Contexte
Le PC règne à l’Assemblée législative d’Alberta continuellement de 1971 à 2015, ce qui en fait le gouvernement le plus durable de l’histoire du Canada (voir Gouvernement provincial).
Avec le déclin graduel du Crédit social après 1982, l’opposition officielle se retrouve successivement entre les mains du NPD et du Parti libéral. Pendant plusieurs années, le PC ne connaît aucune concurrence sérieuse de la droite politique. Cependant, à partir des années 1990, un mouvement conservateur de l’Ouest, mené au niveau fédéral par le Parti réformiste du Canada, ravive la droite. De nouveaux partis provinciaux sont créés : d’abord Alberta First, en 1999, puis l’éphémère Alberta Independence Party en 2001. Ils sont suivis en 2002 par l’Alberta Alliance Party, qui se modèle sur l’Alliance canadienne, fiscalement conservatrice, elle-même une nouvelle mouture du Parti réformiste du Canada.
En 2007, le Parti Wildrose d’Alberta fait son apparition, avec un agenda de conservatisme fervent aux plans fiscal et social. Son programme initial prévoit le retrait du Régime de pensions du Canada et l’abolition des primes d’assurance maladie provinciales (voir Politique sur la santé). Le parti considère également la famille traditionnelle comme une « pierre angulaire de la civilisation » et cherche à éliminer le financement public pour l’avortement non thérapeutique. (Le parti abandonnera ultérieurement cette position sur l’avortement.)
L’année suivante, le parti Wildrose et l’Alberta Alliance Party fusionnent pour devenir le Wildrose Alliance Party of Alberta (plus communément appelé parti Wildrose).
Lors de la campagne électorale de 2012, le Wildrose devient une sérieuse menace pour le PC, certains sondages indiquant qu’il pourrait former le prochain gouvernement. Finalement, le PC conserve sa majorité à la Législature, mais le Wildrose, alors dirigé par Danielle Smith, remplace le Parti libéral à l’opposition officielle.
Ce résultat déçoit les partisans du Wildrose et ses représentants. Certains remettent en question la viabilité du parti Wildrose lorsque l’ancien membre du cabinet, Jim Prentice, prend le contrôle du gouvernement en septembre 2014. Durant les mois suivants, plusieurs députés du Wildrose, dont Danielle Smith, rejoignent la majorité conservatrice.
En 2015, toutefois, le gouvernement de Jim Prentice perd du terrain dans les sondages, en grande partie en raison des contraintes financières drastiques auxquelles il est confronté à cause de la baisse soudaine du prix du pétrole (voir Industrie pétrolière). Le NPD, dirigé par Rachel Notley, prend le pouvoir en mai de la même année, mettant un terme à 44 ans de règne conservateur.
Formation
Le PC et le Wildrose se retrouvant tous deux dans l’opposition, plusieurs agents politiques considèrent l’idée d’une fusion. Durant l’été 2016, Jason Kenney, un ancien ministre du cabinet du gouvernement de Stephen Harper (2006-1015), annonce son intention de revenir en Alberta pour réaliser la fusion. Jason Kenney se présente à la chefferie du PC avec un programme d’« unification de la droite », préconisant une fusion du Wildrose et du PC pour faire face à la majorité du NPD. En mai 2017, il remporte la course au leadership et entre en négociations avec le chef du Wildrose, Brian Jean, en vue de former un Parti conservateur uni.
Le 22 juillet 2017, les membres des deux partis ratifient la fusion, avec 95 % de votes favorables. Dès sa création, l’UCP forme l’opposition officielle, détenant 25 des 87 sièges de l’Assemblée législative.
En octobre, Jason Kenney bat Brian Jean à la chefferie de l’UCP, obtenant 61 % des votes.
L’UCP tient son premier congrès annuel à Red Deer en mai 2018, où les membres élisent les responsables du parti et le comité de direction.
Des sondages réalisés à la fin d’avril 2018 montrent un fort soutien pour le nouveau parti, entre 48 % et 53 % des électeurs décidés prévoyant voter pour l’UCP lors de la prochaine élection provinciale, contre 29 % à 35 % pour le NDP.
Programme
L’énoncé de principes du parti défend des valeurs conservatrices, dont la libre entreprise, le gouvernement limité, les budgets équilibrés et une famille forte.
Sur le plan économique, le parti soutient qu’il fera de la croissance de l’emploi sa priorité et s’aligne étroitement avec l’industrie des sables bitumineux de la province. Le gouvernement Notley a aussi défendu vigoureusement l’industrie, particulièrement en militant pour l’expansion des oléoducs, mais a imposé une taxe sur le carbone de 30 $ par tonne d’émissions de CO2. En mars 2018, Jason Kenney s’engage à annuler la taxe et soutient que son gouvernement se battra plus agressivement pour l’expansion des oléoducs. En mai, le chef de l’UCP se dit favorable à une taxe sur le carbone pour les principaux émetteurs de CO2, comme les centrales électriques et l’industrie des sables bitumineux.
Jason Kenney s’engage aussi par écrit devant la Canadian Taxpayers Federation à équilibrer le budget de la province à l’intérieur d’un premier mandat.
Controverse
Jason Kenney s’attire des critiques pour un commentaire qu’il lance peu après son élection à la tête de l’UCP au sujet de la loi 10, qui exige que toutes les commissions scolaires permettent aux étudiants de fonder des alliances homosexuelles-hétérosexuelles. Jason Kenny affirme qu’il n’abrogerait pas la loi 10, mais insinue que les écoles devraient prévenir les parents quand leurs enfants y participent : « Je ne crois pas qu’il est bon de garder les parents dans le secret concernant les difficultés que leurs enfants rencontrent. »
Lorsque les défenseurs de la communauté LGBT se disent outrés que son parti puisse encourager les écoles à révéler l’identité sexuelle des étudiants à leurs parents, Jason Kenney publie une nouvelle déclaration : « Certains affirment faussement que je veux forcer les écoles à “moucharder” les enfants à leurs parents. Ce n’est tout simplement pas vrai. »
La controverse n’en demeure pas moins vive. À l’automne 2017, le gouvernement Notley vote une loi interdisant aux écoles d’informer les parents que leur enfant s’est joint à une alliance homosexuelle-hétérosexuelle (voir Droits des lesbiennes, des gais, des bisexuels et des transgenres au Canada). Les membres de l’UCP désavouent ouvertement la loi du NPD dans leur première assemblée générale, votant une résolution en faveur de la divulgation. Questionné sur la résolution, Jason Kenney en minimise l’importance, affirmant que cela n’engage pas le parti à modifier la loi existante.
Élections de 2019
Durant la campagne électorale de 2019, l’UCP, menée par Jason Kenney, détient une forte avance contre la première ministre Rachel Notley et le NPD. Les électeurs sondés semblent croire que l’UCP est plus susceptible de mener à terme les projets d’oléoducs et de résoudre les problèmes économiques dans la province. Le programme du parti se concentre sur la réduction des dépenses et de l’impôt, y compris l’élimination de la taxe sur le carbone (voir Tarification du carbone au Canada) et une baisse de l’imposition des sociétés de 12 à 8 %. Dans le cadre d’une campagne plutôt amère, le NPD avertit le public que l’UCP ne protégera pas les droits des minorités et de la communauté LGBTABI, citant notamment la démission ou l’expulsion de nombreux travailleurs de campagne en raison de commentaires homophobes ou islamophobes. L’approche, ultimement, ne porte pas fruit. Le 16 avril 2019, Jason Kenney et l’UCP forment un gouvernement majoritaire, battant Rachel Notley et le NPD, qui deviennent l’Opposition officielle.