Article

Elisapie Isaac

Elisapie Isaac (aussi Elisapie ou ᐃᓕᓴᐱ en inuktitut), chanteuse, musicienne, compositrice, documentariste, autrice, réalisatrice, actrice, conceptrice d’événements télévisuels (née en 1977 à Salluit au Québec). Elisapie est une autrice-compositrice-interprète et actrice inuite active depuis le début des années 2000. Elle a remporté de nombreux prix pour ses réalisations artistiques. Elle chante en français, en anglais et en inuktitut.

Elisapie en spectacle au Festival des Vieilles Charrues

Jeunesse et éducation

Elisapie Isaac naît et grandit à Salluit, la deuxième communauté la plus au nord du Québec, qui fait partie de la région du Nunavik. Sa mère est inuite et son père vient de Terre-Neuve. Elisapie est adoptée à la naissance par des proches inuits à la suggestion de sa grand-mère. Elle devient l’aînée de cette famille. Sa mère biologique vit dans le même village qu’elle lorsqu’elle est enfant. Elle rencontre son père biologique au début de l’adolescence. Pendant sa jeunesse, Elisapie passe généralement ses hivers dans le village de Salluit et ses étés dans des camps avec des membres de sa famille. La jeune fille grandit dans une famille de musiciens. Son oncle, George Kakayuk, fait partie d’un groupe rock inuit nommé Sugluk, aussi connu sous le nom de Salluit Band. Elisapie se produit avec le groupe pendant sa jeunesse. Enfant, sous les conseils de sa mère adoptive, elle appelle la radio locale pour chanter en ondes. En 1999, elle déménage à Montréal pour étudier en communication au cégep John Abbott.

Carrière

Comme premier projet artistique original, Elisapie réalise un documentaire. Le film, Sila piqujipat/Si le temps le permet/If the Weather Permits, est dédié à son grand-père et est un documentaire trilingue (en inuktitut, en français et en anglais) qui se concentre sur la vie dans la communauté de Kangirsujuaq, un village inuit dans l’extrême nord du Québec. Le film explore les enjeux liés aux traditions et à la modernité dans une communauté inuite isolée. Il met en contraste les jeunes Inuits qui absorbent la culture du sud du Canada et la culture des aînés de la communauté qui est de « vivre de la terre ». Cette même année, le film remporte un prix Jutra (aujourd’hui prix Iris), un prix cinématographique prestigieux au Québec. Il remporte également plusieurs autres prix et distinctions.


Elisapie rencontre le multi-instrumentiste Alain Auger à Montréal en juillet 2000. Ils sont immédiatement impressionnés par les talents musicaux l’un de l’autre. Ils se mettent à travailler ensemble. Leur premier projet est un album éponyme qui remporte le prix Juno de 2005 pour l’album autochtone de l’année. Le titre de l’album, Taima, signifie en inuktitut « C’est assez! C’est terminé. Passons à autre chose ». L’album Taima est très bien reçu dès sa sortie. Il mélange une grande variété de styles musicaux, comme le jazz, le nouvel âge, le rock et la pop. L’album connaît un grand succès au Canada et à l’échelle internationale.

En 2006, Elisapie écrit des paroles pour de la musique composée par le chef d’orchestre français Bruno Coulais. La musique est créée pour le documentaire La Planète blanche de l’Office national du film du Canada, film qui porte sur la vie sauvage dans l’Arctique. Elisapie chante sur la trame sonore du film.

Depuis, Elisapie lance plusieurs autres albums, comme There Will Be Stars (2009), Travelling Love (2012) et The Ballad of the Runaway Girl (2018). En 2019, The Ballad of the Runaway Girl reçoit une nomination pour le prix Juno de l’album de musique autochtone de l’année et pour le prix de musique Polaris. Cet album remporte également deux prix Félix et un prix GAMIQ pour l’album folk de l’année en 2019. En 2023, Elisapie sort une version en inuktitut de la chanson Heart of Glass, enregistrée initialement en 1979 par le groupe punk rock Blondie. Plus tard cette même année, elle lance Inuktitut, un album de reprises de dix chansons qu’elle traduit et chante en inuktitut. Elisapie cite Blondie, Neil Young, Bob Dylan, Leonard Cohen et Led Zeppelin comme étant ses influences majeures. Ces grands noms du rock classique ont également inspiré son oncle George.


En 2013, Elisapie reçoit par erreur une nomination pour le prix Juno de l’artiste émergent de l’année. Comme elle a déjà remporté un prix Juno en 2005 pour Taima, elle ne peut être considérée comme une artiste « émergente » huit ans plus tard.

Également en 2013, Elisapie prête sa voix, à la fois dans un rôle parlé et pour les chansons, aux versions anglaise et française du film The Legend of Sarila (v.f. La légende de Sarila), dans lequel elle incarne le rôle de Sedna. Elle joue également le rôle de Miali en voix hors champ dans le film animé Soul (v.f. Âme) en 2020.

En plus de faire du doublage, Elisapie joue dans plusieurs films et séries. Ses rôles comprennent entre autres une femme inuite malade dans le film de 2008 intitulé Ce qu’il faut pour vivre, elle est participante à l’émission Building the Inuit Homeland et elle tient le rôle de Sabrina Bérubé-Caron dans cinq épisodes de Motel Paradis.

Elisapie joue également dans un projet cinématographique unique, dans lequel elle incarne une neuroscientifique qui développe une mélophobie, qui signifie une peur ou une aversion de la musique, dans le film V F C. Ce film est un film d’art et d’essai d’horreur qui est également une expérience de réalité augmentée. Dans V F C, dont le tournage a lieu en 2021 et la postproduction en 2023, chaque spectateur peut écouter une trame sonore personnalisée.

Alors qu’elle réfléchit au thème récurrent des influences opposées, Elisapie affirme : « En tant qu’Inuits, nous n’avons pas peur de mélanger les choses. Notre culture est très éclectique; ce n’est pas une culture qui nous retient, mais plutôt une culture en transition ».

En 2020, Elisapie remporte le prix Félix de l’artiste autochtone de l’année, pour lequel elle avait été mise en nomination l’année précédente. La même année, elle contribue à la trame sonore de l’émission télévisée Eaux turbulentes, en collaboration avec Frédéric Levac. De plus, elle produit Le Grand Solstice depuis 2021, la première émission télévisée nationale qui célèbre la Journée nationale des peuples autochtones.

Elisapie en spectacle à la Marche pour le climat

Vie personnelle

Elisapie a trois enfants et elle vit dans la région de Montréal. Elle se rend régulièrement dans son Nunavik natal.

Prix et mentions

Le premier projet d’Elisapie, le documentaire Sila piqujipat/Si le temps le permet/If the Weather Permits, remporte le prix Rigoberta Menchu au festival Présence autochtone de Montréal en 2003. Son premier album, Taima, remporte en 2005 le prix Juno du meilleur album autochtone de l’année. Son album de 2018, The Ballad of the Runaway Girl, reçoit l’année suivante une nomination pour le prix Juno de l’album autochtone de l’année et fait partie de la présélection pour le prix de musique Polaris de 2019. En 2021, Elisapie est nommée Compagne des arts et des lettres du Québec par le Conseil des arts et des lettres du Québec. En 2023, Elisapie reçoit un doctorat honorifique de l’Université Concordia. Elle remporte le prix de l’artiste ou groupe autochtone contemporain de l’année aux Juno de 2024. En 2024, Elisapie figure sur un timbre de Postes Canada dans le cadre de la série de timbres sur les dirigeants autochtones.

Timbre commémoratif d’Elisapie
;