Famille
On ne peut parler de « la famille canadienne » proprement dite. La composition d'une famille, les activités de ses membres à l'intérieur et à l'extérieur du ménage ainsi que leurs relations mutuelles varient selon les conditions économiques et selon la région, l'époque, la CLASSE SOCIALE, l'orientation sexuelle, la race et l'ethnie. Pourtant, c'est au sein de ce qu'il est convenu d'appeler une famille que la plupart des gens mangent, dorment, travaillent, procréent, se reposent, apprennent, aiment, rient, pleurent et meurent. Bien que leur forme puisse à bien des égards varier à l'infini, les familles présentent habituellement un modèle dominant qui caractérise davantage une région ou une époque. L'examen de ces modèles ne doit cependant pas nous induire à confondre ce qui est commun avec ce qui est nécessaire, normal ou naturel.
Familles autochtones d'autrefois
Avant l'arrivée des Européens, les premières nations ont des structures familiales très diverses, tout comme les interprétations qu'en donnent par la suite les spécialistes. Tandis que certains de ces nombreux groupes linguistiques et sociétés vivent en bandes de chasseurs nomades, d'autres comportent des organisations complexes adaptées à l'agriculture, à la pêche et à la chasse. Leurs structures familiales reflètent la diversité de leurs conditions économiques. Les sociétés agricoles adoptent souvent un mode coopératif de production et de préparation de la nourriture et assurent collectivement les soins aux enfants et les autres « activités familiales ». L'essentiel du travail agricole incombe aux femmes, et les hommes, une fois mariés, vivent souvent dans la famille de leur épouse (« résidence matrilocale »).
Par ailleurs, dans les communautés de pêcheurs de la côte du Pacifique, la propriété est souvent individualisée, les différences sociales sont plus marquées au sein du groupe, les femmes vivent avec les parents de leur mari (« résidence patrilocale ») et les hommes pratiquent la pêche. Il existe une division du travail en fonction de l'âge et du sexe, mais les tâches imparties spécifiquement à chaque groupe varient d'une société à l'autre. Dans un grand nombre de ces familles, les femmes détiennent un pouvoir non négligeable et contribuent directement à la survie du groupe. Ce que l'on considère souvent comme des tendances modernes, à savoir les relations sexuelles prémaritales, l'adoption d'enfants, le divorce et le mariage à l'essai, n'a rien d'exceptionnel chez ces peuples autochtones, surtout s'ils sont semi-nomades.
Influences européennes
L'arrivée des Européens modifie le contexte économique et les structures familiales, mais la diversité subsiste. L'organisation de compagnies rivales dans la traite des fourrures provoque la formation de différentes relations familiales entre Blancs et autochtones. Les postes temporaires de la COMPAGNIE DU NORD-OUEST ne permettent souvent que des liaisons de courte durée, à la suite desquelles les femmes amérindiennes sont laissées avec la charge d'élever leurs enfants MÉTIS . La COMPAGNIE DE LA BAIE D'HUDSON, par contre, possède des postes permanents et permet, voire encourage l'établissement de relations relativement stables, du moins chez son personnel cadre. Ce qu'on appellerait aujourd'hui des unions de fait se produisent fréquemment, et à leur retour en Angleterre, les membres de ce personnel emmènent avec eux certains de leurs enfants, mais rarement leur femme. Ces pratiques, de concert avec l'introduction de la propriété privée, ont chambardé les structures familiales des sociétés amérindiennes, découragé le mode de production coopératif et créé des ménages monoparentaux.
Pendant que les trappeurs s'éparpillent dans l'Ouest du pays, les Européens des régions centrale et orientale du pays fondent des communautés agricoles plus immuables et, par conséquent, des types de famille différents. Ils adaptent les modèles du vieux continent au nouveau contexte économique, social et géographique. Dès les débuts de la Nouvelle-France, certaines personnes survivent en travaillant pour le gouvernement, pour les compagnies de traite des fourrures, pour le clergé ou comme artisans indépendants. Ils sont cependant de plus en plus nombreux à tirer en grande partie leur subsistance du travail de la terre. Femmes, hommes et enfants travaillent ensemble à cultiver un lopin de terre ou à produire les biens de première nécessité. Les hommes exercent l'essentiel du pouvoir légal au sein de la famille, mais l'interdépendance économique dans laquelle se trouvent la plupart des ménages renforce la position des femmes.
