Donald Lewes Hings, MBE, C.M., inventeur, ingénieur et pionnier du domaine des télécommunications (né le 6 novembre 1907 à Leicester, au Royaume-Uni; décédé le 25 février 2004 à Burnaby, en Colombie-Britannique). Donald Hings a contribué au développement des technologies électroniques et géophysiques pendant plus de 60 ans. Il est à l’origine de plus de 55 brevets au Canada et aux États-Unis, mais est surtout connu pour avoir inventé le système de radiofréquences communément appelé « walkie-talkie ». Ce système de communication a été adopté par les forces armées du Canada, du Royaume-Uni et des États-Unis et a fourni aux combattants un moyen de communication fiable sur les champs de bataille, contribuant à sauver la vie d’un nombre incalculable de soldats alliés durant la Deuxième Guerre mondiale. Les travaux pionniers de Donald Hings ont ouvert la voie à beaucoup des systèmes de communication à radiofréquences utilisés encore aujourd’hui. (Voir aussi Télécommunications.)
Jeunesse et formation
Les parents de Donald Hings se séparent alors qu’il est encore très jeune. Il quitte le Royaume-Uni pour vivre au Canada avec sa mère à l’âge de trois ans. Il fréquente l’école primaire à Lethbridge, en Alberta puis à North Vancouver, en Colombie-Britannique. Pour aider sa mère, Donald quitte l’école très tôt et devient ouvrier dans une fabrique de contreplaqué. Il ne reçoit aucune éducation collégiale. Ayant hérité d’une propriété à Rossland, en Colombie-Britannique, sa mère l’amène dans la région de Kootenay, un secteur isolé du sud-est de la Colombie-Britannique.
Fascination de la radio
Le jeune Donald Hings est fasciné par cette merveille relativement nouvelle qu’est la radio, et il étudie cette technologie en grande partie de manière autodidacte (voir aussi Télécommunications). À 14 ans, il construit son premier récepteur radio à cristal. Il devient opérateur de radio HAM (un surnom pour les opérateurs de radio amateurs) identifié par les lettres « VE7BH », qu’il conservera pendant plus de 80 ans. Jeune homme, Donald Hings contribue à mettre sur pied la première station radio de la région de Kootenay. En 1930, quand il commence à travailler pour la Consolidated Mining and Smelting Company of Canada Limited (CM&S, qui deviendra plus tard Cominco Ltd.) à Trail, en Colombie-Britannique, on l’encourage à utiliser son expertise pour résoudre des problèmes de communication qui sont fréquents parmi les aviateurs et les résidents des communautés éloignées, comme les localités d’exploitation minière de l’intérieur de la Colombie-Britannique.
Communications sol-air
Donald Hings conçoit des équipements géophysiques pour CM&S. La direction de la compagnie le charge de concevoir un système en temps réel permettant des communications entre les avions et les exploitations minières et d’autres sites terrestres dans des régions éloignées de l’Ouest canadien et du Grand Nord. En juin 1930, un avion de CM&S utilisant un équipement fabriqué par Donald Hings réussit à établir une communication avec une station télégraphique du chemin de fer du Canadien Pacifique à Nelson, en Colombie-Britannique, en utilisant un code continental. Ceci conduit au développement des radios d’avions légères qui seront utilisées par toute la flotte d’avions de la compagnie. Vers 1938, Donald Hings met au point un appareil radio appelé 10PC20 qui permet aux pilotes de communiquer vocalement avec des personnes au sol.
Émetteur-récepteur radio portatif d’urgence
En 1937, Donald Hings met au point un émetteur-récepteur radio portatif d’urgence baptisé « Packset ». L’appareil utilise une forme particulière de modulation, un processus permettant de transformer le son en ondes radio. Donald Hings surnomme ce type de modulation « ever expanding » (expansion constante) et, selon ce que rapporte Guy L. Cramer en 2001, il décrit cette forme de modulation comme « la clé de tout ». L’onde porteuse en expansion améliore la voix et permet au transmetteur d’atteindre une portée de 209 km. L’appareil règle beaucoup des problèmes présents dans les équipements précédents et comprend un brouilleur de voix et un filtre antibruit. Ce nouveau transmetteur radio se révélera d’une utilité vitale pour les géologues ou des pilotes en cas d’écrasement ou autres situations d’urgence. Il est léger et équipé d’un réceptacle flottant et étanche, peint en jaune au cas où le pilote l’échapperait dans un lac.
