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Danielle Smith

Marlaina Danielle Smith, politicienne, journaliste, animatrice à la radio, lobbyiste, chef de l’opposition en Alberta (2012-2014), première ministre de l’Alberta (depuis 2022) (née le 1er avril 1971 à Calgary, en Alberta). Danielle Smith est première ministre de l’Alberta et chef du Parti conservateur uni (UCP) depuis octobre 2022. Elle a auparavant dirigé le Parti Wildrose, mais a fait défection pour se joindre aux progressistes-conservateurs en 2014. À l’extérieur de la scène de la politique, elle a travaillé comme journaliste, animatrice à la radio et lobbyiste pour diverses organisations favorables à l’entreprise.

Jeunesse

Danielle Smith naît et grandit à Calgary. Son père travaille pour l’entreprise de pneus Firestone. Sa mère travaille dans un petit restaurant local, puis à la Société canadienne des postes. (Tous les deux finissent par travailler dans le secteur pétrolier.) Pendant toute son enfance, Danielle Smith vit avec sa famille dans un logement subventionné. Deuxième de cinq enfants, la jeune fille s’occupe souvent de ses frères et sœurs plus jeunes.

Les parents de Danielle Smith sont d’allégeance politique conservatrice. Le père semonce un jour l’un des enseignants de l’école intermédiaire que fréquente sa fille parce qu’il parle avec tolérance de communisme en classe. Danielle Smith raconte plus tard que ses convictions politiques libertariennes « émanent en grande partie d’une méfiance totale à l’égard du socialisme que mon arrière-grand-père a fui ». (Elle affirme que son arrière-grand-père vivait en Ukraine jusqu’à l’époque de la Première Guerre mondiale. Cependant, des documents indiquent qu’il vivait en Autriche-Hongrie et qu’il a émigré au Canada en 1913, soit bien avant que la Révolution russe n’y introduise le socialisme.)

Éducation et début de carrière

En 1988, Danielle Smith s’inscrit à l’Université de Calgary, où elle se spécialise en anglais. Après l’obtention de son diplôme en 1993, elle déménage à Vancouver. Elle travaille dans un restaurant et tente d’entreprendre une carrière d’actrice de cinéma et de télévision. Deux ans plus tard, elle retourne à l’université de Calgary. Elle obtient un deuxième baccalauréat en sciences économiques et, sous le mentorat du professeur de science politique Tom Flanagan, se tourne davantage vers une vision politique conservatrice.

À la fin de ses études en 1997, Danielle Smith entreprend un stage à la Fraser Institute. Elle collabore à des rapports qui critiquent les médias et les mouvements sociaux pour leur diffusion de « renseignements erronés alarmistes » sur l’environnement et le changement climatique. Elle devient ensuite directrice générale du Canadian Property Rights Research Institute, un organisme qui promeut le droit privé de propriété et qui s’oppose aux lois sur les espèces en péril et aux règlements municipaux antitabac. Danielle Smith établit également des liens au sein du Parti réformiste à cette époque.

Conseillère scolaire, journaliste et lobbyiste

En 1998, Danielle Smith fait une première incursion en politique électorale en étant élue au Conseil scolaire de Calgary. (Voir aussi Commission scolaire; Conseiller scolaire.) Elle y plaide en faveur de l’augmentation des droits de scolarité et de la fermeture d’écoles, une position qui la met en conflit avec les membres progressistes du conseil. Onze mois plus tard, le ministre de l’Éducation de l’Alberta dissout le conseil devenu dysfonctionnel.

Peu après, Danielle Smith est embauchée comme éditorialiste et chroniqueuse au Calgary Herald. Elle occupe ce poste jusqu’en 2006, tout en occupant d’autres fonctions dans les médias. En 2002, elle commence à animer une émission-débat hebdomadaire d’une demi-heure sur les actualités à Global Television. En 2005, elle passe à une émission de CKMX Radio qui traite de droits de propriété et de santé.

