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Emblèmes du Canada

Les emblèmes du Canada comprennent les armoiries et le drapeau national. En 1497, lorsque John Cabot arrive sur les côtes de l’Amérique du Nord, il plante une croix et dresse la bannière royale de l’Angleterre.
Drapeau du Canada
Drapeau du Canada (oeuvre de Karen Bailey).

Les emblèmes du Canada comprennent les armoiries et le drapeau national. En 1497, lorsque John Cabot arrive sur les côtes de l’Amérique du Nord, il plante une croix et dresse la bannière royale de l’Angleterre. Depuis lors, les emblèmes du Canada évoluent par rapport à ceux qui sont toujours utilisés par la France et la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, ils se composent de symboles nationaux tels que le castor et la feuille d’érable.

Armoiries

Le 24 juin 1497, jour de la Saint-Jean-Baptiste, lorsque John Cabot (Giovanni Caboto) débarque sur les côtes de l’Amérique du Nord, il prend officiellement possession des terres environnantes au nom du roi Henry VII d’Angleterre. Il dresse une grande croix et la bannière royale, qui contient les trois fleurs de lys d’or de France sur fond bleu et les trois léopards d’or d’Angleterre sur fond rouge, ils apparaissent en deux fois. À partir de 1340, les fleurs de lys occupent la plus importante partie de la bannière royale et des armoiries et expriment la revendication de l’Angleterre au trône de France.

En 1583, les Britanniques continuent d’afficher les armoiries royales à des revendications territoriales, telle que la cérémonie de Sir Humphrey Gilbert réclamant Terre-Neuve. Ils ornent les sceaux utilisés dans les colonies canadiennes et les médailles décernées aux chefs autochtones par les souverains britanniques. Il existe encore quelques exemples d’armoiries royales dans les palais de justice, les bureaux de poste et les églises anglicanes.

Comme celles des Britanniques, les armoiries royales de France (les trois fleurs de lys d’or sur fond bleu) sont systématiquement affichées à des cérémonies de revendications territoriales en commançant par Jacques Cartier en 1534. En Nouvelle-France, elles sont exposées sur les portes de la ville, les forts et les bâtiments importants, y compris les églises et les lieux publics. Elles apparaissent aussi sur les sceaux et les monnaies du gouvernement.

En 1867, lors de la Confédération, on n’affecte pas d’armoiries au nouveau Dominion du Canada. En 1868, les premières provinces : la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, le Québec et l’Ontario en reçoivent par un décret royal qui prévoyait aussi un grand sceau du Canada composé d'un écusson portant les armoiries des quatre provinces. Sur le grand sceau assigné au Canada en 1869, les armoiries de chaque province apparaissent séparément, deux de chaque côté de la reine Victoria sur son trône. L’écu des quatre provinces existe encore et est considéré comme les armoiries du Dominion.

Comme d’autres provinces se joignent à la Confédération, les armoiries qui leur sont attribuées sont ajoutées à l’écu, créant une agrégation insatisfaisante. Un comité canadien nommé en 1919, décide dans un délai d’un an, d’adopter les éléments de base d’une nouvelle conception, qui sont transmis au Collège d’armes de Londres, en Angleterre, pour examen. Les armoiries du Canada sont assignées en 1921, par proclamation de Sa majesté le roi Georges V.

La conception est traditionnelle, on y trouve l’écu affichant les armoiries de l’Angleterre, de l’Écosse, de l’Irlande et de la France symbolisant les fondateurs de la nation. Dans un champ blanc, dans le bas de l'écu, se trouve un rameau de trois feuilles d’érable qui symbolise les nombreux peuples de la nouvelle nation. En 1957, les feuilles vertes deviennent officiellement rouges, une couleur automnale commune, et qui est en accord avec les couleurs nationales du Canada, rouge et blanc. Le cimier et les supports de l’écu sont très semblables aux armoiries royales de la Grande-Bretagne. La devise A Mari Usque ad Mare, ce qui signifie (« D’un océan à l’autre ») est tirée de la Bible, plus précisément du Livre des Psaumes, chapitre 72, verset 8, qui dit « Il dominera d’une mer à l’autre, et du fleuve aux extrémités de la terre » (dans la version de la Bible de King James). En 1994, un ruban portant la devise de l’Ordre du Canada, Desiderantes meliorem patriam qui signifie (« Ils aspirent à une meilleure patrie »), est ajouté aux armoiries du Canada.

