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Kit Coleman

Kathleen Blake « Kit » Coleman (née Catherine Ferguson), journaliste, correspondante de guerre (née le 20 février 1856 à Castleblakeney en Irlande; décédée le 16 mai 1915 à Hamilton en Ontario). Kathleen Coleman a été la première femme journaliste au Canada à superviser sa propre section d’un journal canadien, rédigeant et éditant la section féminine du Toronto Daily Mail. Elle a également été la première correspondante de guerre accréditée en Amérique du Nord, la première présidente du Canadian Women’s Press Club et la première Canadienne à tenir une chronique syndiquée. La Monnaie royale canadienne a émis un dollar commémoratif en argent en son honneur en 2023.

Kathleen Coleman, chroniqueuse

Jeunesse et éducation

Kathleen Coleman naît Catherine Ferguson en Irlande en 1856. Elle change ensuite son nom pour Kathleen et elle ajoute le nom de Blake pour suggérer un lien de parenté avec une famille éminente de Galway. Le nom de famille pour lequel elle est surtout connue, Coleman, vient de son troisième mari, Theobald Coleman.

Kathleen Coleman grandit en campagne près de Galway en Irlande. Grâce à son père, elle développe un amour pour la nature et les livres, et sa mère lui apprend à jouer des instruments de musique. Son oncle maternel est Thomas Burke, un prêtre et éminent orateur libéral qui a une influence sur la tolérance sociale de Kathleen Coleman. Elle fait ses études à la Loretto Abbey à Rathfarnham près de Dublin, et dans une école de maintien en Belgique.

Mariages et émigration au Canada

Comme le père de Kathleen Coleman est un tenancier modeste, la famille n’a que peu d’argent. Ses parents arrangent son mariage avec Thomas Willis, un propriétaire riche et âgé de la campagne, afin de lui assurer une stabilité financière. C’est un mariage malheureux et Kathleen Coleman se retrouve sans le sou après la mort de son mari. Leur seul enfant, une fille, meurt à l’âge de deux ans. Comme elle a une bonne éducation en langues, en musique et en lettres classiques, Kathleen Coleman travaille comme gouvernante à Londres avant d’émigrer au Canada en 1884.

Kathleen Coleman s’installe à Toronto et elle travaille comme secrétaire. Elle épouse son patron, Edward Watkins. Le couple déménage à Winnipeg après le mariage, où Edward Watkins travaille comme vendeur et Kathleen Coleman enseigne la musique et le français. Ils ont des difficultés financières et Edward Watkins est alcoolique et coureur de jupons. Il est possible qu’il ait même une épouse en Angleterre. Après son retour à Toronto et sa séparation d’Edward Watkins, Kathleen Coleman se tourne vers le journalisme pour subvenir aux besoins de ses deux enfants.

Carrière de journaliste

La carrière de journaliste de Kathleen Coleman commence en vendant des nouvelles au Saturday Night, un magazine de Toronto. Ses écrits attirent l’attention du propriétaire du Toronto Daily Mail qui l’embauche comme rédactrice en chef des nouvelles pages féminines du journal. À la fin du 19e siècle, les journaux commencent à inclure des sections féminines pour accroître le lectorat et le tirage féminins. Kathleen Coleman est la première femme au Canada à diriger une section d’un journal. Même si elle n’a aucune formation en journalisme avant de se joindre au journal, elle devient une journaliste pionnière qui ouvre la voie à d’autres femmes dans l’industrie.

La chronique de Kathleen Coleman, « Woman’s Kingdom », commence par une demie-page avant de s’étendre sur une page entière de sept colonnes. La page est si éloquente qu’elle attire un vaste public, dont le premier ministre Wilfrid Laurier. Kathleen Coleman aborde tous les sujets qui l’intéressent, y compris les commentaires politiques, les critiques de théâtre, les notes de mode et les recettes. L’une de ses chroniques les plus populaires est le courrier du cœur « Advice to the Lovelorn ». Elle s’intéresse aux questions de justice sociale et au bien-être des personnes qui vivent dans la pauvreté, et elle effectue également des reportages au sujet de ces questions dans d’autres villes. En 1897, elle se rend en Angleterre pour couvrir le jubilé de diamant de la reine Victoria.

Kathleen Coleman écrit ses articles dans sa maison de chambres, et elle se rend au bureau du journal une fois par semaine pour superviser la mise en page de sa chronique. Comme elle est myope et doit donc écrire avec le stylo près de son visage, son écriture est presque illisible. Elle écrit sous le pseudonyme de « Kit ».

Correspondante de la guerre hispano-américaine

Kathleen Coleman est l’une des premières femmes au monde à devenir correspondante de guerre accréditée. En avril 1898, la guerre éclate entre les États-Unis et l’Espagne, principalement sur la question de l’indépendance cubaine.

