Bruno Engler, homme des montagnes (Suisse, 4 déc. 1915; Banff, Alb., 23 mars 2001). Dans sa vie riche et variée, Bruno Engler est bon skieur, instructeur de ski, précurseur en sécurité concernant les avalanches, alpiniste et guide, photographe, réalisateur, acteur, fameux conteur et ambassadeur pour la culture des montagnes canadiennes. Dans un sens, il est l'essence même de l'homme des montagnes de la Renaissance.
Bruno Engler, comme d'autres guides de montagne qui ont influencé l'ALPINISME des premiers jours au Canada, est né en Suisse. Engler est formé, jeune homme, à l'alpinisme, au métier de guide et à la photographie. Son intérêt et sa formation en alpinisme, en ski et en photographie le placent en situation enviable à son arrivée au Canada, en 1939. Les guides de montagne ne sont pas des skieurs de formation. Lorsque Sunshine Village développe son programme de ski, Engler est embauché pour rehausser cette école de ski située près de Banff. On lui offre également un poste de guide auprès des guides suisses (Ernest Feuz et Rudolf Aemmer) au Lac Louise. Engler vient au Canada durant la Deuxième Guerre mondiale et, par conséquent, est convoité par l'armée canadienne pour ses compétences en montagne. Il forme d'ailleurs beaucoup de troupes canadiennes.
Engler est davantage de style bon vivant que du style guindé propre aux guides suisses, et sa vie est marquée de moments remarquables. Engler dirige plusieurs ascensions avec des alpinistes de renom tels Tony Cromwell, Frank Smythe et Georgia Englehard. L'alpinisme n'est pas un emploi à temps plein dans les années de l'après-guerre, et Engler doit se chercher un autre emploi. Il en trouve un à Blairmore (Alberta), dans une mine à ciel ouvert, et vit quatre années dans la région. C'est également à cette époque qu'il escalade quantité de montagnes dans la région du pas du Nid-de-Corbeau avec Fritz Frei et aide à créer une zone skiable dans le passage.
Le boom de l'après-guerre des années 1950 à 1970 permet à Engler d'exploiter ses multiples talents et dons. Engler est convoité comme guide de montagne et instructeur de ski, ses photographies en noir et blanc des montagnes se vendent bien, son travail sur les avalanches à Rogers Pass le place en tête pour ce qui est de la sécurité en montagne et l'industrie cinématographique est attirée par son charme et ses poses photogéniques. Engler devient correspondant à la pige pour la CBC dans les années 50 et, à la même période, lance « Alpine Films ». Son rôle de producteur domine les prochaines décennies de sa vie. En fait, Engler participe à la création de plus de 25 films entre 1950 et 1980. La CBC produit un long métrage sur la vie d'Engler intitulé Diary of a Mountain Man dans les années 60 et, en 1966, Engler inaugure la « Course des vétérans » à Sunshine Village. Engler devient une légende dans la communauté des montagnes. Lui et Hans GMOSER guident le premier ministre Trudeau dans les pics appelés The Bugaboos en 1972.
L'engagement d'Engler envers la culture des montagnes est grandement récompensé. Il reçoit, entre autres, l'Alberta Achievement Award for Excellence, la Coupe du premier ministre pour la photographie et l'alpinisme et la distinguée Rose Award. Engler devient également membre honoraire de l'Association des guides de montagne canadiens en 1975.