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David Ahenakew

David Ahenakew, politicien, premier chef de l’Assemblée des Premières Nations (né le 29 juillet 1933 sur la réserve autochtone de Sandy Lake [maintenant la Première Nation Ahtahkakoop] en Saskatchewan; décédé le 12 mars 2010 à Shellbrook en Saskatchewan). David Ahenakew a servi dans l’armée canadienne pendant 16 ans, et il a été un ardent défenseur de l’éducation et des droits autochtones. En 2002, il a été jugé par la Couronne pour avoir tenu des propos antisémites en public et avoir ainsi violé la loi sur la propagande haineuse. Il a été déclaré coupable en 2002, mais a été acquitté des charges en 2009.

Chef David Ahenakew

Jeunesse

David Ahenakew naît sur la réserve autochtone de Sandy Lake en Saskatchewan centrale (maintenant la Première Nation Ahtahkakoop), où il passe son enfance. Il est Cri et il se porte à la défense des droits et de l’éducation des autochtones avec fierté. En 1951, il épouse Sheila Grace Ahenakew, avec qui il a trois fils et deux filles.

Service militaire

Peu après son mariage, David Ahenakew quitte la Saskatchewan pour servir avec les Forces armées canadiennes pendant la guerre de Corée. Il sert également avec les forces de l’OTAN en Allemagne et il participe aux missions de maintien de la paix le long du canal de Suez (voir Crise de Suez). Il atteint le rang de sergent et il est décoré pour service distingué et bonne conduite en 1964. Après avoir pris sa retraite de l’armée en 1967, il retourne en Saskatchewan.

Politique de conseil de bande

Après sa carrière militaire, David Ahenakew s’implique dans les activités politiques du conseil de bande. Il accepte un poste avec le gouvernement de la Saskatchewan en tant qu’agent de placement et de formation, et il contribue à la création du Indian Special Constable Program, un contingent des Premières Nations de la GRC.

En 1968, il travaille comme agent des communications pour la Fédération des Indiens de Saskatchewan (aujourd’hui la Fédération des nations autochtones souveraines [FSIN]). Il est élu premier chef de la FSIN cette même année.

David Ahenakew est également actif dans l’établissement de la Fraternité des Indiens du Canada (maintenant l’Assemblée des Premières Nations [APN]). Il est le premier dirigeant de l’APN (de 1982 à 1985). Une fois son mandat terminé, David Ahenakew continue de travailler avec la FSIN en tant que président du sénat pendant 17 ans.

Éducation autochtone

David Ahenakew est également un grand défenseur de l’éducation des Premières Nations; il participe à de nombreux comités gouvernementaux sur l’éducation et il s’implique dans un rapport sur l’éducation des Premières Nations de la Saskatchewan en 1972. David Ahenakew contribue également à la création du Saskatchewan Indian Cultural College en 1972 et du Saskatchewan Indian Federated College (aujourd’hui l’Université des Premières Nations du Canada) en 1976. Il siège au conseil d’administration de ces deux organisations pendant plusieurs années.

Pour son travail, David Ahenakew reçoit un doctorat honorifique en droit de l’Université de Regina en 1976, et il devient le premier récipiendaire du prix John Stratychuck Memorial de la Saskatchewan Human Rights Association en 1978.

Controverses

David Ahenakew accusé de promouvoir la haine

Les femmes et la Loi sur les Indiens

En 1984, David Ahenakew s’oppose aux projets du gouvernement fédéral d’abolir une disposition de la Loi sur les Indiens qui prive les femmes de leur statut d’Indiennes si elles épousent une personne qui n’a pas le statut d’Indien. Ses propos révoltent certaines femmes autochtones qui considèrent que David Ahenakew remet en cause leurs droits et libertés au lieu de les défendre. Malgré les critiques, il continue de maintenir que seuls les peuples autochtones, et non le gouvernement fédéral, devraient déterminer leur propre appartenance.

Propos antisémites

Le 13 décembre 2002, David Ahenakew tient des propos antisémites lors d’une conférence de la FSIN devant le journaliste James Parker du StarPhoenix de Saskatoon. David Ahenakew qualifie les Juifs de « maladie » et il les blâme pour avoir déclenché la Deuxième Guerre mondiale. La Couronne accuse David Ahenakew d’avoir violé la loi sur la propagande haineuse (voir Propagande haineuse).

Lors de son premier procès, il est reconnu coupable d’avoir volontairement incité la haine et il reçoit une amende de 1000 $. À la suite de cette condamnation, le Saskatchewan Indian Federated College le suspend de ses fonctions au sein de son conseil d’administration. La gouverneure générale Adrienne Clarkson signe également une ordonnance de révocation, retirant ainsi son statut de membre de l’Ordre du Canada en 2005.

En 2003, le chef Matthew Coon Come de l’Assemblée des Premières Nations se prononce au sujet des propos de David Ahenakew en déclarant : « Je rejette inconditionnellement ces propos haineux, ignorants et inacceptables faits par le docteur Ahenakew. Ces propos sont préjudiciables et moralement offensants. Nous exprimons notre regret pour ces commentaires insultants dirigés vers nos frères et sœurs du peuple juif qui nous ont en fait soutenus dans un grand nombre de nos luttes. »

David Ahenakew fait appel de la condamnation, et la Cour du Banc de la Reine ordonne la tenue d’un nouveau procès en 2006. En février 2009, le juge provincial Wilfrid Tucker statue que même si les propos tenus par David Ahenakew sont « révoltants, dégoûtants et erronés », la Couronne ne peut prouver que David Ahenakew avait l’intention nécessaire pour obtenir une condamnation.

Un an après son acquittement, le 12 mars 2010, David Ahenakew perd sa bataille contre le cancer et il meurt à l’âge de 76 ans à Shellbrook en Saskatchewan.

Importance

Au cours des dernières années de sa vie, David Ahenakew est surtout reconnu pour ses propos antisémites. Cependant, au début de sa carrière, David Ahenakew est reconnu pour son travail dans les communautés autochtones, incluant son dévouement à l’éducation et aux droits autochtones. En 2010, la FSIN et son dirigeant Guy Lonechild rendent hommage à David Ahenakew à titre posthume en déclarant : « Nous désirons simplement nous souvenir des contributions positives de monsieur Ahenakew […] Elles sont importantes et nombreuses. »