Les danses qui accompagnent les pow-wow se veulent un hommage spectaculaire à la spiritualité, à l’histoire et à la culture autochtones. Les danses régionales varient grandement selon qu’elles sont exécutées par des hommes ou des femmes, et selon la région d’Amérique du Nord. Pour tous les danseurs, le centre spirituel du pow-wow est toujours le Cercle, soit une zone vénérée bénie par un chef spirituel ( voir Chaman ; Autochtones : religion). Les danseurs ne peuvent pénétrer dans le Cercle qu’à partir de l’est, en marchant en direction du soleil. En outre, les danses de pow-wow, la musique des tambours, les chants et l’ornementation sont tous des éléments sacrés de la célébration, conçus non seulement pour divertir, mais également pour raconter d’importants récits sur l’histoire personnelle et culturelle autochtone ( voir Musique de pow-wow; Chanteurs de pow-wow).
Variations régionales
Bien que l’on attribue l’origine des pow-wow aux peuples autochtones des Plaines, les échanges interculturels ont donné lieu à plusieurs variations régionales dans les danses de pow-wow (voir Histoire des pow-wow). Les styles nordiques (provenant du nord des Grands Lacs et des Grandes Plaines) les mieux connus comprennent des danses traditionnelles nordiques exécutées par des hommes et des femmes. Les styles méridionaux (provenant des régions du centre et du sud de l’Oklahoma et des peuples des Plaines du Sud, dont les Kiowas, les Comanches, les Pawnee et les Poncas), comprennent la Southern Straight Dance (hommes) et la Southern Cloth Dance (femmes). Certaines danses, c’est-à-dire les danses libres des hommes et des femmes, la danse des clochettes des femmes et la danse des herbes sacréesdes hommes, sont moins liées à un lieu géographique précis de nos jours, parce qu’elles ont été adaptées de différentes façons par les communautés du Nord et du Sud.
Certaines danses sont quant à elles propres à certaines Premières Nations, commémorent certains événements ou rendent hommage à des éléments de la nature. Par exemple, la Chicken Dance (Plaines du Nord), le saut du corbeau (Corbeaux du Montana) et la Rabbit Dance (Sioux) sont des danses régionales inspirées d’observations de la nature et des animaux. La Sneak-Up Dance (Plaines) et la Smoke Dance (Haudenosaunee) sont des danses de guerre. La danse du cerceau (Anishinaabe) intègre de 1 à 30 cerceaux à une chorégraphie racontant une histoire. Il existe de nombreux autres types de danses cérémonielles et régionales exécutées par les membres des Premières Nations lors d’un pow-wow.
La plupart des danses de pow-wow sont exécutées individuellement. Toutefois, il existe également des danses de couple, comme la Owl Dance (Plaines du Nord). Les danses de l’amitié ou les danses rondes (Anishinaabe et Plaines du Nord), sont des danses intertribales ouvertes au public, permettant aux Autochtones et aux non-Autochtones de célébrer ensemble au son de la musique et des chants. Au cours d’une danse ronde, tous les participants se donnent la main, formant un cercle autour de l’aire de danse, face au centre du cercle.
Il arrive que des danseurs métis (avec leur gigue métisse traditionnelle), inuits et de nations autochtones situées à l’extérieur du Canada et des États-Unis – comme le Mexique, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, entre autres –, soient invités à interpréter leurs danses à l’occasion d’un pow-wow régional. C’est ainsi que les pow-wow servent parfois d’occasions d’échange culturel.
Catégories de danses
On peut définir les pow-wow comme étant traditionnels ou compétitifs. Les pow-wow traditionnels se tiennent dans les communautés locales, sans compétitions de danse ou de tambour de groupe. Les pow-wow compétitifs, eux, prévoient différentes catégories de danses pour les femmes, les hommes et les enfants. Les danseurs qui obtiennent les meilleurs résultats dans leur catégorie reçoivent des récompenses ou des prix en argent.