En 2006, Danielle Smith délaisse le journalisme pour devenir lobbyiste, d’abord au sein de l’Alberta Property Rights Initiative, puis de la Canadian Federation of Independent Business. Elle exerce des pressions sur les gouvernements fédéral et provincial afin qu’il adopte des politiques favorables à l’entreprise.

Direction du Parti Wildrose (2009-2014)

Le soutien de longue date qu’accorde Danielle Smith aux progressistes-conservateurs albertains commence à s’effriter en 2008. Dans le contexte de la récession mondiale de 2008-2009, le premier ministre Ed Stelmach revient sur l’engagement du parti à défendre le conservatisme fiscal et enregistre un déficit budgétaire. En 2008, le Parti Wildrose tient sa première élection générale. Il obtient 7 % des suffrages, mais aucun siège. Son chef, Paul Hinman (qui remporte ensuite un siège lors d’une élection partielle), se retire plus tard. Des membres du parti contactent Danielle Smith et la persuadent de se présenter à la direction du parti. Plus connue du grand public que ses rivaux, elle remporte la course à la direction du Parti Wildrose en octobre 2009.

Les compétences médiatiques de Danielle Smith et à sa capacité à formuler ses positions politiques s’opposent de façon marquée à l’approche plus discrète d’Ed Stelmach en matière de relations publiques. Bien qu’elle n’obtienne pas de siège à l’Assemblée législative de l’Alberta, et qu’elle fasse l’objet de plaintes d’autoritarisme et d’intimidation, Danielle Smith exerce une influence considérable sur la politique provinciale au cours des années suivantes. Elle persuade notamment trois députés progressistes-conservateurs de se joindre au Parti Wildrose, attirant ainsi l’attention de la presse.

Jusqu’à l’élection provinciale suivante du 23 avril 2012, le Parti Wildrose semble avoir de bonnes chances de renverser le gouvernement conservateur, une première depuis l’accession de ce dernier au pouvoir en 1971. Le parti ne répond cependant pas aux attentes, n’obtenant que 17 des 87 sièges, alors que les conservateurs en obtiennent 61. Selon certains observateurs, le parti fait piètre figure parce que Danielle Smith appuie deux candidats ayant fait des déclarations homophobes et racistes, notamment en écrivant que les gais et lesbiennes se retrouveraient dans un « lac de flammes » éternel s’ils ne changeaient pas d’orientation sexuelle, une déclaration que Danielle Smith refuse de dénoncer.

Chef de l’opposition (2012-2014)

Deux ans après son entrée en fonction comme chef de l’opposition, Danielle Smith subit une autre série de revers. Les progressistes-conservateurs, alors dirigés par Jim Prentice, remportent quatre élections partielles en octobre de cette année-là. De plus, lors de l’assemblée générale annuelle du Parti Wildrose, les membres du parti rejettent une résolution anti-discrimination appuyée par Danielle Smith.

En novembre 2014, alors que le leadership de Danielle Smith vacille, deux députés du Parti Wildrose font défection pour rejoindre les progressistes-conservateurs et un autre quitte le caucus du parti pour siéger comme député indépendant. Danielle Smith exprime publiquement sa colère et jure qu’il n’y aura « plus de changement de camp » dans son caucus. Pourtant, un mois plus tard, elle déserte elle-même son propre parti, emmenant huit autres députés de Wildrose. Lors d’interviews, elle admet que ses discussions sur son adhésion au Parti conservateur étaient en fait en cours depuis des mois. Cette décision laisse le Parti Wildrose avec seulement cinq sièges à l’Assemblée législative. Danielle Smith est prise à partie par de nombreux sympathisants de Wildrose. Elle échoue dans sa tentative de remporter l’investiture comme candidate progressiste-conservatrice dans la circonscription de Highwood. Elle qualifie par la suite sa décision de faire défection de « très, très naïve ».

Danielle Smith reprend rapidement son travail dans les médias, animant une émission-débat de trois heures en semaine sur CHQR. En 2021, elle accepte un nouveau poste de présidente de l’Alberta Enterprise Group, emploi qu’elle occupe pendant environ un an.

