de souris.

Comme la plupart des crotales, le crotale des prairies chasse en grande partie à l’embuscade. Il se tient à l’affût, puis passe à l’attaque, injectant à sa proie un venin toxique délivré par deux crocs antérieurs. Le serpent libère alors sa victime, qui s’enfuit généralement à toute vitesse. Le crotale suit la piste de l’animal blessé à l’odeur et à l’aide d’un organe de détection de la chaleur situé entre ses narines et ses yeux. Les scientifiques pensent que cet organe permet au serpent de voir des images infrarouges (des images composées d’ondes de chaleur rayonnante). Au moment où le crotale retrouve sa proie, celle-ci a déjà succombé au poison ou est trop faible pour se battre. Le crotale la consomme, en commençant par la tête.

Le saviez-vous ?
L’hiver, une fois dans leur tanière, les crotales peuvent ne pas se nourrir à nouveau avant le printemps. En effet, étant un animal à sang froid, si le serpent ne peut pas réchauffer suffisamment son corps, il sera incapable de digérer la nourriture consommée. Celle-ci pourrit alors à l’intérieur de l’animal et cause ultimement sa mort si elle n’est pas régurgitée rapidement.


Durée de vie et reproduction

Les crotales des prairies peuvent vivre jusqu’à 20 ans à l’état sauvage, et 24 ans en captivité. La femelle prend en moyenne 6 ans pour atteindre la maturité sexuelle; le mâle, lui, y parvient en 3 ou 4 ans. Les crotales des prairies femelles de la région nord de l’aire de répartition de l’espèce ne se reproduisent que tous les deux ou trois ans. La reproduction peut avoir lieu sur le site même de la tanière au printemps ou plus tard en été lorsque les crotales se rencontrent dans les zones d’alimentation estivales.

Si la reproduction a lieu au printemps, les jeunes naîtront cette année-là. Si l’accouplement a lieu plus tard dans la saison, le développement embryonnaire est interrompu pendant l’hiver, pour reprendre au printemps. Les crotales des prairies donnent naissance à 4 à 13 petits vivants vers la fin de l’été, souvent vers le milieu ou la fin août. Cependant, ils peuvent également leur donner naissance jusqu’en septembre ou octobre. Les nouveau-nés ne mesurent que 22 à 28 cm de long. Ils émergent déjà dotés de crochets et de venin, mais ne peuvent émettre aucun bruit avant d’avoir eu leur première mue. C’est à ce stade-ci que s’ajoute un deuxième segment à la sonnette.

Crotale des prairies se prélassant

Menaces

Les crotales des prairies vivant à l’extrémité nord de leur aire de répartition peuvent perdre près de 14 % de leur masse corporelle au cours de l’hiver. Cela conduit à des taux de mortalité hivernale plus élevés pour les crotales des prairies vivant dans des climats froids, par rapport à ceux vivant dans des climats plus chauds.

Une perte d’habitat généralisée, une maturité sexuelle et des taux de reproduction lents, ainsi qu’un taux de mortalité élevé sont autant de facteurs qui contribuent au déclin du crotale des prairies au Canada. L’espèce est considérée comme préoccupante par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada et la Loi sur les espèces en péril. L’augmentation du développement et de l’étalement urbains dans les villes albertaines de Lethbridge et de Medicine Hat est une forme concentrée de perte d’habitat, mais la perte des prairies indigènes et des pâturages pour le bétail au profit des cultures constitue une menace à plus grande échelle. Les autoroutes et l’intensification de la circulation sur les routes rurales en lien avec le secteur de l’énergie (notamment les éoliennes, les centrales solaires et les puits de gaz naturel) contribuent fortement à la mortalité routière, en particulier pendant les périodes de migration.

Rencontres avec les crotales et morsures

De nombreux Canadiens vivent et travaillent dans les régions où le crotale des prairies est présent. En cas de rencontre avec ce serpent, il suffit de lui laisser une distance d’environ 2 m. Les crotales ne pourchassent pas les humains. En général, soit ils restent sur place tout en s’éloignant lentement de la menace, soit ils se mettent rapidement à l’abri. Par comparaison avec d’autres serpents, les crotales se déplacent lentement. Ils recourent en outre au camouflage pour se prémunir contre les prédateurs. En cas d’échec, ils adoptent une attitude défensive : ils se dressent pour paraître plus imposants, ou émettent des claquements et des sifflements.

Les morsures de crotale sont rares. Lorsqu’elles se produisent, toutefois, elles peuvent mettre la vie en danger. La plupart des morsures se produisent lorsqu’une personne pose accidentellement le pied sur un crotale ou s’aventure dans une zone sans d’abord inspecter les environs.

Vingt pour cent des morsures sont « sèches » (sans injection de venin), mais les victimes doivent consulter un médecin sans délai. Le venin du crotale des prairies est en grande partie hémotoxique et cytotoxique, ce qui peut provoquer d’importants dommages tissulaires au site de la morsure. L’antivenin est le seul traitement efficace. Il doit être administré par voie intraveineuse à l’hôpital. Les réactions allergiques à la morsure et à l’antivenin, quoique rares, sont des complications possibles.

Taxonomie du Crotale des prairies

Règne

Animalia

Embranchement

Chordata

Classes

Reptilia

Ordre

Squamata

Famille

Viperidae

Genre

Crotalus

Espèce

Crotalus viridis