John Wesley Dafoe, journaliste et réformiste libéral (né le 8 mars 1866 à Combermere, Canada-Ouest; décédé le 9 janvier 1944 à Winnipeg, Manitoba). Rédacteur en chef du Manitoba Free Press, qui devient plus tard le Winnipeg Free Press, de 1901 jusqu’à sa mort, il est l’un des plus éminents journalistes de l’histoire canadienne, perpétuant la tradition du rédacteur en chef vu comme un homme public, telle qu’incarnée par Joseph Howe, William Lyon Mackenzie et d’autres. Conservateur de naissance et de formation, il en vient à adopter le libéralisme très tôt en début de carrière alors qu’il travaille pour différents journaux à Ottawa, Montréal et Winnipeg. Cet ardent promoteur de l’autonomie canadienne en matière de relations extérieures encourage également l’engagement du Canada dans les conférences et organisations internationales qui émergent dans la foulée de la Première Guerre mondiale. Il est au nombre des fondateurs de l’Institut canadien des affaires internationales (ICAI).
Éducation et carrière journalistique
Fils de Calvin Wesley Dafoe et de Mary Anne Elcome, il fait ses études secondaires à Arnprior, en Ontario, une petite ville en bordure de la rivière des Outaouais. À peine âgé d’une quinzaine d’années, il devient enseignant dans la communauté de Bark Lake. En 1883, il quitte cet emploi pour entrer au service du Montreal Star à titre de journaliste junior. L’année suivante, il devient correspondant parlementaire à Ottawa, puis en 1886, il passe au Ottawa Evening Journal dont il devient le premier rédacteur en chef. La même année, il s’installe à Winnipeg où il fait partie de la rédaction du Manitoba Free Press (1886-1892), pour ensuite devenir rédacteur en chef du Montreal Herald (1892-1895) et membre du comité de rédaction du Montreal Star (1895-1901). En 1901, Clifford Sifton, alors ministre de l’Intérieur et nouveau propriétaire du Manitoba Free Press depuis 1898, lui offre le poste d’éditeur en chef. Dafoe dirigera la rédaction de ce journal pendant plus d’une quarantaine d’années.
Grand admirateur de sir Wilfrid Laurier et de ses politiques, il perçoit le Parti libéral comme le meilleur moyen de parvenir au progrès social et à une plus grande autonomie nationale, mais il n’en devient pas un partisan servile. En 1917, il rompt toutefois avec Laurier sur la question de la Conscription. Il appuie sir Robert Borden pour son nationalisme et, plus tard pendant une courte période, le Parti progressiste pour ses préoccupations à l’endroit de l’agriculture. Centriste, il dénonce toujours les extrêmes de la droite et de la gauche, que représentent à ses yeux le Crédit social et la Fédération du Commonwealth coopératif (CCF).
Le Canada sur la scène internationale
Il participe à titre de représentant de la presse canadienne à la Conférence de paix de Paris en 1919 (voir Première Guerre mondiale et Traité de Versailles) et encourage le Canada à s’engager, à titre de membre indépendant, dans la Société des Nations. Au cours des années 1920, à l’occasion de différentes conférences impériales de la presse, il se fait le défenseur d’une plus grande autonomie du Dominion, notamment en ce qui a trait à sa politique étrangère; autonomie qui sera reconnue en 1931 par l’adoption par le Parlement britannique du Statut de Westminster.
Dans cette optique il fonde en compagnie de Borden, sir Arthur Currie et sir Joseph W. Flavelle, l’Institut canadien des affaires internationales (ICAI) en 1928. Cette organisation non gouvernementale et non partisane dont il est le président de 1936 à 1938 se consacre à la discussion et à l’analyse des affaires internationales. Elle vise à préparer les Canadiens à participer activement aux grandes conférences internationales telles que celles de l’Institute of Pacific Relations.
Prix et distinctions
Respecté pour ses prises de position autonomistes en matière de relations extérieures, il semble avoir tissé des liens importants avec le milieu universitaire et s’être distancé des nominations politiques partisanes. Il aurait d’ailleurs refusé d’être désigné sénateur, fait chevalier et même d’être nommé consul à Washington. En revanche, il est élu à la Société royale du Canada (1926) et est recteur de l’Université du Manitoba (de 1934 à 1944). En 1934, il est invité à donner une série de conférences à la prestigieuse Columbia University de New York sur l’idée de continentalisme; cette série est publiée en 1935 sous le titre Canada : An American Nation. De 1935 à 1941, Dafoe participe à la conférence biennale sur les relations canado-américaines organisée par le Carnegie Endowment for International Peace. On le trouve également comme membre de la Commission royale d’enquête sur les relations fédérales-provinciales (de 1937 à 1940) aux côtés de Newton Wesley Rowell, Joseph Sirois, Robert Alexander MacKay et Henry Forbes Angus. J. W. Dafoe a reçu des doctorats honorifiques des universités du Manitoba et Queen’s.
Héritage
Au cours de sa carrière, il a publié plusieurs ouvrages, dont deux biographies, l’une consacrée à Wilfrid Laurier (Laurier : A Study in Canadian Politics) en 1922 et l’autre au ministre Sifton (Clifford Sifton in Relation to His Time) en 1931. Il est également l’auteur de l’étude Over the Canadian Battlefields (1919). Une fondation créée à son nom administre une bourse destinée aux étudiants de deuxième cycle de l’Université du Manitoba ainsi qu’un prix du livre remis annuellement à l’auteur d’un ouvrage de non-fiction portant sur le Canada et la nation canadienne dans les affaires internationales. Johnw Wesley Dafoe est devenu un personnage d’importance historique en 1974 et une plaque en son honneur a été apposée par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada dans les bureaux du Winnipeg Free Press en 1976.
Il est aussi le fondateur d’une dynastie dans le domaine de la presse écrite : son fils Edwin a été le rédacteur en chef du Free Press, et deux de ses petits-fils ont été des journalistes importants, l’un (Christopher Dafoe) comme rédacteur en chef de The Beaver (aujourd’hui Histoire Canada) et l’autre (John Dafoe) au Globe and Mail.
Voir aussi Journalisme; Journaux