Féron, Jean
Jean Féron, pseudonyme de Joseph-Marc Lebel, auteur (Brunswick, États-Unis, 1881- Park Zenon, Saskatchewan, 1955). On sait relativement peu de choses sur cet écrivain. À l'âge d'un an, il arrive à Saint-Louis-de-Kamouraska (Qc) et est élevé par son grand-père qui lui fait suivre des études dans toutes sortes de domaines (commerce, pharmacie, notariat, médecine, droit, sciences). Employé comme secrétaire au gouvernement, il découvre très rapidement que la carrière de fonctionnaire ne lui convient pas. En 1908, il part alors pour la Saskatchewan, se marie et en 1910, s'installe sur une ferme, à Arborfield, où il devient l'un des plus importants écrivains pionniers de l'Ouest.
Après la publication de son premier ouvrage, La revanche d'une race (1918), qui en appelait, dans le ton de l'époque, à la fierté nationale de ses compatriotes, il met sa plume au service des Éditions Édouard Garant, à Montréal, qui lancent une collection de romans en fascicules. Entre 1919 et 1944, il ne publie pas moins d'une quarantaine de récits à caractère historique (L'aveugle de Saint-Eustache, 1924; Le patriote 1837-1838, 1926; Le siège de Québec, 1926; Le drapeau blanc, 1927; La prise de Montréal, 1928) ou traitant de problèmes contemporains: les conflits linguistiques, les mariages mixtes (La Petite Canadienne, 1931), l'industrialisation, l'exode des Québécois aux États-Unis, etc. Son succès tient à une subtile alliance entre des thèmes exaltant le sentiment de la race et un style enlevé, se déployant aisément dans l'intrigue, le suspens et les rebondissements dramatiques. L'Ouest, en particulier, s'enorgueillit de deux de ses titres: La Métisse (1923), dramatique face à face entre un paysan écossais violent, inconséquent, et une servante sans défense, en qui les lecteurs ont voulu voir le symbole de la jeune nation métisse opprimée par le joug anglais; Dans la terre promise (1986; en collaboration avec Jules Lamy), qui décrit, avec un brin d'ironie désabusée, les enthousiasmes et les désenchantements des colons européens débarquant en terre « ouestrienne ». La prodigieuse fécondité de Jean Féron lui a valu le surnom d'« Alexandre Dumas du Canada ».