Dans les pow-wow compétitifs, les catégories de danses peuvent être propres à un sexe ou un âge particuliers. Par exemple, la danse des clochettes est généralement destinée aux femmes, tandis que la Smoke Dance (danse de la fumée) est traditionnellement exécutée par les hommes. Cependant, avec le nouveau souffle que connaissent les traditions de bispiritualité et avec la progression des mouvements pour les droits des femmes au XXe siècle, certains organisateurs de pow-wow, de même que certaines Premières Nations, permettent aux danseurs du sexe opposé de participer à des danses traditionnellement réservées aux hommes ou aux femmes. La plupart des danses sont également classées par groupe d’âge : adultes, adolescents et jeunes et « bouts de chou » (enfants). Le panel de juges chargé d’évaluer les danses compétitives attribue des notes aux danseurs selon la catégorie, en tenant compte également de l’ornementation des habits et de la qualité des mouvements de danse.
Regalia
Les danseurs de pow-wow portent une ornementation appropriée pour la catégorie de danse en question. Cela comprend non seulement la robe ou l'habit, mais aussi les accessoires, tels que les mocassins, les éventails en plumes d’aigle, les houppes (une coiffure masculine), les bijoux et le maquillage. L’ornementation, unique à chaque danseur, revêt un caractère sacré. Elle ne doit donc pas être interprétée comme un « costume de théâtre ». Les vêtements et accessoires de pow-wow sont créés avec beaucoup de soin et d’attention et ont une signification profonde et spirituelle pour le danseur.
L’ornementation se compose de divers matériaux. Certains habits comprennent des ouvrages de perles élaborés (souvent cousus par un membre de la famille ou un ami), tandis que d’autres sont agrémentés de rubans, de matériaux brillants ou d’éléments traditionnels, comme les piquants de porc-épic. L’ornementation se compose souvent de coton, bien que l’on utilise à l’occasion des matériaux plus traditionnels comme la peau de daim. Les habits sont d’une grande beauté; toutefois, selon l’étiquette des pow-wow, les spectateurs ne doivent pas toucher ou photographier les habits des danseurs sans leur permission.
Les danseurs doivent s’assurer que leur ornementation est bien en place avant le début de la danse. Si un danseur perd une pièce d’ornementation pendant la prestation, il pourrait se voir disqualifié de la compétition. Cela pourrait également être perçu par certains comme une grave offense culturelle et spirituelle, surtout si une plume d’aigle venait à tomber sur le sol. En effet, de nombreuses Premières Nations considèrent les plumes d’aigle comme un lien vers le Créateur et, à ce titre, leur vouent un grand respect. Dans un tel cas, on interromprait la danse jusqu’à ce que la plume soit ramassée.
Styles de danse populaires
Les styles de danse de pow-wow les mieux connus et les plus répandus dans les régions canadiennes des Plaines canadiennes et des Grands Lacs sont les danses nordiques, dont la danse traditionnelle, la danse des herbes sacrées et la danse libre des hommes, et la danse traditionnelle, la danse des clochetteset la danse libre du châledes femmes. Il existe certaines variations régionales de ces danses d’un bout à l’autre du Canada, créées au gré de l’évolution des styles de danse de pow-wow et de leur adoption par différentes communautés autochtones.
Danse traditionnelle nordique des hommes
Origines
Les danses traditionnelles des hommes varient d’une nation, d’une région et d’une bande autochtone à l’autre, bien que la plupart d’entre elles trouvent leur origine dans des traditions plus anciennes et bien ancrées dans la culture des peuples autochtones des Plaines du Nord.
La danse traditionnelle des hommes autochtones, celle qui est exécutée depuis le plus longtemps dans les pow-wow compétitifs, est aussi celle qui est le plus étroitement liée aux danses des sociétés de guerriers du XIXe siècle; c’est notamment le cas de la danse Omaha et la danse des herbes sacrées. Ces danses de guerre dérivent de formes antérieures de la danse exécutée avant la création des réserves. De retour au village après une bataille, les guerriers reconstituaient parfois le conflit au moyen de mouvements de danse pour les femmes, les enfants et les aînés de leur communauté. De façon similaire, les chasseurs reconstituaient leurs meilleures prises, imitant les chevaux, les buffles ou les oiseaux dans leurs danses. Après plusieurs siècles de partage d’une génération à l’autre, la musique et les danses de pow-wow se sont graduellement uniformisées.
