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Exploitation forestière

L'exploitation forestière consiste à abattre des arbres et à les acheminer jusqu'aux scieries, usine de pâte à papier et autres installations de transformation des produits forestiers.
rivière Gatineau
Au Québec, la récolte approche les 35 millions de mètres cubes de bois chaque année.
Pince à grumes
Des machine d'abattage mécanique montées sur tracteurs ou des excavatrices, qui dirigent ou entassent les arbres, sont utilisées pour abattre des arbres atteignant jusqu'à 80 cm de diamètre (photo de Thomas Kitchin).
Coupe à blanc
La coupe à blanc effectuée sur des terrains à forte pente diminue l'habitat faunique, la biodiversité et provoque l'érosion des sols et la siltation des cours d'eau (photo de Don E. McAllister).
Allingues
Des remorqueurs tirant des allingues passent devant la scierie sur l'île Annacis, en Colombie-Britannique (photo de Thomas Kitchin).

L'exploitation forestière consiste à abattre des arbres et à les acheminer jusqu'aux scieries, usine de pâte à papier et autres installations de transformation des produits forestiers. Pour sa mise en pratique, elle nécessite la construction de chemins forestiers, la coupe des arbres et le transport des grumes. Des années de planification sont nécessaires pour décider quelle partie d’une forêt sera récoltée, fixer une date pour la récolte et définir les moyens à utiliser. Le choix judicieux de ces éléments doit permettre la protection optimum des valeurs sociales et environnementales durant l’exploitation. Au Canada, les méthodes mises en œuvre pour exploiter les forêts dépendent de la région et du type de forêt. (Voir aussi Foresterie; Industrie du bois; Industrie des pâtes et papier; Histoire du commerce du bois.)

Contexte

Deux systèmes très différents d’exploitation forestière sont généralement utilisés au Canada, et le choix est dicté par la nature des boisés. Le long de la côte du Pacifique, la forêt pluviale tempérée, unique en son genre, est généralement exploitée pour ses arbres de gros diamètre, de grande valeur, tels que le thuya géant. Ces gros arbres sont souvent prélevés de manière très sélective, ce qui rend les coupes onéreuses. Dans le reste des forêts canadiennes, c’est-à-dire à l’est de la chaîne côtière de la Colombie-Britannique, il est généralement plus rentable de couper les arbres de manière commerciale. C’est aussi le cas lorsque les arbres visés sont des feuillus (bouleau jaune, chêne rouge et érable à sucre) dans les forêts mixtes qui dominent le Sud de l’Ontario, du Québec et des Maritimes.

Planification

Questions environnementales

Il y a cent ans, l’exploitation forestière obéissait presque exclusivement à des facteurs économiques, mais aujourd’hui, d’autres considérations sont prises en compte pour sa mise en œuvre. Le principal objectif de la planification des opérations d’exploitation forestière est de couper les plus vieux arbres en premier. De plus, les industries qui ont besoin de bois préfèrent autant que possible s’approvisionner auprès des sources les moins chères. Les industriels tentent de respecter ces deux objectifs en examinant les données des inventaires forestiers qui sont mises à jour en continu et qui permettent d’identifier les différentes essences.

De même, les gouvernements provinciaux qui contrôlent la plus grande partie des terres sur lesquelles opèrent les entreprises d’exploitation forestière obligent ces dernières à respecter de nombreux règlements, dont les plus importants concernent l’environnement. Ces conditions varient d’un bout à l’autre du pays, mais en général, elles obligent les entreprises chargées de la coupe des arbres à programmer leurs activités longtemps à l’avance. La loi exige que les forestiers qui préparent ces plans respectent un certain nombre de valeurs écologiques. Ils doivent par exemple laisser des zones tampons (épargnées par les coupes) autour des secteurs jugés fragiles (ou « préoccupants ») de manière à les protéger. Un secteur préoccupant peut par exemple abriter le nid d’un Balbuzard pêcheur, servir à des orignaux comme zone de prédilection pour passer l’hiver, ou recéler des frayères. De plus, les plans d’exploitation forestière protègent habituellement les arbres qui servent d’habitat à certains animaux et font en sorte que la forêt soit coupée de manière à reproduire au plus près ce que provoquerait une perturbation naturelle (feu, chablis).

Autres considérations

Les plans d’exploitation forestière doivent aussi prévoir des mesures visant à protéger un certain nombre d’autres valeurs. Tout comme les règlements axés sur la protection de l’environnement, ces valeurs varient suivant le lieu, mais partagent un certain nombre de thèmes. Les sites qui recèlent une valeur patrimoniale, telle que de vieux camps de bûcherons ou des zones qui ont été souvent fréquentées par des Autochtones dans le passé, sont souvent protégés des coupes. C’est également vrai pour les boisés qui présentent un intérêt pour les loisirs. Les règlements interdisent par conséquent souvent les coupes à proximité ou autour des chalets et des gîtes d’été, des pistes de motoneige et des sentiers de portage pour le canot.

