Femmes et santé
Espérance de vie
Si l'espérance de vie est représentative de l'état de santé, les Canadiennes sont, en moyenne, en bien meilleure santé qu'elles l'étaient il y a 70 ans. L'espérance de vie d'une fille née en 1921 était de 61 ans, alors que celle d'une fille née en 1993 est de 81 ans. L'espérance de vie des Canadiennes est semblable à celle des femmes des autres pays industrialisés.
Habitudes de soins de santé
Bien que les femmes aient généralement tendance à être moins actives physiquement que les hommes, presque la moitié des Canadiennes affirment être modérément actives sur une base hebdomadaire. Les femmes contribuent aussi à leur propre santé en ne fumant pas ou en arrêtant de fumer. Selon les statistiques de 1994, seulement le tiers des Canadiennes n'ont jamais fumé. Même si 28 p. 100 des femmes de plus de 15 ans fument actuellement, ce pourcentage est à la baisse depuis 1978 alors que 37 p. 100 des femmes fumaient, toutes catégories d'âge confondues. Jusqu'à récemment, la cigarette connaissait une baisse de popularité chez les adolescentes. Entre 1979 et 1990, le nombre d'adolescentes qui fument passe de 46 p. 100 à 21 p. 100. Cependant, au cours des dernières années, ce nombre a remonté pour passer de 21 p. 100 à 29 p. 100 en 1994. Puisque fumer peut provoquer divers problèmes de santé, une augmentation du nombre de fumeurs risque de provoquer une augmentation des problèmes de santé dans l'avenir (voir aussi CANCER, CARDIOPATHIE et TABAGISME).
Pour augmenter les probabilités de détection du cancer du sein au début de son développement, la SOCIÉTÉ CANADIENNE DU CANCER recommande que les femmes de plus de 50 ans passent une mammographie tous les 2 ans et qu'elles s'examinent les seins tous les mois afin de détecter tout changement ou problème. Malgré ces recommandations, en 1990, 41 p. 100 des Canadiennes qui ont entre 50 et 59 ans, et 46 p. 100 de celles qui ont entre 60 et 69 ans, n'ont jamais fait d'auto-examen de leurs seins. Seulement le tiers des femmes considérées comme faisant partie du groupe à risque examinent leurs seins mensuellement.
Un autre problème important lié à la santé des femmes est le taux de stress qu'elles subissent dans leur vie. Des recherches récentes semblent indiquer que davantage de femmes estiment que leur vie est plus stressante qu'il y a cinq ans. Une partie de ce stress peut être mis sur le compte de l'augmentation de la participation des femmes au marché du travail, du nombre croissant de femmes qui travaillent et qui ont de jeunes enfants, des difficultés associées au fait de travailler à temps partiel (particulièrement si cet arrangement n'est pas désiré par la personne) et de la nécessité pour les femmes de s'absenter du travail pour s'occuper des responsabilités familiales. Comparativement aux hommes, les femmes qui travaillent à l'extérieur de la maison consacrent deux heures de plus par jour aux activités ménagères et deux fois plus de temps à s'occuper des enfants. En 1994, les femmes qui travaillent à l'extérieur du foyer s'absentent de leur lieu de travail en moyenne six jours à cause des responsabilités familiales, alors que les hommes manquent en moyenne moins d'un jour complet pour la même raison. Les femmes qui affirment subir un taux élevé de stress lié au temps sont celles qui ont un enfant de moins de dix ans. Les hommes qui ont un enfant du même âge montrent un taux beaucoup moins élevé de stress lié au temps que les femmes (voir SERVICES DE GARDE; STRESS; FEMMES DANS LA POPULATION ACTIVE).
Utilisation des services de santé
Presque toutes les femmes vont chez un spécialiste de la santé au moins une fois par an. Le tiers des femmes de plus de 15 ans voient leurs médecins de 3 à 9 fois par an. Ces chiffres ne tiennent pas compte des cas où elles accompagnent leurs enfants ou les autres membres de leur famille.