Ornementation
Les habits portés lors des danses masculines traditionnelles constituent une expression personnelle de créativité et de talent artistique. La couleur et les motifs utilisés dans chacun des habits peuvent représenter la famille, le clan ou le nom tribal du danseur. Ce style dérive des sociétés de guerriers et de chasseurs du XIXe siècle; on dit qu’il représente les différents animaux observés pendant la chasse. Les danseurs portent une tournure d'habit circulaire (bustle en anglais) faite de plumes d’aigle, représentant les différents cycles de la terre nourricière et l’unité de toutes les choses. L’aigle vole aux altitudes les plus élevées, portant les prières des hommes vers les cieux; c’est pourquoi ses plumes sont sacrées. Selon la tradition, des plumes d’aigle sont décernées pour les actes de bravoure ou autres réalisations. Certains danseurs portent des objets traditionnels qui représentent leur statut de guerriers et de chasseurs, ou dans les temps modernes, leur statut d’anciens combattants dans des conflits internationaux étrangers.
Mouvements de danse
Les pas de danse de la danse traditionnelle des hommes sont généralement près du sol et plus discrets que ceux des autres danses des pow-wow compétitifs. Les mouvements des danseurs imitent ceux des oiseaux et d’autres animaux bien connus des chasseurs, démontrant au passage comment piéger certaines créatures. D’autres traditions disent que la capacité de danser est un don du Créateur enseigné aux peuples autochtones par les créatures du monde, surtout les animaux à quatre pattes. Les mouvements de danse s’inspirent des prouesses des guerriers et des chasseurs. Les danseurs avancent lentement, frappant le sol de leurs pieds et balançant le corps en imitant les mouvements des animaux. Une version plus moderne de la danse simule l’évitement de balles de fusil; ce style est vraisemblablement apparu au retour des anciens combattants qui ont pris part aux conflits du début du XXe siècle.
Danse libre des hommes
Origines
La danse libre des hommes est un ajout relativement nouveau aux pow-wow compétitifs. On croit que cette danse est née de spectacles ambulants du Far West présentés par des hommes comme Buffalo Bill Cody. De tels spectacles font le tour du pays, divertissant des auditoires urbains comme ruraux. Les danses traditionnelles, déjà fort appréciées des spectateurs, se voient rehaussées d’une touche toute spéciale grâce à des hommes comme Cody. Il en résulte un style de danse plus exubérant qui, depuis les années 1960, constitue le clou du spectacle dans de nombreux pow-wow compétitifs.
Selon certains autres, cette danse serait apparue au retour d’Europe des soldats autochtones après la Deuxième Guerre mondiale. D’autres encore soutiennent que les anciens combattants, ébahis devant les pas de danse des troupes envoyées en Europe pour divertir les soldats stationnés là-bas, ont été inspirés par les habits colorés des danseurs. Les danseurs autochtones auraient ainsi voulu, eux aussi, porter une ornementation plus colorée et exécuter des mouvements plus complexes. Enfin, selon certains, l’évolution des mouvements pour les droits des Autochtones et le caractère de plus en plus inclusif des pow-wow après la Deuxième Guerre mondiale auraient incité les danseurs à faire de la danse libre une danse plus élaborée et colorée.
Ornementation
L’ornementation des habits de danse libre est souvent multicolore et comprend des ouvrages de perles complexes et d’autres décorations dérivées de styles traditionnels. Elle se compose de deux grandes tournures de, l’une reposant sur le bas du dos, et l’autre sur les épaules. Les danseurs portent aussi souvent une houppe ornée de plumes d’aigle, ainsi que des mocassins. Certains danseurs attachent des clochettes et des décorations rotatives (plumes d’aigle) à leur ornementation, rehaussant encore plus l’aspect physique de leur danse.
Mouvements de danse
Les pas de danse de la danse libre des hommes sont plus énergiques que ceux des danses traditionnelles et incorporent une grande variété de mouvements créatifs comme des culbutes, des grandes roues et des grands écarts pour impressionner les juges de la compétition. Sauf peut-être en ce qui concerne l’exigence principale, pour les danseurs, de suivre le rythme du tambour, la danse libre s’exécute de manière relativement libre; en général, ce sont les plus jeunes membres du pow-wow compétitif qui la choisissent. Cette danse est, à de nombreux égards, une épreuve d’endurance et de force physique.