Le manque de femmes, combiné au fait que leur travail est indispensable à la survie du ménage et que, sauf pour les religieuses et les domestiques, le mariage est leur seule planche de salut, explique qu'elles se marient presque toutes. La plupart des mariages sont d'assez courte durée à cause de la forte mortalité occasionnée par les guerres, les maladies, les accidents et les couches. Contrairement à la coutume française, les veufs et les veuves ne tardent pas à se remarier; c'est pourquoi de nombreux ménages comptent des enfants de deux lits ou plus et des enfants d'âge adulte des deux sexes. Les femmes nées au Canada se marient jeunes, surtout dans les familles pauvres, mais les immigrantes doivent souvent retarder leur mariage parce qu'elles sont liées par un contrat de longue durée comme servantes. De nombreux facteurs expliquent le taux de natalité élevé, en particulier en milieu agricole : nuptialité précoce, besoin de bras dans les communautés agricoles (voir MARIAGE ET DIVORCE), fort taux de mortalité chez les enfants à la naissance et en bas âge, absence de contraception (voir CONTRÔLE DES NAISSANCES), d'ailleurs proscrite par la religion.
Influences ultérieures
Les colons immigrant plus tard en provenance de Grande-Bretagne et de maints autres pays d'Europe viennent avec leur ferme croyance en la propriété privée et en leur autonomie, mais les cultivateurs parmi eux forment des familles comparables à bien des égards à celles de la Nouvelle-France. Leur ménage est le lieu de production de la plupart des biens et services. C'est dire que pour la majorité des gens, même les salariés, le milieu familial et le milieu de travail ne font qu'un. Les ménages sont de grande taille et incluent fréquemment quatre ou cinq enfants en moyenne, des aides embauchés, des proches parents célibataires et des pensionnaires payants. On y trouve peu de grands-parents, car peu de gens vivent jusqu'à un âge aussi avancé et beaucoup d'enfants quittent le foyer alors qu'ils sont jeunes. Dans les premières communautés agricoles, les écarts sont plutôt faibles entre les familles sur le plan de leurs avoirs et de leurs ressources, car presque toutes travaillent la terre pour assurer leur subsistance.
Division historique du travail
Le travail se divise selon le sexe et l'âge. Les femmes concentrent leurs activités sur le soin de la maisonnée et réalisent des tâches d'une grande habileté et visibilité comme la cuisson du pain, la conservation des aliments, la fabrication du savon, des chandelles et des vêtements. En plus d'assumer la plus grande part des responsabilités quant aux soins de santé de la famille et à l'enseignement de la lecture et de l'écriture aux enfants, elles s'occupent souvent du potager et de la basse-cour, traient les vaches et donnent un coup de main aux champs quand vient le temps des semailles et des récoltes. De leur côté, les hommes soignent le gros bétail, fabriquent les meubles et construisent les maisons, font boucherie, abattent les arbres et fendent le bois, sèment et récoltent les produits des champs. Les enfants travaillent aux côtés de leurs parents, accomplissant de menus travaux et acquérant les habiletés nécessaires à la survie. S'il est vrai que, ce faisant, les hommes participent activement à l'éducation de leur progéniture, les soins aux jeunes enfants sont prodigués avant tout par les femmes, les enfants plus âgés et des aides embauchées. Il arrive parfois aux femmes de faire des « travaux d'homme », mais la réciproque ne se produit jamais sauf quand les hommes s'occupent des enfants plus âgés. Selon la common law anglaise, c'est aux hommes qu'il revient de prendre les décisions, bien que les femmes et les enfants puissent prétendre à un certain pouvoir en raison de leur contribution évidente à l'entretien du ménage.