Première ministre de l’Alberta (depuis 2022)

Les élections de 2015 en Alberta portent le NPD de Rachel Notley au pouvoir. En juillet 2017, le PC et le Parti Wildrose fusionnent pour former le Parti conservateur uni, qui élit Jason Kenney à sa tête en octobre 2017. Les élections d’avril 2019 portent le PCU au pouvoir. Mais en mai 2022, après un grand tumulte pendant la pandémie de COVID-19, Jason Kenney démissionne de son poste de premier ministre.

Danielle Smith se lance dans la course à la succession de Jason Kenney en tant que chef du PCU et première ministre. Lorsque les membres du parti votent au début du mois d’octobre, Danielle Smith l’emporte avec 53,8 % des voix au sixième tour de scrutin. Elle est assermentée en tant que première ministre le 11 octobre, mais n’a toujours pas de siège à l’Assemblée législative. Plus tard ce mois-là, un député du PCU démissionne et Danielle Smith remporte l’élection partielle pour ce siège en novembre 2022.

En tant que première ministre, Danielle Smith entend donner la priorité à son projet législatif phare, l’Alberta Sovereignty Act (loi sur la souveraineté de l’Alberta). Cette loi vise à créer un moyen pour l’Alberta de refuser de façon sélective de se conformer aux lois fédérales. Le projet s’inspire d’un document intitulé « Free Alberta Strategy », publié par l’Alberta Institute, un groupe de réflexion libertarien. Selon cette stratégie, l’Alberta se soustrait à la taxe sur le carbone du gouvernement fédéral, expulse la GRC et met fin aux paiements de péréquation à Ottawa, se retire des programmes fédéraux comme le Régime de pensions du Canada et l’assurance-emploi et revendique la compétence sur les accords commerciaux et sur la magistrature de l’Alberta.

Le gouvernement conservateur uni adopte l’Alberta Sovereignty Within a United Canada Act en décembre 2022, moins de deux mois après le début du mandat de la première ministre Smith. La loi ne met pas en œuvre les changements radicaux approuvés par l’Alberta Institute. Elle ouvre néanmoins une voie à un mécanisme permettant à l’Alberta de refuser de se conformer aux lois fédérales. De nombreux juristes la considèrent comme inconstitutionnelle.

Danielle Smith et le PCU sont réélus en mai 2023. Mais la prédominance du parti à l’Assemblée législative, qui compte 87 sièges, passe de 63 à 49 sièges. En juin 2024, l’ancien de maire de Calgary, Naheed Nenshi, succède à Rachel Notley en tant que chef du NPD de l’Alberta. Les prochaines élections provinciales de l’Alberta sont prévues au plus tard le 18 octobre 2027.

Controverses

Danielle Smith est critiquée pour avoir faussement affirmé, à différentes étapes de sa carrière, être de descendance Cherokee, que l’ivermectine, un vermifuge pour chevaux, peut servir à traiter la COVID-19 et que l’hydroxychloroquine, un antipaludéen, peut la guérir et qu’« une consommation modérée de cigarettes peut réduire les risques traditionnels de maladie de 75 % ».

Au début de 2022, Danielle Smith manifeste son appui aux actions militantes entreprises par le « convoi de la liberté » à destination d’Ottawa et au barrage du poste frontalier de Coutts, en Alberta. Lors de sa première conférence de presse à la suite de son assermentation comme première ministre le 11 octobre 2022, Danielle Smith affirme que les non-vaccinés forment « le groupe le plus discriminé dont j’ai été témoin au cours de ma vie ». Une fois en fonction, Danielle Smith aurait exercé des pressions sur son ministre de la Justice pour qu’on fasse preuve de clémence dans le procès de l’un des manifestants au poste frontalier de Coutts, qui faisait face à des accusations de méfait criminel. Le commissaire à l’éthique de l’Alberta conclut par la suite que le comportement de la première ministre enfreint la Loi sur les conflits d’intérêts.

(Voir aussi Politique en Alberta.)

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