Danse des herbes sacrées des hommes
Origines
On dit que la danse des herbes sacrées, originaire des Prairies du Nord, est une danse guerrière. Certains croient que les Omahas et les Dakotas auraient établi des sociétés de danse des herbes sacrées dans les années 1800, sociétés uniquement accessibles aux guerriers les plus accomplis. Ce sont les brins d’herbe tressés dans la ceinture de nombreux hommes se présentant aux danses sociales qui auraient donné à la danse le nom de danse des herbes sacrées. Cette danse masculine s’inspire des bénédictions et du défrichage que les jeunes hommes autochtones doivent réaliser en guise de préparation d’un site pour une cérémonie ou l’établissement d’un nouveau village.
Certains avancent que la danse des herbes sacrées est une danse médicinale ou de guérison. On dit qu’un chaman aurait conseillé à un jeune garçon ayant perdu l’usage de ses jambes d’aller chercher force, inspiration et guérison dans l’environnement des Prairies. En imitant le frémissement de l’herbe des prairies et en ne faisant qu’un avec la nature, le garçon aurait recommencé à marcher. Certaines versions de cette histoire veulent que le garçon ait reçu des informations sur cette danse sous forme de vision.
Ornementation
Les danseurs qui exécutent la danse des herbes sacrées portent de longs habits colorés souples dotés de franges, tenues qui les distinguent des autres danseurs du pow-wow. Ils portent généralement de lourdes cloches, des houppes faites de piquants de porc-épic, des jambières et un pagne. Ils portent également des bandeaux ornés de perles, des colliers, de larges ceintures et des mocassins.
Mouvements de danse
Les mouvements du danseur de la danse des herbes sacrées sont uniformes et gracieux, imitant le frémissement de l’herbe longue des Prairies au gré du vent. Certains prétendent que la danse imite aussi le vol de l’aigle, avec chaque montée, chute et rotation du corps. Les danseurs bougent les mains de haut en bas, suivant le rythme du tambour afin de maintenir leurs plumes en mouvement, car c’est là une preuve de leur agilité.
Dans cette danse, chaque mouvement effectué du pied gauche ou droit doit être répété sur l’autre pied. Cet exercice d’équilibre délibéré représente l’équilibre retrouvé dans la nature et dans la vie. Certains danseurs y vont toutefois de faux pas de danse qui font croire à une perte d’équilibre. Par exemple, certains se mettent à danser plus rapidement en changeant de direction.
Les hommes ajoutent à leurs pas de danse des mouvements de la tête et des bras, agitant les épaules et balançant le torse d’un côté à l’autre. C’est là un élément distinctif de la danse des herbes sacrées : les danseurs démontrent leurs habiletés grâce à leurs mouvements corporels. Les mouvements contrôlés et complexes de la danse des herbes sacrées exigent des danseurs une grande force et une bonne forme physique. Les pas de danse sont plus sophistiqués que ceux des danses traditionnelles, quoique moins extravagants que ceux de la danse libre.
Danse traditionnelle nordique des femmes
Origines
Avant la Première Guerre mondiale, les femmes sont rarement autorisées à danser parmi les hommes lors des pow-wow compétitifs. Traditionnellement, les filles et les femmes dansent en périphérie du cercle de danse. La danse traditionnelle des femmes dérive des premières danses exécutées par les femmes autochtones. Après la Deuxième Guerre mondiale, alors qu’un nombre croissant de femmes sont appelées à soutenir les services auxiliaires des forces armées, celles-ci ne tardent pas à se voir accorder le privilège de danser dans les pow-wow compétitifs. C’est leur nouveau statut de guerrières, de même que le mouvement en faveur de pow-wow plus inclusifs et de la reconnaissance des droits des Autochtones, qui favoriseront un tel changement.
Ornementation
L’ornementation des habits de la danse traditionnelle des femmes présente une plus grande variété que tout autre type de danse féminin. La tenue classique se compose d’une robe pleine longueur ou d’une combinaison jupe-chemise tombant à au moins quelques pouces au-dessous des genoux. Les vêtements sont habituellement faits de peau de daim ou d’étoffe du commerce, dans bien des cas rehaussés d’ouvrages de perles complexes et de jambières agencées. Les robes sont également décorées de rubans, de dents de wapiti et de coquillages divers. Les bijoux sont faits de matériaux similaires, souvent à base d’os et de coquillages. Certaines danseuses portent un châle sur leurs épaules, tandis que d’autres portent des éventails de plumes d’aigle qu’elles élèvent gracieusement pendant leur prestation, en signe de respect.
