Enfance et éducation
La famille Peterson vit dans le quartier ouvrier de St-Henri, aussi appelé Petite Bourgogne. Le père, Daniel, porteur pour le Chemin de fer du Canadien Pacifiqueet musicien amateur, insiste pour que ses enfants, Fred, Daisy, Chuck, Oscar et May, apprennent à jouer du piano et d’un cuivre. Enseignant très sévère, il contrôle les progrès de sa progéniture, punissant de coups les erreurs qu’ils commettent. Heureusement, Daisy Peterson est une pianiste dévouée et précise.
Durant les années 1930, la maisonnée est happée par la tuberculose. La maladie emporte Fred à l’âge de 15 ans et force Daisy et Oscar à être hospitalisés. C’est à la suite de sa guérison qu’Oscar, trop faible pour continuer la trompette, son premier instrument, décide de se consacrer au piano sous les enseignements de sa sœur. Cette dernière obtient un diplôme en musique de l’Université McGill vers 1945, en plus d’étudier, quelques années plus tard, auprès de Paul de Marky, Karl Steiner (piano) et Phillips Motley (orgue). Elle finance ses leçons en travaillant comme domestique, riveuse dans une usine d’aviation durant la Deuxième Guerre mondiale et en enseignant le piano aux jeunes de son quartier.
Carrière d’enseignante
En plus de son frère Oscar, Daisy Peterson compte parmi ses élèves les pianistes jazz Oliver Jones, Joe Sealey, Reg Wilson et Ken Skinner. « Je déteste dire que j’ai enseigné à Oliver, déclare-t-elle un jour, parce que peu importe ce que je lui donnais à faire, il le réussissait sans problème. Il était tellement doué. C’était la même chose pour Oscar. » Daisy Peterson dit ainsi accorder plus d’importance à son travail avec ses élèves moins doués.
Certains, toutefois, ne sont pas de cet avis. Oscar insiste pour dire que sa sœur « m’a donné la seule chose qui m’a permis de poursuivre ma carrière : le dévouement. » Il la remercie également de l’avoir inscrit à une foule d’événements au début de sa carrière, comme des leçons avec Paul de Marky et une performance à l’émission de radio Ken Soble Amateur Hour. Daisy Peterson enseigne aussi la théorie musicale et la formation auditive à de nombreux élèves et a été membre de l’Association des professeurs de musique du Québec.
Oliver Jones, qui a étudié le piano et la théorie avec Daisy Peterson Sweeney de façon sporadique pendant 13 ans, se rappelait en 2012, lors d’un hommage à son ancienne professeure, qu’elle « m’a expliqué tout le travail, le dévouement et la discipline que ça prendrait… Tu m’as présenté les grands maîtres du monde et, éventuellement, tu m’as ouvert la voie vers un futur qu’un petit garçon noir et timide de Saint-Henri comme moi n’aurait jamais pu souhaiter connaître. »
Autres liens familiaux
La fille de Daisy Peterson Sweeney, Sylvia Sweeney, a été un membre clé de l’équipe de basketball féminin lors des Jeux olympiques d’été de 1976 et de 1984, et a connu une prolifique carrière comme journaliste à la télévision et productrice de documentaires. Elle a entre autres produit et réalisé In the Key of Oscar (1992), documentaire de l’Office national du film récompensé d’un Gemini portant sur son oncle célèbre, en plus d’être intronisée au Temple de la renommée du basketball canadien et au Temple de la renommée olympique du Canada.
Prix et patrimoine
Daisy Peterson Sweeney a chanté et joué de l’orgue dans deux églises montréalaises : la Union United Church et la St Jude’s Anglican. Elle a cofondé, avec Trevor Payne, le Black Community Youth Choir (1974-1981) de Montréal, chœur de la Union United Church qui, en 1982, devient le Montréal Jubilation Gospel Choir.
En 1987, elle reçoit un doctorat honorifique de l’Université Laurentienne. En 2005, les célébrations du 180e anniversaire du canal Lachine incluent une série de quatre concerts gospel en son honneur.
Une version de cet article a été publiée à l’origine dans l’Encyclopédie de la musique canadienne.