Disque, industrie du
Les premiers enregistrements sonores canadiens sont faits à Montréal en 1900 par la société Berliner Gramophone à partir de matrices enregistrées par ses filiales européennes et américaines. La majorité des disques vendus au Canada avant 1960 sont pour la plupart des oeuvres d'interprètes étrangers. Cependant, l'essor de la musique populaire à la fin des années 60 entraîne un boom mondial dans l'industrie du disque qui se répercute au Canada par une croissance soutenue de la production et de la vente de disques d'artistes canadiens. En 1970, le CRTC (CONSEIL DE LA RADIODIFFUSION ET DES TÉLÉCOMMUNICATIONS CANADIENNES) vient appuyer cette tendance en exigeant que la programmation hebdomadaire des radiodiffuseurs de la chaîne AM contienne un minimum de 30 p. 100 de matériel canadien. Depuis 1998, la majorité des stations de radio commerciales sont tenues de diffuser une programmation dont 35 p. 100. est canadien.Pour qu'un enregistrement puisse être considéré comme ayant un « contenu canadien », il faut que deux des quatre critères suivants soient canadiens : musique, artiste, production et paroles (le code MAPL). Au cours des années 60, la plupart des nombreuses tentatives visant à lancer des compagnies de disques canadiennes ont échoué avant l'application de ces mesures.
En 1998, on évalue la vente au détail des disques à quelque 1,4 milliard de dollars. Les compagnies canadiennes se partagent environ 12 p. 100 du marché, tandis que les autres 88 p. 100 reviennent à une poignée de multinationales. Alors que 80 p. 100 de tout le contenu canadien diffusé est le fait des compagnies sous contrôle canadien, les compagnies sous contrôle étranger n'en diffuse que 20 p. 100.
Puisque le marché intérieur est très limité, les compagnies canadiennes doivent compter sur les ventes à l'étranger pour réaliser une grande partie de leurs bénéfices. Les causes premières d'un tel déséquilibre du marché et de la lenteur avec laquelle les entreprises indépendantes augmentent leur part du marché sont : l'accès insuffisant aux capitaux d'investissement, la hausse rapide des coûts due aux nouvelles technologies et l'absence d'un réseau de distribution canadien fort.
Les chiffres de 1998 indiquent que l'industrie du disque emploie au Canada quelque 16 000 travailleurs à temps plein, dont 30 p. 100 dans le commerce au détail, 25 p. 100 dans la production et les autres 45 p. 100 dans les compagnies de disques, manufactures de matériel de production, studios, l'industrie du concert, dans des associations professionnelles de l'industrie et dans d'autres domaines reliés à l'industrie où ils occupent des postes de gestionnaires, avocats et graphistes. L'industrie du disque fait également vivre des milliers de compositeurs, paroliers et musiciens.
En 1998, la majorité des enregistrements vendus au Canada entrent dans la catégorie de la musique populaire - pop, rock et musique contemporaine pour adultes. Les autres ventes concernent les disques de musique classique, de country-folk, de jazz, de musique pour enfants, de rythm and blues, de rap et de hip hop. Parmi les artistes canadiens de réputation internationale, mentionnons : RUSH, Bryan ADAMS, Céline DION, Shania TWAIN, Sarah MCLACHLAN, Amanda MARSHALL, Alanis MORISSETTE, Lorena MCKENNITT, Anne MURRAY, Gordon LIGHTFOOT, Bruce COCKBURN et Ginette RÉNO (dans la catégorie populaire); Maureen FORRESTER, Glenn GOULD, Ofra HARNOY, Liona BOYD, Louis LORTIE, Louis QUILICO, Jon VICKERS et Anton KUERTI (dans la catégorie musique classique) ; Oscar PETERSON, Diana KRALL et Rob MCCONNELL et le Boss Brass (dans la catégorie jazz); et les CHANSONNIERS Pauline JULIEN, Félix LECLERC et Gilles VIGNEAULT.
La Société Radio-Canada (SRC) a joué un rôle important en ce qui concerne l'enregistrement d'interprètes et de compositeurs canadiens de musique classique. Le premier album est enregistré en 1945, mais la SRC ne commence à vendre des disques au public qu'au début des années 70, quand les auditeurs manifestent clairement leur désir d'entendre beaucoup plus d'oeuvres des interprètes qui sont présentés à la radio et à la télévision. En 10 ans, la SRC est devenue le plus grand producteur et distributeur de disques classiques canadiens.
Au Canada, l'interprète touche des droits d'auteur sur chaque disque vendu. Les éditeurs et les compositeurs reçoivent des droits de reproduction mécanique, sous forme de cachet négocié par l'industrie pour chaque disque produit. La Canadian Mechanical Reproduction Rights Agency (CMRRA) et la Société du droit de reproduction des auteurs, compositeurs et éditeurs du Canada (SODRAC) perçoivent les droits de reproduction mécanique au nom des compositeurs et de leurs éditeurs. La SOCAN collecte des droits de représentation qu'elle verse aux compositeurs et aux éditeurs quand leurs enregistrements sont diffusés à la radio et à la télévision. La Neighbouring Rights Collective of Canada (NRCC) collecte les droits au nom des artistes exécutants et des compagnies de disques. La Loi sur les droits d'auteur du Canada et les ententes négociées entre les détenteurs de droits et les compagnies de disques dictent comment on procédera au paiement de ces droits .
Au Canada, deux organismes recueillent et distribuent ces droits : la Société canadienne des compositeurs, auteurs et éditeurs de musique (SOCAN) et la Société de droits d'exécution du Canada Limitée (S.D.E. Canada). Tout le processus de paiement est dicté par la Loi sur les droits d'auteur du Canada et par des ententes négociées entre les détenteurs de droits et les compagnies de disques.
Certaines associations commerciales jouent un rôle actif dans l'industrie du disque. Les multinationales sont représentées par l'Association canadienne de l'industrie du disque (CRIA); le secteur indépendant, par la Canadian Independent Record Production Association (CIRPA) et par l'Association du disque et de l'industrie du spectacle québécois (ADISQ); et les éditeurs, par l'Association canadienne des éditeurs de musique (CMPA). Ces associations s'occupent de questions qui touchent l'industrie dans son ensemble, comme l'enregistrement de disques à domicile qui fait perdre à cette dernière des millions chaque année; elles s'emploient à stimuler les investissements privés, à collaborer avec le gouvernement à l'élaboration de politiques culturelles et économiques et à favoriser l'adaptation aux nouvelles technologies comme le disque compact, les bandes audionumériques (BAN), les vidéoclips et tous les nouveaux modes de distribution par câbles de fibres optiques et par satellite vers les systèmes des clients.
Les prix JUNO (fondés en 1964) sont des récompenses présentées chaque année par la Canadian Academy of Recording Arts and Sciences (CARAS) à des interprètes, producteurs et compositeurs d'après la quantité de disques vendus au cours d'une période donnée. Au Québec, l'ADISQ a créé en 1979 ses propres prix, les Félix.
Voir aussiMUSIQUE DE CHAMBRE; MUSIQUE COUNTRY ET WESTERN; MUSIQUE FOLKLORIQUE; JAZZ; ÉDITION MUSICALE; MUSIQUE ORCHESTRALE; MUSIQUE POPULAIRE.