Mouvements de danse
Contrairement à la danse traditionnelle des hommes, la version des femmes est relativement nouvelle; ses pas sont modestes et sans prétention. Les mouvements sont ceux d’une marche élégante, avec seulement quelques pas vers l’avant dans le cercle de danse et des mouvements de pieds très subtils. Certaines traditions prétendent que cette danse lente autour du cercle symbolise l’attente des femmes au village, alors que leurs époux sont au combat. Au cours d’une danse traditionnelle des femmes, les pieds des danseuses ne doivent jamais quitter complètement le sol. Cela symbolise le lien inhérent entre les femmes et la terre nourricière. Surtout, la frange au bas de l'habit doit être en mouvement constant et décrire de larges arcs. À certains moments pendant les chansons, les danseuses entendront des paroles qui revêtent une signification particulière pour elles. Elles peuvent souligner ces mots spéciaux en élevant leurs éventails.
Danse libre du châle des femmes
Origines
La danse libre du châle des femmes constitue le plus récent ajout aux danses de pow-wow compétitifs. Ce type de danse serait apparu au début du XXe siècle dans la région des Plaines du Nord, en tant qu’équivalent à la danse libre des hommes. Au début des années 1900, les robes traditionnelles des peuples autochtones, faites de peaux d’animaux, sont graduellement remplacées par des châles qui sont souvent cousus par les femmes elles-mêmes. Dans les années 1930, les jeunes femmes autochtones mettent ces châles en valeur lors de danses élaborées. Dans les années 1940, un certain nombre d’adolescentes expriment de plus en plus de mécontentement par rapport au fait qu’on ne leur permet pas d’exécuter la danse libre des hommes. S’attaquant à ces traditions qu’elles jugent injustes, elles enfilent des habits d’hommes et dansent la danse interdite lors d’un pow-wow tenu au Dakota du Sud; c’est ainsi qu’apparaîtra la danse libre du châle des femmes.
Une autre tradition veut que la danse libre du châle des femmes tire son origine d’une danse cérémonielle du nom de Butterfly Dance (danse du papillon). Le châle est ainsi censé symboliser les ailes d’un papillon, tandis que les pas de danse et les pirouettes complexes évoquent le vol de l’insecte. L’image ainsi créée convient parfaitement aux jeunes femmes dans la fleur de l’âge, qui émergent métaphoriquement de leur cocon pour entrer dans l’âge adulte.
Ornementation
Traditionnellement, les femmes doivent porter un châle en guise de bonne étiquette dans un lieu de danse. L’élément principal de la danse libre du châle des femmes, soit le châle élaboré, est décoré de façon unique par la danseuse, à l’aide d’ornements distinctifs, de perles et de franges. Le reste de l'habit, plutôt simple, se compose d’une robe en tissu à motifs tombant à hauteur des genoux, de mocassins perlés et de jambières agencées, le tout accompagné de diverses pièces de joaillerie.
Mouvements de danse
Selon certains, les pas de danse de la danse libre du châle des femmes évoquent le vol du papillon. D’autres danseuses s’inspirent de la danse libre des hommes, y allant de pas de danse vigoureux semblables à ceux exécutés par les danseurs masculins. Étant donné que cette danse s’est perfectionnée hors du cadre des autres styles traditionnels, la danse libre du châle rompt avec la coutume selon laquelle au moins un pied doit toujours être en contact avec le sol. Comme c’est le cas pour la version masculine, la danse libre du châle des femmes est elle aussi une danse destinée aux jeunes, requérant un haut niveau d’énergie et de force physique.
Danse des clochettes des femmes
Origines
Les théories sont nombreuses quant aux origines de la danse des clochettes. Toutefois, on s’accorde souvent à dire que cette danse est née en territoire Anishinaabe (ojibwé), au nord-ouest des États-Unis ou à White Fish Bay, en Ontario, vers les années 1920.