Drapeau

Le drapeau rouge et blanc avec une feuille d’érable stylisée est proclamé drapeau national du Canada par la reine Elizabeth II en 1965. Son adoption représente l’aboutissement de nombreuses années de discussion, des centaines de dessins et l’intense débat sur le drapeau au Parlement. Ses dimensions sont deux de longueur sur un de largeur. Le drapeau national du Canada porte en son centre un carré blanc appelé « pal canadien » parce qu’il est deux fois plus large que le pal habituel, un terme héraldique qui signifie une bande verticale.

Avant 1965, le Canada n’a pas de drapeau officiel. Sous le régime français, la bannière royale de France, avec trois fleurs de lys sur fond bleu flotte brièvement durant les premières années de la colonisation au Canada et de l’échec de la colonisation en Floride en 1564-1565. Au cours de la première moitié du XVIIe siècle, les Canadiens sont convaincus que le drapeau entièrement blanc de la Marine royale française qui flotte sur les navires et les forts, est en fait, le drapeau national de la France, le drapeau auquel ils font allégeance. Après la Conquête en 1760, les drapeaux qu’on voit le plus sont celui de la Grande-Bretagne (l’Union Jack) et le Red Ensign canadien. Ce dernier est le drapeau de la marine marchande britannique, rouge, avec l’Union Jack dans le canton (c’est-à-dire le quart supérieur près de la hampe). De ses forts et de ses canots, la Compagnie de la Baie d’Hudson, qui a gouverné une grande partie de ce qui constitue aujourd’hui le Canada, met en évidence le Red Ensign avec HBC sur le battant (c’est-à-dire, la portion la plus éloignée de la hampe). Peu après la Confédération, les Canadiens commencent à le faire flotter tant terre que sur mer, avec les armoiries du Dominion sur le battant. À mesure que le nombre d’emblèmes provinciaux sur l'écu augmente, il devient difficile à reconnaître, surtout en mer. En 1892, l’Amirauté britannique autorise son utilisation, avec l’écu des quatre premières provinces originales sur le battant, sur des navires marchands enregistrés au Canada. En 1912, le secrétaire d’État britannique donne au gouverneur général comme directive que le drapeau de l’Union soit le drapeau du Canada qui doit flotter terre.

En 1924, un décret canadien stipule que le Red Ensign avec l’écu du Canada sur le battant peut flotter sur les édifices du gouvernement canadien à l’étranger. Le Red Ensign est ensuite porté par les athlètes canadiens aux Jeux olympiques et par les troupes canadiennes pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1945, un autre décret approuve le déploiement du drapeau sur les édifices fédéraux au Canada. Pour de nombreux Canadiens, le Red Ensign était le drapeau national, et cela a soulevé de vives protestations lorsque le Parlement a proposé de le remplacer par un nouveau modèle.

Castor

Le castor, le plus important des animaux recherchés dans le commerce de la fourrure, est identifié tôt comme l’emblème parfait pour représenter les parties des vastes territoires qui, au XIXe siècle deviennent le Canada. En 1621, le roi James I concède la Nouvelle-Écosse à Sir William Alexander. En 1633, quand Alexandre est nommé comte de Stirling et vicomte du Canada, ses nouvelles armoiries affichent un castor pour symboliser son fief dans le Nouveau Monde.

En 1678 la Compagnie de la Baie d’Hudson (constituée en 1670) possède un sceau armorié où figure une croix de Saint Georges accompagnée de quatre castors. En 1673, le gouverneur Frontenac propose des armoiries pour la ville de Québec. Les armoiries ne sont pas autorisées, mais le fait que sa proposition repose sur la combinaison des fleurs de lys de la France royale, avec le castor sur le même écu, montre de façon claire que l'animal est considéré comme un important symbole canadien. En 1690, pour commémorer la résistance victorieuse de Frontenac à la Citadelle de Québec contre l’attaque navale par Sir William Phips, la médaille Kebeca Liberata (Québec libérée) est frappée : une femme assise, symbolisant la France, avec un castor à ses pieds, pour symboliser le Canada, y sont représentés. Une médaille intitulée « La sauvegarde du Haut-Canada » est frappée durant la guerre de 1812. Elle montre le lion britannique protégeant le castor canadien contre l’aigle américain de l’autre côté de la rivière Niagara.