Comme les ménages vivent assez éloignés les uns des autres, les divertissements sont surtout une affaire de famille. Même dans les régions plus peuplées, les réunions mondaines regroupent habituellement l'ensemble de la famille, de sorte que les parents peuvent surveiller la plupart des rencontres que font leurs enfants. Dans ces ménages, le choix du conjoint donne moins souvent lieu à un arrangement formel. L'idée de l'amour romantique gagne en popularité, mais les considérations d'ordre économique et familial demeurent les principaux facteurs considérés dans les décisions relatives au mariage. Les mariages, surtout chez les familles mieux nanties, requièrent souvent l'assentiment des parents.
La famille « traditionnelle »
Ce n'est qu'au début du XXe siècle que la famille dite « traditionnelle » apparaît comme la forme de famille dominante au Canada, c'est-à-dire celle composée de la mère au foyer, du père faisant partie de la population active et des enfants à l'école et dépourvue de domestiques ou de l'aide de parents vivant sous le même toit. Elle a beau n'avoir duré qu'une cinquantaine d'années, cette forme de structure familiale s'est imposée parmi la population non seulement comme idéale mais aussi comme universelle et conforme à ce que nous avons tous connu.
Familles contemporaines
Aujourd'hui, la plupart des femmes travaillent à l'extérieur ou cherchent activement un emploi. Même la majorité des femmes ayant de très jeunes enfants retournent à leur travail rémunéré après la naissance de leur bébé, mais ce sont encore leurs parents ou des personnes apparentées qui prennent soin de la grande majorité des jeunes enfants. De moins en moins de femmes peuvent contribuer directement aux ressources du ménage en gagnant de l'argent ou en fabriquant des biens chez elles. Par conséquent, la plupart des femmes se cherchent un emploi rémunéré, d'autant plus qu'il faut souvent deux revenus pour boucler le budget d'une famille.
Conclusion
De nos jours, la plupart des Canadiens se marient et demeurent mariés avec le même conjoint durant toute leur vie. La majorité des hommes se marient au milieu de la vingtaine. Leurs épouses (généralement de deux à trois ans plus jeunes) partagent avec eux une éducation, une origine ethnique et une appartenance religieuse similaires. La plupart de ces couples ont des enfants. Qui plus est, la plupart des enfants naissent et grandissent dans des ménages à deux parents. Habituellement, les femmes sont âgées entre le milieu et la fin de la vingtaine à la naissance de leurs enfants. Comme leurs grossesses se suivent d'assez près, la différence d'âge entre leurs enfants n'est que de quelques années. On dispose de peu d'information sur les attitudes et les comportements sexuels de ces couples, mais le nombre et l'espacement des naissances indiquent clairement que la plupart pratiquent une forme quelconque de contraception. La grande majorité ne battent pas leurs enfants et la plupart des épouses ne subissent aucune violence physique aux mains de leur époux. S'il est vrai que la majorité des femmes occupent maintenant un emploi rémunéré durant la grande partie de leur vie et que des progrès importants ont été accomplis vers plus d'égalité dans les ménages, l'essentiel du TRAVAIL DOMESTIQUE revient encore aux femmes.
Nous sommes malheureusement trop souvent portés à présenter ces modèles prédominants comme les seuls acceptables. Pourtant, il a toujours existé des formes de famille très variées au Canada, et ces familles procurent à leurs membres amour, soutien et sens de la famille tout autant que le modèle le plus répandu. Par exemple, des gens ont souvent vécu en union de fait sans que l'on sache qu'ils n'ont pas de certificat de mariage. D'ailleurs, sous l'apparence d'un modèle matrimonial homogène se révèlent de fortes variations selon la culture et la langue, la race et la classe sociale ainsi que la région. En outre, dans de nombreuses familles correspondant aux modèles courants sévissent la cruauté et la négligence; beaucoup de ces familles sont tellement démunies qu'elles ne peuvent guère offrir de soutien à leurs membres. Enfin, il est maintenant plus fréquent que des enfants adultes retournent vivre chez leurs parents et que des gens prennent leur retraite bien avant l'âge de 65 ans, ce qui suscite l'émergence de nouveaux modèles.