Beaucoup croient que la danse des clochettes est apparue à un homme de la nation Anishinaabe (selon certains, un chaman de la société Midewiwin) sous forme de vision. L’homme cherchait un remède pour une fillette – que certains appellent Maggie White – atteinte d’une maladie grave, vraisemblablement la grippe espagnole, dans l’entre-deux-guerres. Dans certaines versions de l’histoire, Maggie White est en fait la fille du chaman. La vision indique à l’homme comment fabriquer une robe à clochettes et comment réaliser les pas de la danse de guérison; vêtue de la robe spéciale, la fillette devra exécuter la danse. Les pas sont tout en rebondissements, un pied devant demeurer au sol en tout temps. Au gré des pas de danse, la fillette se sent de mieux en mieux, jusqu’à recouvrer une santé parfaite. Dans d’autres versions de l’histoire, les femmes du village de la fillette fabriquent des robes à clochettes et dansent pour elle jusqu’à ce qu’elle se sente suffisamment rétablie pour entrer elle aussi dans la danse. Une fois guérie, Maggie White cherche à faire connaître la robe à clochettes et sa danse de guérison à d’autres jeunes filles. Elle fonde la Jingle Dress Dance Society peu après la fin de la Première Guerre mondiale, moment auquel la popularité de la danse des clochettes au sein des communautés de pow-wow.
Les femmes et les rituels de guérison sont étroitement associés à la robe à clochettes et à la danse des clochettes. On dit que c’est grâce aux femmes que cette danse s’est popularisée, en étant transmise aux filles et aux autres femmes des différentes communautés. Lorsque les femmes exécutent la danse des clochettes, elles prient pour leur santé et leur bien-être, ainsi que pour ceux de leur famille et de leur communauté. Aujourd’hui, les sources d’inspiration sont nombreuses en ce qui concerne la danse des clochettes : il peut s’agir du maintien de traditions, de la protection de la santé des membres de la famille ou encore d’une vision portant sur la danse ou la robe à clochettes.
Au fil du temps, d’autres Premières Nations adopteront elles aussi cette danse symbolisant la prière et la guérison. Bien que la robe à clochettes et ses rituels soient encore étroitement associés aux femmes de la nation Anishinaabe, la danse des clochettes est devenue un symbole de la puissance de la spiritualité autochtone et des femmes.
Ornementation
L’élément commun à toutes les robes à clochettes est bien entendu ce qui les fait tinter, soit plusieurs rangées de cônes métalliques appelés ziibaaska’igananin en langue Anishinaabe. Les cônes étaient à l’origine fabriqués à partir de couvercles de boîtes à tabac, censés constituer la source d’énergie de laquelle émane la puissance spirituelle de la robe. L’usage du tabac est en soi considéré comme sacré. Au gré des mouvements des danseuses, les cônes fixés aux robes invoquent les esprits par leur carillonnement. Les robes à clochettes modernes sont joliment décorées de rubans et de motifs appliqués sur le tissu; on les porte avec des jambières perlées agencées, des mocassins, un sac à main et divers ornements pour les cheveux. Ces vêtements sont chargés d’histoire, de spiritualité et de culture. La robe à clochettes de chaque femme est unique; les styles ont également évolué au fil du temps.
Mouvements de danse
La danse des clochettes se présente sous différentes formes, traditionnelles ou plus modernes. Les styles traditionnels interdisaient de croiser les pieds, de danser à reculons ou de danser dans un cercle complet. Les pas de danse devaient être légers, souples et près du sol. Un pied devait toujours toucher le sol, de façon à rappeler à la danseuse son lien avec la terre. En outre, celles qui exécutaient la danse des clochettes traditionnelle n’utilisaient pas de plumes d’aigle ou de matériaux non naturels dans leur ornementation.
Les versions contemporaines de la danse, toutefois, permettent une plus grande fluidité : les danseuses peuvent croiser les pieds, décrire des cercles complets et danser à reculons. Les styles modernes de cette danse se caractérisent par des pas de danse à la fois complexes et contrôlés, démontrant l’élégance, l’agilité et l’endurance des danseuses. Afin de souligner le rythme de la chanson et d’acheminer les prières des spectateurs aux esprits, les danseuses portent souvent une plume ou un éventail pendant leur prestation.
Comme la danse des clochettes est une danse de guérison, on demande souvent aux danseuses de dédier leur danse à un membre malade, souffrant ou blessé de la communauté ou de la famille.
Importance
Les danses de pow-wow sont de belles démonstrations culturelles et spirituelles qui ont été modifiées et adoptées par différentes Premières Nations et communautés autochtones de partout en Amérique du Nord. Bien qu’elles varient du point de vue de l’ornementation et des pas de danse qui les accompagnent – ainsi que de leur origine –, les danses de pow-wow demeurent un puissant témoignage de l’histoire, du patrimoine et de l’identité autochtones.