David Clayton-Thomas (né David Henry Thomsett), chanteur, auteur-compositeur et producteur (né le 13 septembre 1941 dans le Surrey, en Angleterre). Chanteur à la fois rude et sensible, doté d’une voix forte et émouvante et lauréat des prix Juno et Grammy, David Clayton Thomas est un pionnier de la scène musicale canadienne dans les années 1960 et poursuit une longue carrière solo, mais il est peut-être et surtout connu comme le chanteur principal du groupe jazz-rock américain Blood, Sweat & Tears. Il est admis dans le Panthéon de la musique canadienne, à l'Ordre du mérite de l'Association canadienne des radiodiffuseurs et dans l’Allée des célébrités canadiennes. En outre, son travail figure au Grammy Hall of Fame et au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens.
Enfance
Fils d’un soldat canadien et d’une étudiante en musique anglaise, David Clayton-Thomas naît en Angleterre et déménage avec sa famille à Willowdale, en banlieue de Toronto, à l’âge de quatre ans. Il reçoit une éducation musicale dispensée par sa maman, mais les mauvaises relations qu’il entretient avec son père violent le conduisent à fuir le foyer familial à l’âge de 15 ans. Il passe ses années d’adolescence dans la rue et dans diverses maisons de correction, dont celle de Guelph et le centre correctionnel de Burwash, près de Sudbury, purgeant des peines pour récidives de vagabondage, larcin et participation à des combats de rue.
En chantant dans sa cellule, David s’est attiré des admirateurs parmi des collègues détenus et, peu après avoir appris tout seul à jouer sur une guitare abandonnée, il donne des concerts dans sa prison. Libéré en 1962, il commence à jouer sous le nom de Sonny Thomas (et plus tard, David Clayton-Thomas) dans la rue Yonge à Toronto, où il se forge une réputation d’un chanteur de blues dur et pugnace. John Lee Hooker devient son idole et Ronnie Hawkins son mentor. Il est également influencé par la musique de Lenny Breau, Oscar Peterson et Moe Koffman, grands noms du jazz.
Premiers groupes
Le premier groupe de Clayton-Thomas, « David Clayton-Thomas and The Fabulous Shays » (plus tard, « The Shays »), est une formation de R&B dont les chansons Out of the Sunshine et Walk That Walk, une reprise de Boom Boom, de John Lee Hooker, en 1964, lui valent un vif succès. Le groupe ouvre le concert des Rolling Stones au Maple Leaf Gardens et joue dans l’émission de variétés de la chaîne NBC-TV Hullabaloo (1965), invité par son animateur Paul Anka.
Après la séparation du groupe The Shays, David Clayton-Thomas joue en solo dans les cafés du quartier Yorkville de Toronto et aux côtés de son héros, John Lee Hooker, au Riverboat. Il se joint ensuite au groupe the Bossmen, qui comprend le prodigieux pianiste de jazz Tony Collacott. The Bossmen est l’un des premier groupes de rock à inclure des éléments de jazz dans sa musique, et, à l’été 1966, sa chanson farouchement engagée contre la Guerre du Vietnam, Brainwashed, se hisse au classement canadien des 20 meilleures chansons.
Après la dissolution du groupe the Bossmen, David forme le David Clayton-Thomas Combine avec l’ancien guitariste de the Bossmen, Jack Mowbray. Ensemble, ils publient deux simples sous étiquette Arc Records, l’un d’eux comportant la version originale de la chanson Spinning Wheel de Clayton-Thomas sur sa face B. Il est ensuite invité à New York par John Lee Hooker, et joue pendant deux ans dans les clubs de Greenwich Village avant d’être expulsé des États-Unis en raison de son casier judiciaire et pour avoir travaillé illégalement dans ce pays.
