Eenoolooapik, aussi connu sous le nom de Bobbie, guide et voyageur inuit (né vers 1820 à Qimisuk [ou Qimmiqsut], baie Cumberland, aux Territoires du Nord-Ouest; mort en 1847 dans la baie Cumberland, au Nunavut). Eenoolooapik a fourni au capitaine de baleinier britannique William Penny une carte de la baie Cumberland qui a permis de retrouver cette région 255 ans après avoir été traversée par l’explorateur britannique John Davis. Les données géographiques fournies aux baleiniers par Eenoolooapik leur ont permis de maintenir pendant des années des stations de pêche permanentes dans la baie Cumberland.
Jeunesse
Jeune garçon, Eenoolooapik et d’autres Inuits rencontrent des baleiniers britanniques à Cape Enderby. Après les avoir suivis à Cape Searle, et avoir entendu parler de leur pays natal, Eenoolooapik devient très curieux de connaître la vie hors de l’Arctique. Il aimerait se joindre aux baleiniers pour voyager, mais il est trop attaché à sa famille pour partir. Aîné de la famille, Eenoolooapik prend soin de sa mère et de ses frères et sœurs depuis que leur père a pris une autre épouse.
En septembre 1839, Eenoolooapik rencontre le capitaine baleinier britannique William Penny. Afin de relancer une industrie en déclin, William Penny cherche un nouveau territoire de pêche à la baleine. Il a entendu parler d’un endroit appelé Tenudiackbeek (aujourd’hui baie Cumberland) que l’on dit regorger de baleines. Eenoolooapik connaît bien l’endroit puisqu’il y a vécu. William Penny demande à Eenoolooapik de revenir avec lui en Écosse pour convaincre la marine britannique de commanditer une expédition dans la région. Il offre des présents à la famille d’Eenoolooapik, en compensation pour son absence temporaire. Ils partent tous deux pour Aberdeen en octobre, et arrivent en novembre.
Le saviez-vous ?
La sœur d’Eenoolooapik, Tookoolito, a parcouru plusieurs parties du monde avec l’explorateur Charles Francis Hall.
Travail en Angleterre
Après avoir pratiqué le kayak et la chasse en Angleterre, Eenoolooapik contracte une pneumonie. Il est devenu une célébrité parmi la population d’Aberdeen, et sa guérison est suivie par la presse locale. C’est à ce moment qu’Eenoolooapik rencontre le chirurgien Alexander McDonald, qui deviendra son tuteur et son biographe. Dès que son état de santé le permet, on amène Eenoolooapik visiter la ville, et il est invité de nombreux événements et bals. Il est bien reçu par les locaux, qui le décrivent comme un homme amical et intelligent, ayant le sens de l’humour.
Eenoolooapik dresse une carte de Tenudiackbeek (baie Cumberland), qu’il présente à la Navy avec William Penny. Aucune expédition n’est financée, mais William Penny retourne quand même dans l’Arctique en 1840. Eenoolooapik l’aide à retrouver la baie Cumberland. William Penny baptise la région baie de Hogarth (en l’honneur d’un de ses bailleurs de fonds), n’ayant pas réalisé qu’il s’agit de la baie Cumberland que l’explorateur John Davis a traversée en 1585.
Retour en Arctique
S’ennuyant de son pays, Eenoolooapik quitte William Penny et les baleiniers pour retrouver sa famille à Cape Searle. Il reprend son mode de vie traditionnel, épouse une femme nommée Amitak et vit de la chasse et de la traite. Lorsque William Penny revient dans la baie Cumberland en 1844, Eenoolooapik a un fils, Angalook. Eenoolooapik meurt de la tuberculose trois ans plus tard.
Postérité et signification
Peu après sa mort, hiverner dans la baie Cumberland devient une pratique courante pour les baleiniers. En partageant ses connaissances avec ses amis européens, Eenoolooapik a permis la création de stations côtières qui fourniront du travail à beaucoup d’Inuits. Sans le savoir, il a aussi accéléré la colonisation de sa terre natale. L’histoire d’Eenoolooapik, que nous connaissons bien grâce à sa biographie d’Alexander M’Donald, A Narrative of Some Passages in the History of Eenoolooapik (1841), rappelle l’importance et l’utilisation des connaissances inuites pour l’exploration de l’Arctique.