Roman historique de William Bell paru en 1990, Forbidden City (Shan Da et la cité interdite) raconte l’histoire d’Alex, un adolescent qui accompagne son père lors d’un voyage à Pékin, en Chine. L’enthousiasme initial d’Alex à l’idée de découvrir l’histoire de la ville se transforme en sentiment d’horreur lorsqu’il se retrouve piégé près de la Cité interdite, alors que se déroulent les massacres de la place Tian’anmen. Forbidden City, publié en 8 langues dans 11 pays, est le roman de l’écrivain canadien ayant remporté le plus vif succès auprès du public. Les critiques ont également salué sa description de la réalité sur le terrain lors des massacres de la place Tian’anmen. L’ouvrage a reçu le prix ontarien du livre pour enfants Ruth‑et‑Sylvia‑Schwartz, le prix de l’Association des bibliothécaires scolaires de l’Ontario et le prix belge pour l’excellence.
Contexte
William Bell est né le 27 octobre 1945, à Toronto, et décédé le 30 juillet 2016. Diplômé de l’Université de Toronto, il déménage à Orillia, en Ontario, où il commence à enseigner la littérature anglaise au secondaire. En 1982, il est invité comme professeur d’anglais langue seconde à l’Université des sciences et technologies de Harbin, en Chine.
William Bell retourne en Chine, en 1985, pour enseigner au Collège des affaires étrangères de Chine à Pékin. Son approche détendue de l’enseignement le rend extrêmement populaire auprès de ses étudiants. Au fil de l’année, il découvre de nombreuses choses sur la vie quotidienne et les opinions de ces derniers. À l’image de son protagoniste, Alex, il passe également beaucoup de temps, muni d’une carte, à explorer la ville à bicyclette.
Cette expérience lui permet d’observer et de comprendre les manifestations de protestation des étudiants et les massacres de la place Tian’anmen avec une grande acuité. Il fait de son projet d’écriture de Forbidden City (1990; trad. Shan Da et la cité interdite, 1991) une affaire très personnelle. Il déclarera, plus tard, à ce sujet : « J’ai été mû par la colère, puis par la tristesse et enfin par un profond désir de raconter ces événements, en les couchant sur le papier de la manière la plus précise possible ». Il passe plusieurs mois à lire et à relire la presse et tous les autres comptes‑rendus des événements. Finalement, il décide d’écrire une fiction historique sur ce sujet, estimant que le roman permet aux lecteurs de comprendre les choses au plus profond d’eux‑mêmes. Il expliquera, notamment : « Je me sentais profondément investi de la responsabilité de coller au plus près des faits afin que les gens vivant en dehors de la Chine sachent ce qui s’était véritablement passé. Je savais que le gouvernement [chinois] mentirait à ce sujet. »
Synopsis de l’histoire
Forbidden City (Shan Da et la cité interdite) se présente comme le journal d’Alex Jackson. Au début du livre, Alex a 17 ans et se remet du récent divorce de ses parents. Pour l’essentiel, il trouve du réconfort en s’intéressant à l’histoire militaire. Il crée et peint des soldats miniatures, lit de nombreuses cartes et dévore les récits de conquêtes. Il considère ceux qui combattent comme des héros et tous ceux qui s’opposent à la guerre comme des idiots.
Alex considère également comme ridicule le comportement fantaisite de son père, un cadreur qui travaille pour les actualités de la CBC. Cependant, lorsque son père l’invite à faire un voyage à Pékin, Alex ne résiste pas à l’occasion de voir de près de nombreux témoignages d’une histoire qu’il révère.
Le point de vue d’Alex commence à changer lorsqu’il visite la ville, accompagné par Lao Xu, le guide de son père. En discutant avec l’adolescent, le guide chinois n’hésite pas à reconnaître que sa mission essentielle consiste à signaler aux autorités gouvernementales les activités des gens qu’il « aide ». Au fur et à mesure qu’il en apprend davantage sur la Chine moderne, Alex s’intéresse de plus en plus à la contestation politique des étudiants sur la place Tian’anmen, juste à l’extérieur de la Cité interdite historique de Pékin.
Alors qu’il tourne un reportage sur les manifestations, le père d’Alex est apparemment arrêté et détenu par les autorités chinoises. Alex et Lao Xu se rendent sur la place Tian’anmen pour tenter de retrouver son père. Sous leurs yeux, les soldats ouvrent le feu sur la foule. Alors que le jeune canadien tente de filmer une partie des événements qui se déroulent devant lui, il doit faire face à l’opposition d’un soldat qui tire sur lui et sur son guide. Lao Xu est tué, mais Alex réussit à s’échapper avec un groupe de manifestants. Alors qu’Alex se remet dans une maison voisine, Xin‑hua, une fille qu’il a rencontrée plus tôt et qui l’a aidé à s’échapper de la place Tian’anmen, lui raconte les autres atrocités dont elle a été témoin, notamment les tentatives de destruction par le feu des cadavres des manifestants.
Alex est alors fermement décidé à retrouver son père et à raconter ce qui se passe là‑bas au monde entier. Avec Xin‑hua, ils se déguisent, et se dirigent vers l’ambassade canadienne, documentant tout ce qu’ils peuvent avec le caméscope du jeune homme. En chemin, ils parviennent à échapper à un groupe de soldats, avant de tomber entre les mains d’un autre. Lorsque les soldats découvrent que Xin‑hua est une étudiante qui aide un étranger à fuir le pays, ils l’abattent devant Alex. L’adolescent réussit à s’enfuir et finalement à se rendre à l’ambassade avec les bandes vidéo qu’il a tournées, cachées dans ses sous‑vêtements. Là, il apprend que son père est également en sécurité et tous deux rentrent chez eux.
De retour au Canada, le père et le fils se réunissent en famille pour discuter de ce dont ils ont été témoins. Le père, avec une énergie renouvelée, se sent encore plus investi vis‑à‑vis de l’importance de son travail. Alex en vient à considérer l’intérêt qu’il éprouvait auparavant pour les personnages militaires et pour l’histoire comme peu judicieux et comme desservant le combat pour leurs convictions de femmes et d’hommes courageux qui veulent rester debout. Désormais, il considère les manifestants, à l’instar de ceux qu’il a connus sur la place Tian’anmen, comme les véritables héros.
Réception et importance
Publié dans 11 pays en 8 langues, Forbidden City (Shan Da et la cité interdite) devient le roman de William Bell qui connaît le plus grand succès auprès du public. Les critiques saluent également sa description de la réalité sur le terrain lors du massacre de la place Tian’anmen. Publisher’s Weekly note, par exemple : « Les descriptions de Bell de l’action sur la place Tian’anmen et dans les environs sont particulièrement frappantes et émouvantes. » De son côté, Kirkus Reviews parle du livre comme « d’un excellent livre d’aventures, mais également, et surtout, d’une brillante analyse, allant au‑delà des gros titres, de certains des événements qui ont pu avoir eu lieu là‑bas. »
Shan Da et la cité interdite reçoit, en 1991, le prix d’excellence ontarien Ruth‑Schwarz, devenu aujourd’hui le prix du livre pour enfants Ruth‑et‑Sylvia‑Schwartz. L’ouvrage se voit également décerner le prix belge d’excellence et le prix 1992 de l’Association des bibliothécaires scolaires de l’Ontario.
Voir également : Sino‑Canadiens; Contestation politique.