Le processus de planification est une phase cruciale de l’exploitation forestière au XXIe siècle. Elle vise à permettre aux parties intéressées par une forêt d’exprimer leur opinion concernant le plan de coupe. Cet élément du processus a été adopté par de nombreux gouvernements provinciaux du Canada après l’émergence des mouvements de protection de l’environnement à la fin des années 1960 et au début des années 1970, dans l’espoir de minimiser les conflits dans les forêts.

Construction des routes

Pour accéder aux arbres qui doivent être coupés, l’industrie forestière canadienne ouvre tous les ans des milliers de kilomètres de routes forestières. Ce faisant, les forestiers professionnels doivent équilibrer deux objectifs sociaux qui s’opposent. D’un côté, les défendeurs des espaces sauvages se battent pour conserver des zones boisées sans routes (c.-à-d. inaccessibles aux véhicules motorisés). D’un autre côté, certains groupes d’utilisateurs, tels que les chasseurs et les pêcheurs, accueillent favorablement toute amélioration de l’accès au milieu sauvage. Quoi qu’il en soit, une grande partie des routes ouvertes pour faciliter les récoltes forestières ne sont que des routes d’hiver temporaires et des routes d’été non goudronnées.

Toutes ces routes nécessitent des travaux de planification et des relevés. Elles doivent être construites de manière à minimiser l’érosion, à protéger la qualité de l’eau et à minimiser les impacts sur le site boisé. Les routes permanentes doivent être recouvertes d’un revêtement de manière à être praticables par tous les temps et nécessitent souvent la construction de ponts, l’installation de conduites d'évacuation et l’aménagement de fossés.

Coupe des arbres

La coupe des arbres s’effectue suivant un petit nombre de méthodes allant de la coupe sélective d’un seul arbre à la coupe à blanc de tout un secteur. Un système de sélection individuelle des arbres est généralement utilisé pour éclaircir une forêt immature trop dense, pour couper les feuillus ou d’autres essences qui poussent dans l’ombre, et pour conserver un couvert le long des cours d’eau et dans les secteurs secs orientés vers le sud et exposés directement aux rayons du soleil.

La coupe à blanc se situe à l’autre extrême de la panoplie. Elle est souvent appliquée dans les forêts qui n’ont jamais été exploitées commercialement. Elle nécessite peu de chemins forestiers et permet aux bûcherons de concentrer leurs opérations (en minimisant donc les coûts) et aux forestiers de préparer les terrains de coupe et d'entreprendre la reforestation après la coupe de manière systématique. Des terrains de coupe à blanc trop vastes sont néanmoins mal vus du public qui les perçoit comme déplaisants du point de vue esthétique. Les coupes se font donc de plus en plus sur des parcelles de forêts de formes irrégulières. Ce morcellement nécessite l’ouverture initiale de plus de routes et expose plus d’arbres situés en bordure aux dommages causés par le vent. Les règlements provinciaux obligent cependant souvent les forestiers professionnels à inclure dans leurs plans un certain nombre de secteurs à déboiser sur une grande superficie de manière à reproduire les conséquences des perturbations naturelles propres à certaines régions boisées. La coupe par trouées est normalement utilisée dans le cadre de récoltes successives dans une forêt plantée.

Abattage

Même si la technologie a permis d’améliorer la sécurité de manière spectaculaire, l’abattage des arbres demeure l’une des professions les plus dangereuses du monde. Les batteuses qui utilisent une tronçonneuse ou une scie circulaire montée sur un tracteur ou une excavatrice sont fréquemment employées à l’est de la chaîne côtière. Les abatteuses multifonctionnelles, qui coupent, ébranchent et éciment les arbres puis les transportent jusqu’au bord de la route, ou effectuent n’importe quelle combinaison de ces fonctions, sont également très utilisées. L'abattage mécanique est moins dangereux que l'abattage à la tronçonneuse, mais les abatteuses mécaniques coûtent cher, et leur rendement est meilleur dans les secteurs où il est possible d’abattre un grand nombre d’arbres sur un seul site. Les tronçonneuses manuelles sont encore beaucoup utilisées de nos jours, mais le plus souvent pour la coupe d’arbres de gros diamètre et de valeur élevée.

Débusquage

Le débusquage consiste à traîner les billes ou les grumes au sol jusqu'aux abords de la route à l'aide d'un cheval, d'une débusqueuse à roues ou d'un tracteur. Les chevaux et les tracteurs de ferme sont utilisés sur les petits terrains boisés privés, mais les débusqueuses à roues et à châssis articulé (conçues au Canada dans les années 1950) sont utilisées dans la plupart des opérations commerciales d’exploitation forestière. Pour minimiser les dommages (orniérage) infligés au sol forestier, les débusqueuses sont souvent équipées de pneus à grande portance. À l’est de la chaîne côtière, les sites fragiles peuvent aussi être exploités en hiver, lorsque le sol est gelé et donc protégé.

Transport des billes

Le mode de transfert des billes de la forêt vers l’usine dépend de l’emplacement du lieu de récolte. Le long du littoral de la Colombie-Britannique, le transport par voie d’eau est commun. Les billes sont assemblées en radeaux ou chargées à bord de barges, puis remorquées jusqu’à l’usine. Dans le reste du Canada, les grumes sont presque toujours transportées par camions (ou à l’occasion par le rail).