Généralement, les femmes risquent davantage que les hommes d'être hospitalisées pour des problèmes de santé, mais cette différence peut être mise sur le compte des besoins liés à la grossesse et du fait que la femme vit plus longtemps que l'homme. En 1995, 73 p. 100 des patients des institutions de soins de santé à long terme sont des femmes âgées de plus de 65 ans. La plupart de ces femmes sont veuves. De plus, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'être hospitalisées pour un problème lié à la santé mentale.
La cause principale de décès chez la femme, peu importe l'âge, est le cancer. Environ la moitié des femmes qui meurent entre 40 et 69 ans meurent du cancer, alors que les femmes de plus de 80 ans sont plus susceptibles de mourir d'une maladie de coeur. À l'heure actuelle, il y a environ autant de femmes qui meurent d'un cancer du sein que de femmes qui meurent d'un cancer des poumons.
Cependant, il y a eu une hausse considérable du nombre de femmes qui meurent du cancer des poumons. Statistique Canada a remarqué une augmentation de 65 p. 100 entre 1981 et 1992. Le taux de cancer des poumons chez les hommes au cours de la même période a augmenté de seulement 6 p. 100. Un lien direct a été établi entre l'augmentation du taux de cancer des poumons chez la femme et le fait que de nombreuses femmes aient commencé à fumer après la Deuxième Guerre mondiale. En 1995, 50 ans après la fin de la guerre, l'estimation du taux de cancer des poumons chez la femme est plus élevée dans le groupe des 70 à 79 ans.
En décembre 1994, les femmes de plus de 15 ans constituent 5 p. 100 des cas de sida connus au Canada. Près de 70 p. 100 des cas de sida ont été détectés chez des femmes de 20 à 39 ans. La source la plus courante d'infection chez la femme adulte est la relation sexuelle sans protection, avec un homme déjà infecté par le V.I.H.
Travailler dans le système de santé
En 1990, 79 p. 100 des Canadiens qui occupent des emplois liés à la santé sont des femmes; 27 p. 100 des médecins et des chirurgiens sont des femmes. La plupart des soins indirects sont donnés par des femmes. À cause des coupures budgétaires et de la facilité d'accès aux services de santé proprement dits, la demande en personnel féminin pour offrir ce type de soins pourrait augmenter encore davantage. Voir SÉCURITÉ SOCIALE.
Historiquement, les femmes ont toujours joué un rôle important dans les soins de santé au Canada. Traditionnellement, c'est la mère qui prodiguait les soins dans la famille. Les guérisseuses, qui détiennent leur savoir par apprentissage et par tradition orale, ont rendu des services essentiels à la population autochtone et non autochtone. Grâce à leurs connaissances des herbes et des plantes médicinales, ces femmes étaient souvent consultées en cas d'urgence médicale (voir AUTOCHTONES, SANTÉ DES). Les sages-femmes, qui prêtaient secours aux femmes durant la grossesse et l'accouchement, étaient des membres très importants des communautés pionnières du pays (voir ACCOUCHEMENT, MÉTHODES D'). Les religieuses venues d'Europe, qui aident à améliorer les conditions physiques et spirituelles des habitants du Canada (voir SOINS INFIRMIERS) jouent aussi un rôle significatif dans l'histoire médicale du Canada à ses débuts. Le premier hôpital au Canada (1639), l'HÔTEL-DIEU de Québec, a été fondé et administré par des religieuses de l'ordre des soeurs hospitalières des AUGUSTINES.
Emily STOWE, première femme à obtenir son diplôme en médecine (1867) et à pratiquer la médecine au Canada, a dû suivre sa formation au New York Medical College for Women, parce que les femmes n'étaient pas admises dans les facultés de médecine au Canada. La fille d'Emily Stowe, Augusta, a été la première femme à obtenir au Canada son diplôme en médecine (1883), puisqu'elle avait obtenu la permission d'étudier à la Toronto School of Medicine en 1879.