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Donald Willard Moore

Donald Willard Moore, C.M., O.Ont., dirigeant communautaire canadien originaire de la Barbade, activiste pour les droits civiques, défenseur (né le 2 novembre 1891 dans la paroisse St. Michael à la Barbade; décédé le 22 août 1994 à Toronto en Ontario). Tout au long de sa vie, Donald Moore a fait carrière dans la lutte contre les injustices raciales et les politiques d’immigration racistes. (Voir Racisme anti-Noirs au Canada.) Les efforts qu’il a déployés aux côtés de sa communauté ont contribué à la mise en place du programme de recrutement des domestiques antillaises. Il a également cherché à accroître les possibilités économiques pour les communautés noires et caribéennes.

Portrait de Stanley Grizzle, Harry Gairey, Bromley Armstrong, and Donald Moore (assis)

Jeunesse, éducation et carrière

Donald Moore naît à la Barbade. Sa mère est Ruth Elizabeth Moore et son père est Charles Alexander Moore. Charles Alexander est ébéniste en plus d’être membre de la Barbados Harbour Police Force. Donald Moore suit une formation de tailleur dans sa Barbade natale.

À l’âge de 21 ans, Donald Moore émigre d’abord à New York et ensuite à Montréal. À Montréal, il se trouve un emploi comme porteur de wagons-lits pour le chemin de fer Canadien Pacifique. En tant que porteurs de wagons-lits, les hommes noirs peuvent voyager à travers le Canada et découvrir différentes régions du pays. En 1913, le travail de porteur de wagons-lits de Donald Moore l’amène à Toronto. Une fois à Toronto, et après avoir économisé la somme nécessaire, Donald Moore s’inscrit au Dominion Business College. Il y suit les cours requis pour s’inscrire au programme de médecine dentaire de l’Université Dalhousie à Halifax en 1918.

Après avoir étudié à Dalhousie pendant un an, Donald Moore contracte la tuberculose. Il passe 18 mois de convalescence dans un hôpital suite à cette maladie infectieuse. Avec ses études qui touchent à leur fin et son espoir de devenir dentiste, Donald Moore retourne à Toronto.

En 1920, Donald Moore commence à travailler chez Occidental Cleaners and Dyers. Il achète ensuite l’entreprise et l’exploite durant 40 ans. L’entreprise de Donald Moore devient un lieu de rassemblement pour la communauté caribéenne, ainsi que pour la branche torontoise de la Universal Negro Improvement Association (UNIA), la West Indian Progressive Association et la West Indian Trading Association.

Activisme et travail communautaire

En 1928, Donald Moore rencontre le panafricaniste, activiste, fondateur et président de la UNIA, Marcus Garvey. Les opinions, les principes et les politiques de Marcus Garvey influencent grandement Donald Moore. Il devient un membre fondateur de la branche torontoise de la UNIA. Il est également membre fondateur de la West Indian Trading Company et de la première coopérative de crédit noire, fondée en 1944.

En 1951, Donald Moore fonde la Negro Citizenship Association (NCA), un organisme social et humanitaire de défense des droits civiques. Il en est le premier directeur. La NCA cherche à contester les politiques d’immigration qui empêchent les Noirs caribéens d’immigrer au Canada. La NCA veut également mettre fin à l’incarcération des migrants qui risquent d’être déportés. (Voir Détention d’immigrants au Canada.)

Jusque dans les années 1960, le Canada a des politiques d’immigration très discriminatoires. Avant cela, la Loi sur l’immigration comprend deux catégories de « sujets britanniques » au sein du Commonwealth : les « Noirs » et les « Blancs ». Les Noirs des Caraïbes, d’Afrique et d’Asie du Sud-Est ne peuvent pas immigrer au Canada. Selon les autorités canadiennes, les Noirs de ces régions ne peuvent pas s’adapter au climat rigoureux du Canada ni s’assimiler à la société canadienne. (Voir Ségrégation raciale des Noirs au Canada.) Donald Moore est déterminé à modifier ces politiques d’immigration restrictives pour les Noirs qui cherchent à immigrer au Canada. Il inspire ceux qui l’entourent à unir leurs forces et à lutter pour leurs droits.

Le 27 avril 1954, Donald Moore et son ami Bromley Armstrong amènent 34 représentants de la NCA, de syndicats, de conseils du travail et d’autres organismes communautaires à Ottawa. Ils y rencontrent le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, Walter Harris, et ils lui présentent un dossier sur les lois discriminatoires en matière d’immigration du Canada. Le dossier souligne également l’impact de ces lois discriminatoires et formule des recommandations pour des changements. Grâce à cette initiative, le gouvernement canadien adopte finalement le programme de recrutement des domestiques antillaises. Cette nouvelle politique permet aux femmes noires de travailler au Canada comme domestiques. En 1955, le travail de Donald Moore avec les gouvernements jamaïcain, barbadien et canadien permet aux domestiques noires d’obtenir également leur résidence permanente après un an de travail au Canada.

Donavalon Centre

En 1956, Donald Moore et deux autres membres du NCA achètent une maison de douze pièces sur la rue Cecil à Toronto. Ils la transforment en centre de loisirs pour la communauté caribéenne : le Donavalon Centre. Ce centre devient le siège de la branche torontoise de la UNIA et de la Toronto Negro Citizenship Association. De plus, il offre de nombreuses activités à la communauté caribéenne, comme des thés et des programmes du dimanche. On y trouve même une publication trimestrielle destinée à ses membres ainsi que des services d’assurance. En 2000, le service des Affaires culturelles de la ville de Toronto érige une plaque au 20 rue Cecil pour commémorer et célébrer les importantes contributions de Donald Moore aux communautés noires caribéennes de la ville.

Famille

Donald Moore est marié à sa femme Kay durant presque 30 ans. Ils ont un fils biologique nommé Desmond Moore, et trois beaux-enfants : Karlene, Lawson and Betty.

Vie ultérieure

Donald Moore continue à exploiter son entreprise de nettoyage à sec dans différents endroits de Toronto jusqu’à sa retraite en 1975. Cette même année, il se retire également de la vie publique en tant que dirigeant communautaire et activiste. Il tourne alors son attention vers son amour de la photographie et du jardinage. Il crée et cultive également un jardin et une serre magnifiquement aménagés sur son terrain de deux acres situé sur l’avenue Drewry. Il y vit dans une maison qu’il construit lui-même. Donald Moore est membre de la North York Horticultural Society et il remporte un prix pour ses compétences et son talent en jardinage.

Le 22 août 1994, Donald Moore meurt dans son sommeil à l’âge de 102 ans. Il est enterré au Sanctuary Park Cemetery de Etobicoke en Ontario.

Legs, distinctions et prix

Le legs que Donald Moore laisse est encore présent dans les mémoires, et il est toujours valorisé et apprécié de nos jours. Donald Moore est lauréat de nombreux prix et distinctions.

  • Award of Merit de la ville de Toronto (1982)
  • Harry Jerome Award of Merit (1984)
  • Médaille du bicentenaire de l’Ontario (1984)
  • Médaille du service de la Barbade (1986)
  • Médaille du mérite civique de l’Ontario (1987)
  • Ordre de l’Ontario (1988)
  • Ordre du Canada (1989)
  • Fonds Donald Willard Moore Scholarship (1991)

Depuis 2000, une plaque de la ville de Toronto située au 20 rue Cecil honore ses contributions. Un organisme communautaire barbadien canadien qui aide les immigrants au Canada porte également son nom.