Changements sur le marché du travail
Même si la plupart des Canadiens vivent en milieu rural jusqu'au tournant du XXe siècle, certains travaillent comme salariés dès les premiers temps de la colonisation. Tant les femmes que les hommes entament souvent leur vie au Canada en s'engageant pour le compte de quelqu'un d'autre, souvent comme domestiques ou dans des fermes, des magasins, des hôtels et, un peu plus tard, dans des usines, mais seuls les hommes ont des emplois dans l'armée et l'administration publique. Au début, la disponibilité des terres offre un moyen de se sortir du salariat et, effectivement, les hommes une fois mariés quittent en grand nombre leur travail salarié pour s'établir à leur compte comme cultivateurs. Quand les bonnes terres viennent à manquer et que le progrès technique réduit la main-d'oeuvre requise pour les travaux agricoles et forestiers, ce sont surtout les hommes qui perdent leur moyen de produire pour subvenir à leurs besoins et qui, dès lors, doivent s'engager au service d'autrui.
Beaucoup de femmes célibataires, de veuves ou de femmes dont le mari est handicapé travaillent à salaire, mais pour la très grande majorité des femmes, le mariage signifie la fin de ce genre de travail, du moins de façon régulière. Jusqu'à une époque avancée du XXe siècle, la plupart des femmes peuvent encore contribuer directement à la survie de leur famille en cultivant, en conservant et en préparant de quoi manger, en fabriquant des vêtements et en cuisant le pain. Plusieurs gagnent aussi de l'argent en vendant leurs produits, en confectionnant ou en réparant des vêtements, en faisant la lessive pour d'autres et en prenant des pensionnaires. À mesure que leurs possibilités d'emploi s'accroissent sur le marché du travail, beaucoup de femmes célibataires rejettent le travail domestique au profit d'un travail extérieur plus rémunérateur et assorti d'un peu plus de liberté. Le déclin du métier de domestique coïncide avec un changement dans la technologie ménagère, grâce auquel il devient de plus en plus facile pour la femme mariée de tenir seule son ménage.
Éducation et travail des enfants
Certains enfants travaillaient autrefois dans les usines et les boutiques ou comme aides dans les fermes, bien que dès le XVIIe siècle le gouvernement ait fixé des restrictions légales au TRAVAIL DES ENFANTS. La mise en application de ces lois, conjuguée avec une baisse de la demande de travail et un besoin accru d'une main-d'oeuvre instruite (ce qui favorisera l'introduction de la fréquentation scolaire obligatoire), a pour effet de réduire progressivement le nombre de jeunes enfants au travail à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Le travail des enfants s'avère également moins nécessaire au sein du ménage, car de moins en moins de biens et services y sont produits. C'est ainsi que les enfants apparaissent comme une charge économique plutôt qu'un actif économique. Ce contexte et l'amélioration des soins de santé, qui entraînent une baisse de la mortalité infantile, expliquent en partie la baisse de la natalité.
Ces changements se produisent dans le centre du Canada avant de s'étendre à l'Ouest et à l'Est du pays. De plus en plus, les familles se distinguent les unes des autres sur le plan du statut social et de la classe. Les fermiers plus riches et les dirigeants industriels ont les moyens d'envoyer leurs enfants dans des ÉCOLES PRIVÉES bien avant que la fréquentation des écoles publiques ait été obligatoire, et certains ménages peuvent se payer des domestiques bien après la disparition des SERVICES DOMESTIQUES de la majorité des foyers.
Évolution du taux de natalité
La légalisation des contraceptifs et leur plus grande accessibilité contribuent, tout comme la hausse des prix, à faire baisser le taux de natalité. Le plus souvent, les familles n'ont maintenant qu'un ou deux enfants nés à intervalle plus rapproché. Ces enfants fréquentent l'école plus longtemps et restent chez leurs parents jusqu'à un âge plus avancé, surtout avec le taux de chômage actuel chez les jeunes. À leur tour, le taux de natalité à la baisse et le niveau d'instruction plus élevé encouragent une présence accrue des femmes sur le marché du travail. Les futurs époux se marient plus jeunes maintenant qu'au temps où la plupart des femmes restaient à travailler à la maison; c'est peut-être parce que la plupart des femmes conservent leur emploi rémunéré après le mariage et les naissances, de sorte que moins d'hommes s'attendent à être les seuls pourvoyeurs du ménage.
