Fondation et débuts
Natif de Toronto, Doug Bennett complète une formation de graphiste, puis s'installe à Vancouver en 1973, où ses illustrations et bandes dessinées paraissent dans l’hebdomadaire Georgia Strait. Au milieu de 1977, il commence à jouer dans avec le guitariste et chanteur vancouvérois John Burton, ancien membre du groupe Uncle Slug. À l’automne 1978, après le départ de plusieurs membres, Bennett et Burton rassemblent l'effectif définitif de Doug and the Slugs : Richard Baker à la guitare, Simon Kendall au clavier, Steve Bosley à la basse et John « Wally » Watson à la batterie.
Le groupe se forge rapidement une réputation de bar band exceptionnel. L'humour farfelu de ses membres, leur sens fou du spectacle et l’image de star légèrement décalée de Bennet, en font l'un des groupes les plus populaires de la scène musicale en plein essor à Vancouver. Lorsqu’il manque d’engagements pour le groupe, Bennett et Burton organise des fêtes thématiques ou costumées dans les salles locales. Les concerts deviennent des fiestas, alors que Bennett surmonte son trac et sert de maître des cérémonies exubérant lors d'événements conçus autour des thèmes tels « Monsieur l’agent secret » et « fiasco sur une serviette de plage. »
Son et image uniques
Bien que les critiques passent invariablement des commentaires sur la personnalité irrévérencieuse de Bennett, ils notent aussi le son éclectique et énergétique du groupe. Jim Sullivan, du Boston Globe, définit la « slugmusique » comme « un mélange de rhythm and blues, de hard rock, de Tex-Mex, de calypso, de blues et d’insolences irrévérencieuses ». Une citation de Bennett, en 1980, décrit encore plus justement le style du groupe : « C’est le rock and roll de base, mais avec une perspective kafkaïenne, populaire, pavlovienne, existentielle, calviniste, zen, une musique de libéral new-yorkais et d’intellectuel juif. »
Rudyard Kennedy, critique de AllMusic note la « profondeur inattendue » du groupe : « Si l’on creuse un peu plus pour arriver aux mots cachés sous le dynamisme des grooves populaires des Slugs, on découvre que les personnages des chansons du chanteur-compositeur Doug Bennett ne sont que rarement aussi optimistes que les chansons qu'ils habitent. En fait, certains des narrateurs de Bennett sont de cyniques et sordides personnages antisociaux à la manière de Randy Newman… »
Années 1980
La première chanson du groupe, « Too Bad», sort en novembre 1979 sur Ritdong, le label de Doug and the Slugs. Cette chanson très communicative tourne en boucle à la radio et devient un succès au Top 20 canadien. En moins de six mois, le groupe signe une entente de distribution avec RCA Records. Son premier album, Cognac & Bologna (1980), se vend à plus de 50 000 copies au Canada et « Too Bad » est nommé pour le Juno de la chanson la plus populaire de l’année.
L’imprésario Sam Feldman (qui représentera plus tard Diana Krall, Joni Mitchell et Elvis Costello) et son assistante Denise Donlon font rapidement progresser la carrière des Slugs, dont le deuxième album, Wrap it up! (1981), auquel les The Nylons prêtent leurs voix, est produit en collaboration avec Jim Wallace. Le point culminant de leur tournée américaine est une apparition à l’émission de télé « Late Night with David Letterman ». La diffusion fréquente de leurs vidéoclips réalisés par Bennett, et parmi les premiers à paraître sur les ondes du MTV, facilite leur succès.
Pendant les années 1980, Bennet produit et réalise plus que 20 vidéoclips pour d'autres artistes, comme Trooper, les Headpins, Zappacosta et Images in Vogue.
Le troisième album du groupe, Music For the Hard of Thinking (1983), devient disque d’or au Canada grâce à la chanson du Top 40 « Who Knows How to Make Love Stay » et le favorite live « Making It Work ». Doug and the Slugs reçoit une nomination Prix Juno pour le meilleur nouveau groupe, mais est incapable de percer sur la scène internationale. RCA annule son contrat avec le groupe après avoir sorti la compilation des grands succès du début de leur carrière, Ten Big Ones, en 1984.
Cette même année, Les Slugs signent une entente de distribution avec A&M Records et sortent Popaganda (1984), qui devient disque d’or au Canada. Tomcat Prowl (1988) est réalisé par Brian MacLeod, de Chilliwack et des Headpins. Le titre éponyme de l'album atteint le Top 40. A&M gère aussi l’album solo de Bennet, Animato (1986), mais le contrat avec Doug and the Slugs expire après Tomcat Prowl. Les Slugs sortent leur dernier album, Tales from the Terminal City (1992), sur le label indépendant de Bennet, Tomcat Records.
Années 1990 et 2000
Les membres fondateurs des Slugs cessent de jouer ensemble au milieu des années 1990, mais Bennett continue sa carrière avec d’autres musiciens. La compilation des grands succès Slugology 101: A Decade of Doug and the Slugs (1992) atteint le sommet du palmarès de vente chez Tomcat Records. En 1999, « Too Bad » connaît un regain de popularité lorsque Norm Macdonald le prend pour thème mélodique de sa série télévisée The Norm Show sur ABC-TV.
Bennet poursuit ses tournées jusqu’à sa mort à l’âge de 52 ans, le 16 octobre 2004. En 2003, à la veille d’un spectacle réunissant tous les membres fondateurs et marquant le 25e anniversaire de Doug and the Slugs, il déclare au Vancouver Sun : « En ce qui me concerne, ce succès énorme, gigantesque, c’était une bénédiction, une prime, un vrai plaisir; mais je ne m'attendais pas à ce que ça dure. Nous avons eu près de huit ans de succès, tandis que Flock of Seagulls n’en a eu que pendant huit minutes. »
Parmi les témoignages qui ont suivi le décès de Bennett, celui de Sam Feldman : « Doug pouvait s’exprimer par n’importe quel médium. Son habileté satirique et son génie de marketing étaient phénoménaux. Il était vraiment, vraiment intelligent. J’ai beaucoup appris de ce type-là. » Bennet est intronisé au BC Entertainment Hall of Fame en 2007.
Réunion du groupe
En 2009, les membres fondateurs Burton, Baker, Kendall, Bosley et Watson reforment le groupe sous le nom de Doug & the Slugs, avec le chanteur Ted Okos, et commencent à faire les circuits de casinos et de festivals d'été canadiens.
Une version de cet article est apparue dans l’Encyclopédie de la musique au Canada.