Formes littorales
Le littoral de la partie continentale du Canada, qui comprend Terre-Neuve, le Cap-Breton et l'Île-du-Prince-Édouard, mesure 71 261 km et baigne le Pacifique Nord, l'Arctique et l'Atlantique Nord. Si on y ajoute toutes les îles mesurables, le littoral marin atteint 243 797 km. On relève en outre 3800 km supplémentaires de littoral d'eau douce autour des Grands Lacs. Au large des côtes, les EAUX LITTORALES canadiennes s'étendent jusqu'à quelque 370 km.Les caractéristiques des côtes dépendent de la combinaison de divers facteurs, comme le relief et la structure géologique des terres à l'arrière du littoral, la disponibilité des sédiments côtiers et les conditions dominantes des vents, des vagues, de la glace marine et des marées ou encore de facteurs à plus long terme comme la GLACIATION et la variation du niveau de la mer. Par exemple, on trouve en Colombie-Britannique, au Québec, à Terre-Neuve et Labrador et au Nunavut des FJORDS profonds aux parois abruptes, qui sont caractéristiques des côtes montagneuses à modelé glaciaire âgé ou récent. Les reliefs abrupts et la roche dure empêchent la formation de DELTAS à l'extrémité amont des fjords, là où les rivières transportent des volumes importants de sédiments jusqu'à la côte. En revanche, au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard, la pente littorale plus douce permet la formation d'un relief de sédimentation côtière. Un bon nombre de flèches et de cordons littoraux longs et étroits traversent l'embouchure des estuaires.
Les reliefs côtiers
Les deux principales formes littorales sont la plage et le schorre, qui sont des formes de sédimentation côtière, et la falaise, une forme d'érosion.
La plage
Une plage est une accumulation de sédiments formés par l'action des vagues et qui se situe au-dessus et en dessous de la ligne des vives-eaux, le long du rivage. Sur le plan dynamique, elle est constituée de trois zones parallèles : la zone supérieure, qui n'est que rarement affectée par les vagues; la zone moyenne (zone d'estran), qui est continuellement soumise au flux et au reflux des vagues; et la zone basse (avant-côte), zone peu profonde et submergée, où les vagues déplacent des quantités substantielles de sédiments. La zone supérieure s'étend jusqu'à la limite des vagues et des marées. La largeur de la zone d'estran dans les zones de marée peut être de plusieurs centaines de mètres, la zone d'avant-côte s'étendant généralement vers le large jusqu'à des profondeurs de plus de dix mètres.Le profil général d'une plage dépend de la taille des matériaux qui la constituent, mais les variations (quotidiennes et saisonnières) de l'hydrodynamique des vagues peuvent entraîner des modifications importantes à court terme. Les plages de graviers et de galets sont habituellement abruptes; les plages de sable sont plus plates et présentent souvent une série de barres ou de crêtes intertidales ou infratidales. Les plages qui forment une lagune, un bassin ou un estuaire sont considérées comme des barrières côtières, qui comprennent aussi les flèches et cordons littoraux, les tombolos et les pointes. Les plages varient en taille, des petites plages nichées entre des caps rocheux aux plages continues de plusieurs kilomètres.
Une falaise littorale est une paroi abrupte, souvent verticale, produite par l'ÉROSION du roc par les vagues. En anglais, le terme bluff désigne une falaise dont les matériaux sont peu consolidés (par exemple, les Bluffs de Scarborough du lac Ontario). Les facteurs géologiques, tels que la composition des roches, la stratification et la fissuration, jouent un rôle important en ce qui a trait au rythme d'érosion et à la forme des falaises, des éperons d'érosion marine et des arches (par exemple, Hopewell ROCKS au Nouveau-Brunswick). La base de la falaise est fréquemment usée par l'érosion et l'abrasion des vagues, et des cavernes peuvent y être creusées. L'effritement et l'effondrement des talus constituent des processus efficaces de modelage de la partie supérieure des pentes côtières. Le type de plateforme qui se développe dépend principalement de l'amplitude de la marée. Les plates-formes des plages intertidales sont créées à mesure que la ligne de falaise recule et elles sont continuellement abaissées par l'abrasion et l'effritement des roches. Les sédiments résultant de l'érosion des falaises et des bluffs sont recyclés et réutilisés lors de la formation de plages, de marais et d'habitats marins. L'accumulation de débris à la base de la falaise protège aussi sa paroi de l'eau et réduit la vitesse à laquelle elle s'use, et ce tant qu'il y a des débris.
Les dunes de sable
La formation de dunes sur la côte suppose des vents suffisamment forts, une quantité abondante de sable et un site propice à l'accumulation (voirRELIEF ÉOLIEN). Le vent et les vagues emmènent le sable jusqu'à l'estran, où il s'accumule derrière les roches, les épaves flottantes et les amas d'ALGUES MARINES. L'accumulation graduelle de sable qui en résulte ne résisterait pas sans végétation telle que l'ammophile, dont les racines et les rhizomes forment un filet protecteur pour maintenir le sable en place. Parmi les côtes qui possèdent d'importantes dunes de sable, on retrouve l'ÎLE DE SABLE, le golfe du SAINT-LAURENT, les côtes à l'ouest de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve et du Labrador ainsi que certaines parties des Grands Lacs.La transformation continue des littoraux
Les littoraux se transforment continuellement à court terme, en raison des effets facilement observables de l'érosion et de la sédimentation et à long terme, en réponse aux changements relatifs du niveau terrestre et du niveau de la mer.Les processus côtiers les plus déterminants sont associés aux mouvements des eaux dans l'environnement d'avant-plage causés par les MARÉES et les vagues produites par le vent ou encore par l'interaction entre la glace marine et le rivage à certains endroits. L'énergie du déferlement des vagues peut éroder les roches les plus solides. De plus, la vitesse des courants océaniques littoraux provoqués par les vagues dans la zone d'avant-plage peut déplacer des quantités abondantes de sable le long du rivage. Les marées causent une variation périodique et habituellement semi-diurne du niveau de la mer, ce qui influence la largeur de la zone touchée par l'action des vagues. Les courants de marée transportent de la boue en suspension et, dans les passages étroits et les secteurs à amplitude de marée prononcée, ils atteignent des vitesses suffisantes pour transporter d'énormes quantités de sable. Les sections régressives de la baie de FUNDY, dont l'amplitude de marée est la plus considérable au monde, sont dominées par des phénomènes de marées similaires à ceux qui touchent les sables intertidaux étendus du BASSIN DE MINAS.