Blood, Sweat & Tears
En 1968, le batteur du groupe Blood, Sweat & Tears, Bobby Colomby, qui avait rencontré David Clayton-Thomas à New York par l’intermédiaire de la chanteuse folk Judy Collins, demande à ce dernier de devenir le nouveau chanteur principal de la formation. Le premier album du groupe enregistré avec David Clayton-Thomas, Blood, Sweat & Tears (1968), est largement acclamé par la critique et se vend à un million d’exemplaires aux États-Unis dans les trois mois qui suivent sa sortie. Les simples You’ve Made Me So Very Happy, And When I Die et Spinning Wheel atteignent tous la deuxième place au classement Billboard Hot 100. Le groupe est tête d’affiche du festival Woodstock et son album éponyme, couronné par trois prix Grammy dont celui d’Album de l’année (battant l’album des Beatles Abbey Road), figure pendant 109 semaines (dont 13 à la première place) sur le classement Billboard des meilleurs albums et se vend à plus de 10 millions d’exemplaires dans le monde entier.
En 1970, Blood, Sweat & Tears devient le premier groupe de rock à franchir le rideau de fer et à se produire en Europe de l’Est, et ce, à la demande de Département d’État des États-Unis en échange de l’octroi d’un visa de résidence permanente à David Clayton-Thomas. Le groupe part également en tournée à travers l’Amérique du Nord, joue régulièrement à Las Vegas et participe à la réalisation de la bande originale du film de Barbara Streisand The Owl and the Pussycat (1970). Cependant, ces activités nuisent à l’image de groupe auprès de la contreculture qui l’avait soutenu à ses débuts.
L’album Blood, Sweat & Tears 3, composé en grande partie de reprises, sort à la fin de l’année 1970. Bien qu’il reçoive un moins bon accueil que l’album précédent, il domine le classement Billboard des meilleurs albums et obtient la certification or aux États-Unis grâce aux titres Lucretia MacEvil, de David Clayton-Thomas, et Hi-De-Ho qui figurent parmi les 40 meilleurs simples des États-Unis. L’album Blood, Sweat & Tears 4 (1971) reçoit lui aussi la certification or et se hisse à la dixième place du classement Billboard des meilleurs albums, mais il marque également le déclin commercial du groupe.
Carrière solo des années 1970
Fatigué par les querelles internes du groupe et par le rythme effréné des tournées, David Clayton‑Thomas quitte ce dernier au début de l’année 1972 pour travailler à son compte. Il sort les albums David Clayton-Thomas (1972), Tequila Sunrise (1973) et Harmony Junction (1974), qui suscitent peu d’enthousiasme et travaille régulièrement à Las Vegas. En 1973, il reçoit un prix Juno spécial en récompense de sa contribution exceptionnelle à la scène musicale canadienne.
Retour au groupe Blood, Sweat & Tears
En 1974, David Clayton-Thomas se joint à nouveau au groupe Blood, Sweat & Tears et en prend la tête en 1976, lui faisant subir de nombreux changements dans sa composition. À la suite de la dissolution du groupe, après la mort du saxophoniste Gregory Herbert en 1979, David Clayton‑Thomas crée une toute nouvelle formation composée de musiciens canadiens, dont le bassiste David Piltch, le claviériste Joe Sealy et le trompettiste Bruce Cassidy, et publie l’album aux forts accents funk Nuclear Blues (1980). Il confère un statut juridique au groupe en l’enregistrant, en 1984, sous le nom de Blood, Sweat & Tears. Lors de ses tournées, la composition du groupe changera constamment jusqu’en 2004.
Carrière solo dans les années 1990 et 2000
Outre ses albums solos des années 1970, David Clayton-Thomas publie Blue Plate Special (1997), The Christmas Album (2001), Aurora (2005), In Concert: A Musical Biography (2005) (enregistré en public à l’opéra de Toronto), The Evergreens (2007), Spectrum (2009), Soul Ballads (2010) et A Blues for the New World (2013).
Depuis quelques années, David Clayton-Thomas milite pour les droits des prisonniers. En 2010, il réchappe d’un grave infarctus, se produit au Massey Hall avec l’Orchestre symphonique de Toronto et enregistre un des titres de l’album caritatif World Jazz for Haiti, qui soutient le fonds d'aide aux victimes du séisme en Haïti et auquel participent également Jane Bunnett, John McDermott, Holly Cole et Shuffle Demons. La même année, paraît sa biographie sous le titre Blood, Sweat and Tears.