Liens entre famille et travail
Les femmes réclament depuis longtemps plus d'équité en matière de régime matrimonial et de DROIT DES BIENS, et elles réussissent mieux à se faire entendre à partir du moment où elles entrent nombreuses sur le marché du travail et où les idées sur leur place dans le ménage évoluent également. Le fait de gagner un salaire leur procure probablement du pouvoir dans certains secteurs, mais leurs responsabilités dans les tâches ménagères et les soins aux enfants les confinent dans des emplois à temps partiel ou mal rémunérés. En revanche, le taux élevé de chômage chez les hommes peut aussi, dans certains ménages, ébranler l'autorité masculine.
De tels changements peuvent créer des tensions familiales, et il n'est pas rare que celles-ci éclatent sous la forme d'actes de violence envers les femmes et les enfants. La violence dans la famille ne date pas d'hier et l'on ne sait trop dans quelle mesure elle peut s'être aggravée avec le temps. Par contre, il est clair que la structure de la famille nucléaire fait en sorte que peu de personnes sont témoins de cette violence ou peuvent l'arrêter ou venir en aide à ses victimes (voir ENFANTS MALTRAITÉS).
Divorce
Le divorce est certainement plus courant aujourd'hui au Canada qu'il ne l'était autrefois, surtout depuis l'adoption de la Loi sur le divorce de 1968. Il est maintenant plus facile et moins humiliant d'obtenir le divorce. Les gens vivent plus longtemps et ont la possibilité de « vivre heureux pour le restant de leurs jours » pendant bien plus longtemps que jamais auparavant. Un couple sur quatre peut s'attendre à divorcer au moins une fois. La hausse du taux de divorce et l'augmentation de la proportion de séparations légales et du nombre de femmes non mariées qui ont des enfants se traduisent par un accroissement du nombre de ménages monoparentaux. Il en va de même pour les couples qui vivent ouvertement comme homosexuels tout en ayant des enfants. On ne peut pas en conclure pour autant que la proportion de ménages où les enfants vivent sans leurs deux parents biologiques soit à la hausse, car cette situation était autrefois courante au Canada en raison du taux de mortalité élevé. Dans le cas des couples homosexuels, beaucoup se réfugient dans la clandestinité à cause de lourds interdits, situation qui prévalait surtout dans le passé (voir HOMOSEXUALITÉ).
Revenu
La présence accrue des femmes dans la population active aide les familles à conserver leur niveau de vie, du moins jusque dans les années 80. Elle n'empêche cependant pas certaines familles de vivre dans la PAUVRETÉ. Bien que les estimations varient selon la définition de la pauvreté, plus d'une famille canadienne sur cinq vit en 1991 au niveau ou au-dessous du seuil de pauvreté (voir RÉPARTITION DES REVENUS). La majorité de ces ménages est constituée de deux parents. Près de 30 p. 100 d'entre eux comptent au moins un adulte détenteur d'un diplôme d'études postsecondaires, et près d'un tiers ont l'équivalent d'une personne recevant un revenu d'emploi à plein temps. Cependant, les faibles salaires des femmes et leurs responsabilités à l'égard des enfants expliquent pourquoi le taux de pauvreté est très élevé parmi les ménages dirigés par une femme. Dans les années 90, les femmes monoparentales ont deux chances sur trois d'être pauvres. La plus grande longévité des femmes, leurs salaires médiocres, leur manque de régimes privés de retraite et leur participation sporadique au marché du travail expliquent aussi pourquoi la majorité des personnes âgées pauvres sont des veuves. À l'autre bout de l'échelle des revenus, les 20 p. 100 de familles les mieux nanties reçoivent près de deux fois leur part de revenu familial total. Ces familles sont les plus susceptibles d'être constituées d'un couple marié (dont au moins l'un des deux conjoints a un diplôme universitaire), d'habiter une grande ville et de posséder une maison et une voiture. Dans ces familles, qui peuvent peut-être le mieux se conformer à l'image répandue mais fausse de la famille, les femmes occupent généralement des emplois professionnels ou de cadres très bien rémunérés ou restent à la maison.