La glace marine
La GLACE MARINE constitue un facteur déterminant et parfois prépondérant dans les zones situées près de l'Arctique, de la région subarctique, des Grands Lacs et de la majeure partie de la côte atlantique canadienne. La présence de glace marine protège la côte de l'action des vagues et des marées en hiver. Certaines côtes et plages ont pu être affectées par les effets de la glace marine, que ce soit à cause de l'érosion par la glace, de la poussée des glaces ou du transport glaciel. Parmi les plus importants reliefs côtiers forgés par la glace marine, on compte certaines îles barrières et une crête en bordure des îles PRINCE PATRICK et Brock le long de la côte de l'océan Arctique ainsi que des barrières de rochers observées au large des waddens de Terre-Neuve et du Labrador, du Québec et de la partie est du Nunavut.
Le niveau de la mer
Le niveau de la mer est le niveau auquel les vagues, les marées et la glace marine frappent la côte. Avec le temps, le niveau de la mer relatif à la terre change à cause d'un bon nombre de facteurs tels que le volume d'eau dans les océans (variations eustatiques), les variations des surfaces glacées et enneigées sur la Terre (variations glacio-eustatiques), le mouvement ascendant ou descendant des territoires côtiers causés par les tremblements de terre ou par le chargement ou le déchargement de matériaux (par exemple l'eau, la glace, les sédiments), les variations locales de l'amplitude de la marée et les ondes de tempête.
Au cours des deux derniers millions d'années, des fluctuations importantes du niveau des mers de la planète se sont produites au cours des glaciations du Pléistocène, lorsque d'immenses volumes d'eau ont été, tour à tour, emmagasinés dans les glaciers continentaux, puis libérés. Les positions des littoraux se sont déplacées de façon spectaculaire à la suite de ces changements. L'élévation la plus récente du niveau de la mer a débuté il y a environ 18 000 ans et s'est terminée il y a environ 5000 ans.
Les importants volumes de glaces qui se sont accumulés sur les continents au cours des périodes de glaciation ont abaissé le niveau de la mer à l'échelle de la planète et ont provoqué un affaissement des terres se trouvant sous les glaces. Avec le retrait glaciaire les terres ont été libérées de ce poids : les matériaux rocheux dans et sous la croûte terrestre se sont donc ajustés à la diminution de la pression gravitationnelle (relèvement isostatique). Les régions côtières, qui avaient été inondées par l'élévation rapide du niveau de la mer au cours de la déglaciation, se sont relevées, créant des plages et d'autres caractéristiques côtières qui se sont progressivement élevées jusqu'à être hors de portée de l'action de la mer. Ce phénomène a touché une grande partie du littoral canadien, et plus particulièrement les rivages relevés de nombreuses régions, en particulier dans les basses terres de la baie d'Hudson et des ÎLES DE LA REINE-ÉLISABETH, où l'évolution du littoral a été dominée par un relèvement isostatique au cours des 7000 dernières années. On peut voir les anciens niveaux de plages, de rochers et de falaises des lignes côtières précédentes.
En revanche, aux côtes est et ouest du Canada, le niveau de la mer est présentement en train de monter et ce, principalement à cause de l'affaissement crustal. Dans les régions de l'Atlantique, le niveau de la mer a commencé à monter il y a environ 9000 ans, repoussant la ligne côtière vers l'intérieur du territoire. Quand les sédiments permettant à une plage de s'ajuster en fonction du niveau de la mer sont insuffisants, celle-ci est érodée ou submergée. Les matériaux érodés sont transportés sur la zone supérieure de la plage par les vagues. La plage s'étend alors et une nouvelle zone se forme à l'ancien emplacement de la plage. Les sédiments peuvent aussi être transportés par de petits ruisseaux vers la terre, où ils s'accumulent dans des lagunes. La formation de plages est possible quand la quantité de sédiments est abondante dans une anse ou une échancrure, et ce même si le niveau de la mer monte.
Certaines régions côtières de l'est et de l'ouest du Canada ont été touchées par la montée et la descente du niveau de la mer. Par exemple, l'Île-du-Prince-Édouard n'était pas une île il y a 10 000 ans. C'est la montée du niveau de la mer il y a 6000 ans qui l'a séparée du continent.
Dans la région des Grands Lacs, les zones humides et la stabilité des reliefs côtiers sont affectées par la montée et la descente du niveau des lacs. À court terme, on peut déjà observer des variations climatiques, saisonnières et annuelles (par exemple, les niveaux de l'eau étaient bas dans les années 1960 et à la fin des années 1990 et le niveau était élevé au début des années 1970 et au milieu des années 1980).
On s'attend à ce que le niveau de la mer augmente au cours du siècle. À cause du RÉCHAUFFEMENT PLANÉTAIRE, nous sommes en train d'assister à la dilatation thermique des océans et à la fonte de la calotte glacière. Au Canada, les impacts de ces changements seront différents dans chaque région en fonction de la croûte terrestre et des variations actuelles du niveau de la mer.