Éducation et débuts de carrière
David Bolduc étudie pendant un an au Ontario College of Art (maintenant connu sous le nom d'École d'art et de design de l'Ontario), à Toronto (1962-1963), et étudie ensuite aux côtés de Jean Goguen à l'École du Musée des beaux-arts de Montréal (1964-1965). En 1966, il réalise sa première exposition individuelle au Théâtre Élysée à Montréal, en plus de participer à une exposition collective à la Galerie Soixante. La même année, le peintre retourne à Toronto et accepte un emploi au service de conservation au Musée royal de l'Ontario. En 1967, il monte la première de huit expositions solos à la galerie Carmen Lamanna, qu'il quitte en 1976 pour la galerie David Mirvish.
Les premières oeuvres de David Bolduc sont tendres, ludiques, lyriques et réflexives, en ce sens qu'elles contrastent vivement avec le style brutal et gestuel de ses prédécesseurs comme Jack Bush. Variable Mix-up (1967), par exemple, consiste en quatre toiles carrées jointes pour former une forme pointue et installées en diagonale sur le mur, montrant des bandes jaune et orange sur fond bleu foncé. High Plane (1968), une oeuvre de graphite et de collage sur papier vélin, montre un fond rose chair délicat et des lignes sinueuses s'élevant dans un croquis d'avions en papier. Gasni (1972) présente des formes lavande accentuées de blanc qui déteignent sur un fond aux teintes de terre.
Dans un autre ordre d'idées, Parrot (1976) est l'une des toiles qui introduisent le style inimitable de David Bolduc et qui dévoile ses plus profondes ambitions : une ligne blanche et jaune de pigments purs s'élève d'une base jaune et rouge, au milieu d'une jungle marécageuse de tourbillons vert, bleu et rouge. La forme particulière au centre de Parrot, en plus du fond organique et saturé, positionne la toile à cheval entre l'art abstrait et l'art figuratif.
Voyages
David Bolduc est un passionné des voyages. Dans les années 1960, le jeune homme explore le Canada de fond en comble en sautant sur des trains de marchandises. En 1968, subventionné par une bourse du Conseil des arts du Canada, il part pour la première fois à l'étranger; lors de ce voyage épique de huit mois de randonnée pédestre, il traverse l'Europe jusqu'en Turquie, puis se rend au Népal, en Ouzbékistan et en Russie. Au cours de sa vie, l'artiste se rend en Inde à plus de 15 reprises et voyage constamment en Afrique du Nord, en Turquie, en Chine, dans l’Himalaya, au Sri Lanka, au Costa Rica, en France, au Portugal et en Espagne. Dans les années 1990, il s'établit quelque temps pour vivre et travailler au Maroc et à Paris, en France. David Bolduc crée sans relâche lorsqu'il voyage : il produit un nombre impressionnant de travaux sur papier montrant, notamment, l'influence des miniatures perses, des tapis d'Asie centrale, de la calligraphie chinoise et du design nord-africain.
Oeuvres matures
Si les oeuvres antérieures de David Bolduc sont plutôt décoratives, ses toiles des années 1980 et 1990 sont empreintes d'une profonde signification symbolique, reflétant l'influence de ses voyages et sa soif insatiable de lectures (son ami proche Michael Ondaatje fait d'ailleurs remarquer que le peintre est la personne à la meilleure culture littéraire qu'il connaisse). Dans Knossos (1993), toile nommée d’après une ville ancienne de l'île grecque de Crête, des lignes jaunes fragiles étincellent sur un fond noir de jais, une fleur rouge apparaissant au centre, entourée d'étoiles blanches phosphorescentes qui forment un arc délavé. Au bas de la toile, deux rangées de rayures jaunes suggèrent le long d'une rive. L'oeuvre sur papier avec des éléments de collage, Tashkent (1993), est un diptyque nommé d’après l'ancienne capitale de l'Ouzbékistan, que le peintre visite à moult reprises. D'un côté du diptyque, une plante est peinte par-dessus des cartes postales provenant du Lenin Museum à Tachkent (maintenant le History Museum of the People of Uzbekistan) et de l'autre, d'autres cartes postales de mosaïques byzantines dans la basilique Saint-Marc à Venise ainsi que du Lenin Museum à Tachkent sont mises en scène dans un vortex de bleu, avec un oeil rouge aux cils bleus au centre. Réalisée deux ans après la chute de l'Union soviétique, dont David Bolduc est témoin lors de ses voyages, la toile Tashkent est une réflexion sur la fin des empires et sur la fragilité de l'histoire.
Illustrations
David Bolduc étudie la poésie tout au long de sa vie; il produit des illustrations pour bon nombre de volumes de poésie, dont Handwriting (2000) de Michael Ondaatje et Pear Tree Poems (1987) de Roy Kiyooka, ainsi que pour des livres de Wayne Clifford, Victor Coleman et David Rosenberg. Il réalise aussi régulièrement des illustrations pour la revue littéraire semestrielle Brick, dirigée par Michael Ondaatje et sa femme, l'écrivaine Linda Spalding.
Oeuvres tardives
En 2009, on lui diagnostique une tumeur cérébrale maligne lorsqu'il séjourne dans la péninsule d'Avallon à Terre-Neuve. Pendant la dernière année de sa vie, malgré ses traitements de chimiothérapie et sa maladie qui s'aggrave, l'artiste produit au-delà de 40 toiles qui, selon son ami le critique Gary Michael Dault, représentent un véritable renouveau créatif chez le peintre et figurent parmi ses meilleures pièces. San Vito (2009), par exemple, présente une grande et mince tige tressée par des fils de couleur s'élevant pour former des fleurs courbées, sur un fond de forêt dense, couleur argent, avec deux formes de bâtiments au bas de la toile. Dans Pilgrim (2010), l'artiste a peint une plante en orange, bleu, rouge et blanc au premier plan, et derrière une bande grise ainsi qu'un horizon qui suggère une nuit étoilée. L'étrange figure de Pilgrim, représentant David Bolduc lui-même, est le symbole d'un pèlerinage vers l'inconnu.