Kathleen Coleman fait pression sur le secrétaire de la Guerre des États-Unis pour qu’elle puisse devenir correspondante de guerre accréditée en écrivant pour le Mail and Empire. Des journalistes masculins et des autorités militaires tentent de l’empêcher de se rendre au front à Cuba. Contrairement aux correspondants de guerre masculins, Kathleen Coleman n’est pas autorisée à se joindre aux unités militaires. Deux navires la laissent délibérément derrière, et elle reste coincée en Floride pendant les trois premiers mois de la guerre. Elle arrive finalement à Cuba à bord d’un navire de ravitaillement naval à la fin de juillet.

Lorsque Kathleen Coleman arrive finalement à Cuba, la majeure partie des combats est terminée. Elle parcourt les sites de bataille à cheval, elle écrit sur les conséquences de la guerre et de ses ravages sur les soldats et les civils. Comme elle parle couramment l’espagnol, elle peut rendre compte des deux côtés de l’histoire. La correspondance de guerre de Kathleen Coleman lui vaut une attention professionnelle considérable et est l’apogée de sa carrière.

Kathleen Coleman revient de Cuba en Amérique à bord du navire de transport Comal, qui transporte des soldats américains blessés. Le navire est mal équipé, il n’y a qu’un seul médecin à bord et pas assez de nourriture, d’eau et de fournitures médicales. Kathleen Coleman et d’autres journalistes à bord font don de leurs fournitures médicales personnelles pour aider les soldats. Kathleen Coleman décline l’offre d’effectuer une tournée de conférences à travers l’Amérique sur son expérience à Cuba parce qu’elle estime que la guerre a été mal gérée.

Le Canadian Women’s Press Club

Au début du 20e siècle, environ 50 femmes travaillent comme journalistes au Canada. En 1904, Kathleen Coleman et quinze autres femmes journalistes canadiennes reçoivent des laissez-passer de presse pour assister à la St. Louis World’s Fair. Le voyage de presse est une rare occasion pour les journalistes de se réunir, car elles sont dispersées à travers le pays et souvent isolées en raison du fait qu’elles sont les seules femmes à travailler pour leur journal. Au cours de leur voyage en train (les rapports diffèrent sur le fait que ce soit en chemin vers Saint-Louis ou sur le chemin du retour), les femmes forment le Canadian Women’s Press Club pour offrir un réseau professionnel aux femmes journalistes. Kathleen Coleman est élue première présidente du club.

« Je pense que nous, les femmes de la presse, devrions créer un club ou une association quelconque et essayer de nous réunir une fois par an. Je ne crois pas que nous nous prendrions trop en grippe les unes les autres, et nous pourrions nous amuser avec nos discours. Pourquoi les journalistes masculins canadiens profiteraient-ils de tous les voyages et banquets? » (Kathleen Coleman, Mail and Empire, en mai 1904).

Carrière et vie ultérieures

Kathleen Coleman épouse son troisième mari, Theobald Coleman, à son retour de la guerre hispano-américaine. En tant que médecin, Theobald n’aime pas faire payer ses patients à faible revenu et le salaire de journaliste de Kathleen Coleman est donc nécessaire pour subvenir aux besoins de la famille. Le couple vit à Copper Cliff près de Sudbury pendant quelques années alors que Theobald travaille comme médecin pour la Canadian Copy Company. Ils arrivent dans la ville durant une épidémie de variole et Kathleen Coleman apporte son aide en tant qu’infirmière d’urgence. Elle utilise sa chronique pour plaider en faveur de la vaccination et elle fait pression avec succès sur le gouvernement pour qu’il établisse des maisons de quarantaine. À Copper Cliff, Kathleen Coleman est isolée et elle souffre de dépression et d’une série de maladies et d’accidents. En 1904, les Coleman déménagent à Hamilton.

Après une série de différends avec la direction au sujet de rémunération et du contrôle éditorial, Kathleen Coleman quitte le Mail and Empire (anciennement le Toronto Daily Mail) au début de 1911. Au cours de sa carrière ultérieure au journal, Kathleen Coleman gagne entre 25 et 35 $ par semaine, alors que ses homologues masculins gagnent entre 35 et 50 dollars par semaine. Elle lance sa propre chronique syndiquée, « Kit’s Column », qui couvre une gamme de sujets. Elle est la première chroniqueuse syndiquée au Canada. Sa chronique est publiée dans des dizaines de journaux à travers le Canada, mais elle ne permet pas à son ancien employeur de la publier. En facturant 5 $ à chaque journal qui publie sa chronique, Kathleen Coleman gagne plus que ce qu’elle gagnait en tant qu’employée du Mail and Empire. Elle continue à écrire « Kit’s Column » jusqu’à ce qu’elle meurt d’une pneumonie en 1915.

Distinctions

Kathleen Coleman ouvre la voie aux femmes du monde de la presse au Canada. Elle est intronisée au Canadian News Hall of Fame, et elle est désignée personnage historique national. En juillet 2023, la Monnaie royale canadienne émet un dollar commémoratif en argent en l’honneur de cette journaliste pionnière. Conçu par l’artiste Pandora Young, il fait partie de l’Ensemble épreuve numismatique avec dollar en argent édition spéciale 2023.