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Destroyers de classe Iroquois

Les destroyers porte-hélicoptères (DDH) de la classe Iroquois sont entrés au service de la Marine canadienne au début des années 1970. Plusieurs innovations les situaient à l’avant-garde de la lutte anti-sous-marine (LASM). Bien que quatre vaisseaux seulement aient été construits, ils ont joué un rôle de premier plan au sein des groupes opérationnels navals canadiens. Les vaisseaux de la classe ont été modernisés au début des années 1990 et transformés en destroyers lance-missiles (DDG), assurant la défense aérienne de la flotte jusqu’à ce qu’ils soient retirés du service dans les années 2010.

Les quatre destroyers de la classe Iroquois en formation

Conception

En décembre 1964, le gouvernement du Canada annonce la création d’une classe de « reprises du Nipigon » dans la continuité des excellents DDH de la classe St. Laurent. Toutefois, les nombreuses innovations ajoutées durant le processus de conception aboutissent à des navires entièrement nouveaux et presque deux fois plus gros que les St. Laurent (5 200 tonnes contre 2 800 tonnes). Parmi les principales améliorations, on retrouve le remplacement de la chaudière à vapeur par une propulsion par moteurs à turbine à gaz (une première parmi les navires alliés, précédée, mais seulement de peu, par la classe Krivak de la marine soviétique) et des hélices à pas variable permettant des changements de vitesse rapides. Les nouveaux bateaux ont aussi l’espace pour embarquer deux hélicoptères H‑124 Sea King (plutôt qu’un seul, comme les vaisseaux de la classe St. Laurent), un système de commande et de contrôle informatisé révolutionnaire (CCS‑280) et de puissants sonars actifs de conception canadienne (le AN/SQS-505, en deux versions, installé sur coque et à immersion variable). Ils embarquent également un canon plus puissant de 127 mm et un système de missile de défense ponctuelle Sea Sparrow, dans une configuration avec espace de rangement fermé pour assurer leur protection dans les conditions d’utilisation subarctiques.

Le saviez-vous?
Comme son nom l’indique, le sonar à immersion variable (VDS) peut être déployé à des profondeurs variables afin de résoudre les problèmes de détection dans certaines zones dites « aveugles ». Les océans sont souvent recouverts d’une couche thermique relativement chaude (jusqu’à 10-20 mètres) qui réfracte les ondes sonores projetées par les sonars installés sur la coque. Le VDS est un sonar encastré dans un boîtier d’aluminium, qui est remorqué derrière le bateau et immergé sous la couche thermique. Ceci permet au navire de détecter des sous-marins qui autrement seraient dissimulés par la couche thermique.


Vers la même époque, toutefois, le gouvernement fédéral essaie de réduire les dépenses de défense. (Voir aussi Unification des Forces armées canadiennes.) Des dépassements de coûts viennent près d’entraîner l’annulation du programme, et finalement seulement quatre navires sont construits : l’Iroquois (280), le Huron (281), l’Athabaskan (282) et l’Algonquin (283).

Statut de vaisseau phare

Les destroyers de la classe Iroquois entrent en service en 1972 et 1973, peu après la décommission du porte-avion NCSM Bonaventure en 1970. Le moment est opportun car la classe Iroquois est en mesure de remplacer ce vaisseau en tant que vaisseau phare dans les déploiements de la flotte. En fait, cette capacité permet aux commodores canadiens de prendre les commandes des flottes alliées et de la coalition dans des opérations comme la guerre du golfe Persique (Athabaskan et Huron, 1990-1991), l’intervention dans l’Adriatique contre l’ex-république de Yougoslavie (Algonquin, 1993-1994), la guerre contre la terreur après les attentats du 9/11 (Iroquois, Algonquin, et Athabaskan, 2001-2003 et 2008) ainsi que dans la Force navale permanente de l’Atlantique (STANAVFORLANT, les quatre vaisseaux à différents moments).

Le saviez-vous?
Lors de leur mise en service, les destroyers de la classe Iroquois sont surnommés « Sisters of the Space Age » (les sœurs de l’ère spatiale). C’est le titre d’un film de 1974 produit par l’Office national du film marquant leur introduction. Dans la Marine, on les appelle familièrement « Tribal » pour les distinguer des « steamers » plus anciens de la classe St Laurent qui forment le gros de la flotte de surface.


Mise à jour et modernisation

La classe Iroquois est modernisée dans le cadre de la revitalisation des Forces armées canadiennes par le gouvernement Mulroney à la fin des années 1980. Cette mise à jour vient compléter l’introduction prochaine des frégates de LASM de la classe Halifax. Dans le cadre de ce projet baptisé Tribal Update and Modernization Project (révision et modernisation de la classe Tribal) (TRUMP), les vaisseaux de la classe Iroquois sont convertis en destroyers lance-missiles (DDG). Ceci inclut une reconstruction majeure des bâtiments, incluant le remplacement des canons avant originaux par un système de lancement vertical (VLS) de 29 cellules pour missiles sol-air SM‑2 Block II (portée approximative de 150 km) et un canon de tir rapide de 76 mm en remplacement des Sea Sparrows. Les cheminées caractéristiques évoquant des oreilles de lapin sont remplacées par une grande cheminée carrée avec système de refroidissement à l’air pulsé; ceci permet de réduire la signature thermique infrarouge ciblée par les missiles ennemis. Un Phalanx CIWS (Système d’arme rapproché) est installé par-dessus le hangar, et la salle des opérations est complètement réorganisée pour incorporer un nouveau système informatique CCS‑280. L’Algonquin, le premier vaisseau de la classe à recevoir la mise à jour, est déclaré opérationnel en mars 1993.

NCSM Athabaskan

Service

Pendant la plus grande partie des années 1970 et 1980, les quatre vaisseaux sont basés à Halifax. Ce sont les deux dernières décennies de la Guerre froide et le nord de l’Atlantique est considéré comme le principal champ de bataille. Une exception notable est la croisière de démonstration de l’Athabaskan et le sous-marin Ojibwa vers la côte ouest en 1977. (Voir aussi L’océan Pacifique et le Canada.) À la fin des années 1980, les premières frégates de la classe Halifax sont mises en service, amenant une redistribution de la flotte. Le Huron et l’Algonquin sont transférés sur la côte ouest en 1987 et en 1994, respectivement.

Retrait du service

Le Huron est retiré du service en 2000 par manque de personnel et en raison des restrictions du budget de la défense. Le vaisseau est coulé dans un exercice de tir réel par Algonquin le 14 mai 2007. L’événement est rapporté par le documentaire intitulé « Sinking a Destroyer ». En raison d’autres coupures, des réparations nécessaires ne sont pas effectuées sur l’Algonquin et l’Iroquois, qui sont retirés du service au milieu des années 2010. L’Athabaskan est le dernier à être décommissionné, le 10 mars 2017. Une partie de la proue de l’Iroquois est devenue un monument à la Marine devant le Campus Carling, le Quartier général de la Défense à Ottawa.

Monument à la marine