Mitchell, W. O. (William Ormond)
William Ormond Mitchell, romancier et dramaturge (Weyburn, Saskatoon, 13 mars 1914 -- Calgary, Alberta, 25 février 1998). Son habileté à décrire les Prairies ainsi que sa connaissance du langage de cette région et de l'Ouest canadien font de ses romans un exemple dont s'inspirent de nombreux écrivains qui lui succèdent, y compris Rudy WIEBE, Margaret LAURENCE et Robert KROETSCH. Il est connu et apprécié partout au pays en tant qu'auteur et symbole des prairies plus grand que nature et, dans son éloge, le commentateur Rex Murphy le décrit comme un « conférencier, artiste, conteur, ami d'une légion d'écrivains débutants... une présence dans la vie et l'esprit des Canadiens ».
W.O. Mitchell passe son enfance à Weyburn en Saskatchewan, mais sa tuberculose l'oblige à déménager en Floride à l'âge de 12 ans. À son retour au Canada en 1931, il étudie à l'Université du Manitoba et à l'Université de l'Alberta. Après deux ans d'enseignement, il s'installe à High River (Alberta) en 1944, où il demeure jusqu'en 1968, à l'exception des trois années au cours desquelles il agit à titre de directeur littéraire chez MACLEAN'S (1948-1951). Après 1968, il devient écrivain résident au Banff Centre, à l'Université de Calgary, à l'Université de l'Alberta et au collège Massey, à Toronto. Il fait un séjour à l'Université de Windsor de 1978 à 1987, puis vit à Calgary jusqu'à sa mort, en 1998.
En 1947, Mitchell connaît un succès immédiat après la publication de son classique WHO HAS SEEN THE WIND. Le roman porte sur l'initiation d'un jeune garçon, Brian, à la naissance et à la mort, à la vie, à la liberté et à la justice. Les enfants et les excentriques, entre autres l'ivrogne Ben et le fou Saint Sammy, en sont les personnages les plus pittoresques. Mitchell décrit la beauté et la puissance de la prairie et du vent qui symbolise Dieu. Allan KING met en scène le long métrage inspiré du roman (1977) et, en 1991, une nouvelle édition du roman illustré par William Kurelek paraît. Le deuxième roman de Mitchell, The Kite (1962), s'intéresse aussi à la vie et à la mort. Cette fois, Mitchell marie des anecdotes amusantes au thème de la recherche qui aboutit à la célébration de l'immortalité.
The Vanishing Point (1973) est un roman inédit, écrit plus tôt par l'auteur et retravaillé. L'action se déroule dans la réserve de Paradise Valley et traite de la recherche d'une solution à l'aliénation. C'est en sorte une affirmation des liens qui existent entre la race et la personne. Son roman, How I Spent My Summer Holidays (1981), reprend le thème de l'initiation, mais avec une vision beaucoup plus noire. Le héro, Hugh, quitte l'innocence de l'enfance pour découvrir un monde de trahison, de culpabilité, de répression et de violence. Devenu vieillard, il ne reste à Hugh que la connaissance. Since Daisy Creek (1984) est une version canadienne contemporaine de Moby Dick. Mutilé par un gigantesque grizzli, Colin Dobbs, un romancier raté, souffre de blessures tant morales que physiques et tente de se guérir par l'écriture. Dobbs, homme amer, et sa fille Annie, pleine de caractère, sont les personnages les plus pittoresques créés par Mitchell depuis Daddy Sherry. En 1988, il publie un roman de suspense, Ladybug, Ladybug... , suivi d'un autre roman intitulé Roses Are Difficult Here, en 1990.
Mitchell écrit aussi de nombreuses pièces dramatiques pour la radio et la télévision. L'émission populaire Jake and the Kid (1961) provient d'histoires écrites pour Maclean's. La série est diffusée chaque semaine sur les ondes de la chaîne radiophonique de la Société Radio-Canada entre 1950 et 1956 et fait de Mitchell une célébrité nationale. Mitchell raconte les aventures qui se déroulent dans un village appelé Crocus, (Saskatchewan), à partir de deux personnages : le domestique employé dans une ferme et un adolescent. Les personnages excentriques, les histoires invraisemblables et le parler local ajoutent au plaisir de l'auditoire. La série est télévisée en 1961. Ses premières pièces dramatiques conçues pour la radio, The Devil's Instrument (1949) et The Black Bonspiel of Willie MacCrimmon (écrite en 1951, publiée en 1965), sont révisées et transformées en pièces complètes. Le Theatre Calgary monte The Black Bonspiel of Willie MacCrimmon en 1979. The Kite est adapté pour la scène en 1981. Il en est de même pour deux autres pièces de théâtre : Back to Beulah (récipiendaire du prix Chalmers en 1976) et For Those in Peril on the Sea (1982). Ces dernières sont publiées dans Dramatic W.O. Mitchell (1982). À titre d'expérience, Mitchell écrit, en 1967, une comédie musicale, Wild Rose. Dans le livre sonore An Evening with W.O.Mitchell (1997), il fait lui-même la lecture avec son inimitable style théâtral.
En 1973, il devient membre de l'Ordre du Canada. Il reçoit plusieurs diplômes honorifiques et est directeur du département de littérature du Banff Centre de 1975 à 1985. Il remporte le Stephen Leacock Memorial Award pour son livre According to Jake and the Kid (1989) et publie un roman policier, For Art's Sake, en 1992. Une édition illustrée de The Black Bonspiel of Wullie MacCrimmon paraît en 1993. Il devient membre honoraire du Conseil privé, en 1992. Le prix littéraire W.O. Mitchell est créé après sa mort en 1998 et est remis à toute personne ayant écrit de nombreux ouvrages et agi comme mentor auprès de jeunes écrivains.