L’utilisation du castor comme emblème canadien subit un déclin durant la seconde moitié du XIXe siècle, alors que la popularité de la feuille d’érable augmente. Sir Sandford Fleming relance l’importance d’utiliser l’animal comme emblème en lui donnant une place d'honneur sur le premier timbre-poste canadien, le « Castor de trois pence » de 1851. Aujourd’hui, le castor, connu pour son industrie, son habileté et sa persévérance, qualités jugées acceptables pour qu’une nation les imite, orne le revers de la pièce de cinq cents canadienne. En 1975, le Parlement reconnaît le castor comme l’emblème officiel du Canada.

Feuille d’érable

Il n’existe aucune preuve indiquant que la feuille d’érable était considérée comme un emblème canadien avant le début du XIXe siècle. La première mention écrite à son sujet comme emblème des Canadiens francophones se trouve dans une épigramme de l' édition du 29 novembre 1806 du journal Le Canadien adressée à son rival The Mercury, le journal anglophone. L’érable accuse la rose épineuse (symbole de l’Angleterre) de déchirer malicieusement les passants. En 1807, ou quelques années auparavant, l’orfèvre de Montréal Robert Cruickshank a fabriqué une médaille où l’écu central des armoiries royales de la Grande-Bretagne est remplacé par une seule feuille d’érable, une déclaration forte que la feuille est aussi un symbole des Canadiens anglophones. Lors du banquet de la Société Saint-Jean-Baptiste en 1836, un discours prononcé par le président Denis-Benjamin Viger, énonce clairement que l’érable est l’emblème des Canadiens francophones, et cette même idée a été reprise dans une chanson. Le numéro du 14 novembre 1836 du journal Le Canadien déclare que la feuille d’érable est l’emblème du Bas-Canada, et lors de la rébellion de 1837, les patriotes du Haut-Canada et du Bas-Canada l’affichent pour exprimer l’identité canadienne.

En 1847, en décrivant sa visite dans la ville de Québec, Lord Elgin écrit que le président de la Société Saint-Jean-Baptiste porte « la feuille d’érable, l’emblème canadien-français ». Cependant, elle est devenue un emblème des deux Canadas. The Original Canadian Quadrilles de Joseph Maffré, publié la même année, affiche sur sa couverture un castor entouré de branches d’érable. En 1848, la publication littéraire de Toronto, Maple Leaf du révérend John McCaul, présente la feuille d’érable comme « l’emblème choisi pour le Canada ».

La feuille d’érable est officiellement reconnue pour la première fois comme un symbole canadien en 1859, lorsque le prince de Galles présente le 100e régiment (Royal Canadians), avec ses couleurs en Angleterre. À chaque coin du drapeau régimentaire se trouve une feuille d’érable. L’année suivante, le régiment incorpore des branches d’érable dans son insigne, et cette même année, les feuilles sont largement utilisées dans les décorations pour la visite du Prince de Galles. En 1867, Alexander Muir compose « The Maple Leaf Forever », une chanson qui, pendant des décennies, est considérée comme un hymne national. En 1868, la conception des armoiries accordées au Québec et à l'Ontario comprend chacune un rameau de trois feuilles d’érable. La feuille d’érable était l’insigne du Corps expéditionnaire canadien pendant la Première Guerre mondiale. Lorsque les armoiries nationales ont été assignées en 1921, un rameau de feuilles était une caractéristique importante, et en 1965, la feuille d’érable devient l’élément dominant du nouveau drapeau national.

En 2011, le gouvernement canadien choisit le tartan de la feuille d’érable comme tartan officiel du Canada. Le tartan, au motif vert et rouge distinctif, aux couleurs changeantes des feuilles d’automne, a été conçu en 1964 par le confectionneur de Toronto David Weiser durant la période précédant les célébrations du centenaire du Canada. Dans un communiqué publié par le ministre du Patrimoine, James Moore, « Le tartan de la feuille d’érable a été porté avec fierté et apprécié des Canadiens depuis des décennies, mais n’a jamais été élevé au rang de symbole officiel, jusqu’à présent. Nos symboles nationaux expriment notre identité et définissent notre histoire. Le tartan de la feuille d’érable représente les contributions que plus de quatre millions de Canadiens d’origine écossaise continuent d’apporter à notre pays ».

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