En 1939, Donald Rings propose à son employeur de demander un brevet pour la technologie qu’il a mise au point. Mais la CM&S, étant une compagnie minière, ne s’intéresse pas à des brevets en communications. Donald Hings a donc le champ libre pour demander un brevet à son propre nom. En septembre 1939, il se rend à Spokane, dans l’État de Washington, la ville la plus proche disposant d’un avocat en brevet autorisé. Il consacre toute une journée à essayer d’expliquer des principes d’électronique à un avocat de brevet senior. De retour à sa chambre d’hôtel, il apprend que le Canada vient d’entrer en guerre contre l’Allemagne nazie. (Voir aussi Deuxième Guerre mondiale.)
Service de guerre et invention du walkie-talkie
Après avoir obtenu un brevet pour le Packset, Donald Hings offre au gouvernement fédéral et au haut commandement britannique d’utiliser gratuitement sa radio sans fil pour la durée de la guerre (voir Deuxième Guerre mondiale). Les militaires canadiens et britanniques se montrent très intéressés. Après une démonstration réussie pour l’Aviation royale canadienne (ARC) à Vancouver, Donald Hings est invité à donner une autre démonstration à Ottawa pour le gouvernement fédéral et les militaires. Avec son jeune assistant, Thurb Cushing, il réalise la démonstration sur les terrains de l’édifice des laboratoires du Conseil national de recherches du Canada, sur Sussex Drive, à Ottawa (voir Conseil national de recherches du Canada). À l’invitation du colonel Harold Taber, officier responsable de l’Établissement de recherche et de développement des transmissions, Donald Hings devient membre volontaire du Corps royal canadien des transmissions. (Voir aussi Forces armées canadiennes.) Officiellement, il reste un civil à l’emploi de CM&S.
Une usine de réfrigérateurs de Toronto est convertie en atelier où les radios de Donald Hings seront fabriquées en vue d’une utilisation militaire. Jusqu’à la fin de la guerre, à peu près 18 000 walkie-talkies y sont manufacturés. Une série de radios sont conçues à des fins spécifiques, par exemple, pour être utilisées dans les régions polaires ou tropicales, par les parachutistes ou à bord des péniches de débarquement, comme celles qui seront utilisées en Normandie lors du débarquement du jour J (voir Le jour J et la bataille de Normandie). Au début, le projet radio est gardé secret. Toutefois, en 1943, le nouvel appareil est dévoilé lors d’une conférence de presse tenue à Toronto dans le cadre d’un effort de recrutement de l’armée. Le Toronto Star révèle dans un article du 24 septembre que la radio est appelée familièrement walkie-talkie. Selon une anecdote peut-être fictive, un soldat aurait dit à un journaliste : « Vous pouvez parler tout en marchant avec lui ». La radio conçue par Donald Hings est supérieure aux appareils similaires utilisés par les Alliés et les puissances de l’Axe pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Après la guerre
En 1946, Donald Hings est reçu membre de l’Ordre de l’Empire britannique. Il est reçu dans l’Ordre du Canada en 2001. Donald Hings a construit une maison à Burnaby, en Colombie-Britannique, qui est devenue le centre d’une communauté de scientifiques. Devenu président et ingénieur en chef de sa propre compagnie, Electronic Laboratories of Canada Limited, Donald Hings a obtenu de nombreux contrats du ministère de la Défense nationale, dont des travaux de conception d’antennes et de radars pour le Réseau d’alerte avancé (DEW) dans le Grand Nord canadien (voir Ligne de radars avancés). Parmi ses autres projets, on retrouve la recherche et le développement d’appareils pour mesurer les causes et les effets des vecteurs de pollution atmosphérique à longue distance. Donald Hings était membre de l’Association des ingénieurs professionnels et des géoscientifiques de Colombie-Britannique (APEGBC), de l’Ordre des ingénieurs de l’Ontario (APEO) et de l’American Geophysical Union (AGU).