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CS2F Grumman (de Havilland) Tracker

Le Tracker était un aéronef bimoteur à voilure fixe acquis par la Marine royale canadienne (MRC) en remplacement de l’Avenger de Grumman pour voler à partir de porte-avions à des fins de lutte anti-sous-marine (LAS). L’aéronef a été originalement mis au point pour la United States Navy (USN), mais une version canadienne a été construite sous licence par de Havilland Canada sous le nom de CS2F. Après l’unification des Forces armées canadiennes, l’avion a été renommé CP‑121; les Trackers ont été transférés au sol quand le porte-avion NCSM Bonaventure a été décommissionné. Les Trackers sont entrés en opération en 1959 et ont été retirés du service en 1989.

CS2F Grumman (de Havilland) Tracker

Tracker de Grumman (de Havilland)

Le S‑2 Tracker est mis au point au début des années 1950 par la United States Navy (USN) afin de fournir une protection anti-sous-marine en toutes conditions météo pour les flottes en mer au-delà de la portée des aéronefs de patrouille côtiers de longue portée (LRPA). La Grumman Aircraft Engineering Corporation fabrique plus de 1 200 aéronefs pour l’USN et pour l’exportation vers 13 marines alliées dans le monde. Un autre groupe de 99 aéronefs est fabriqué sous licence par de Havilland Canada à Downsview, en Ontario, sous le nom de version CS2F, pour la MRC. C’est le seul aéronef construit au Canada jamais commandé pour la MRC. Les ailes du Tracker se replient pour gagner de l’espace sur les porte-avions, et la version canadienne est plus courte de 18" pour convenir aux hangars plus petits des porte-avions canadiens.

Conception

La MRC commande le Tracker en même temps que l’Aviation royale du Canada (ARC) développe le Canadair CL-28 Argus LRPA, et les deux aéronefs comportent des armements et équipements de LAS en grande partie semblables. Parmi les principaux capteurs, on compte un radar de surface dans le nez, un puissant projecteur de recherche sous les ailes, un détecteur d’anomalies magnétiques (MAD) rétractable monté sur une flèche et un enregistreur de basse fréquence (LOFAR) « Jezebel » assurant le traitement des signaux de «  bruits » sous-marins relayés par des bouées acoustiques.

Bien que la charge utile du Tracker (2 200 kg) soit inférieure à celle de l’Argus (3 600 kg), il est équipé d’une soute à bombes interne et de points d’emports sous les ailes pour transporter une variété de bombes anti-sous-marines, de torpilles ou de bouées acoustiques. Après son transfert à des bases terrestres en 1970, le Tracker est équipé de missiles air-sol CRV‑7 mis au point par Bristol Canada. Son autonomie de neuf heures, bien que deux fois moindre que celle de l’Argus, est exceptionnelle pour un aéronef embarqué. Le Tracker possède un équipage de quatre personnes : un pilote, un copilote et deux opérateurs de capteurs de LAS.

HMCS Bonaventure

Service

Le premier aéronef construit au Canada prend son envol le 31 mai 1956. Bien que les qualifications de porte-avions commencent un an plus tard, après la mise en service du NCSM Bonaventure à l’été 1957, les CS2F Tracker ne sont pleinement opérationnels qu’en janvier 1959. Ils demeurent l’élément principal de l’escadre aérienne embarquée jusqu’à ce que le Bonaventure soit mis hors service en 1970, dans le cadre d’une mesure de réduction de coûts après l’unification des Forces armées canadiennes. Après le retrait de tous les capteurs de LAS et l’installation d’un nouvel équipement de radars et de communications, les Trackers sont résignés CP‑121 et transférés à des bases terrestres pour effectuer des patrouilles de souveraineté au large des côtes est et ouest. Ils sont retirés du service en 1989.

L’escadre aérienne du Bonaventure comprenant habituellement huit Tracker, le nombre d’aéronefs acquis dépasse les besoins de la LAS. Plusieurs aéronefs terminent leurs jours en tant que plateformes d’entraînement pour des équipes au sol, et plusieurs exemplaires sont toujours exposés à l’extérieur dans des bases aériennes. Des exemplaires en bonne condition sont conservés par le Musée de l’aviation du Canada à Ottawa et le Musée de l’aviation de Shearwater à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. Le Canadian Warplane Heritage Museum, à Hamilton, en Ontario, conserve un exemplaire en état de vol.