Le gallicanisme est une doctrine adoptée en France, à partir du Moyen-Âge, qui régit les rapports entre l’Église catholique et l’État. Il affirme l’indépendance de l’Église de France à l’égard de l’autorité pontificale, mais également sa subordination au pouvoir royal. Il confirme ainsi la suprématie de l’État dans la vie publique, contrairement à l’ultramontanisme qui préconise la soumission des Églises et des royaumes à la papauté.
Origine
Le gallicanisme est une doctrine politico-religieuse qui régit les relations entre l’Église catholique et l’État en France. À l’époque de la Nouvelle-France, ces relations suivent le fil des traditions et des pratiques de l’Église de France. Cette doctrine se caractérise notamment par une certaine méfiance à l’égard du pape, par la défense des libertés gallicanes (soit le rejet d’une autorité pontificale absolue sur le roi de France et sur l’Église nationale) et par la suprématie de l’autorité royale, y compris dans des domaines relevant du spirituel (nomination des évêques, établissement de communautés religieuses, entre autres).
Influence
En Nouvelle-France, le gallicanisme connaît ses plus beaux jours durant la seconde moitié du 17e siècle, alors que l’intendant Jean Talon et le gouverneur Frontenac s’efforcent de réduire l’influence écrasante de la religion et de soumettre le pouvoir spirituel au pouvoir temporel (gouvernemental). Un arrangement s’établit rapidement par lequel l’Église garde une certaine autonomie tout en permettant à l’État d’intervenir dans quelques domaines, même purement religieux, comme la vie des communautés religieuses.
Conflit avec les ultramontains
Après la Conquête, un changement d’attitude se produit. En effet, ayant assuré sa survie et gardé une certaine liberté sous le régime britannique, l’Église remet en cause les limites des pouvoirs religieux et étatiques. Chez les partisans du gallicanisme, il y a ceux qui ne croient pas à l’infaillibilité du pape et ceux qui acceptent une certaine intervention de l’État dans des domaines qui relèvent habituellement de l’Église, tels que l’éducation, le mariage et la tenue des registres de baptêmes, de mariages et de décès.
Après 1840, deux tendances religieuses ont cours dans l’Église : les ultramontains, tenants de la suprématie de l’Église et de son droit prioritaire en éducation et en législation sur le mariage ainsi que dans tous les domaines communs à l’Église et à l’État; et les gallicans, appelés ainsi parce qu’ils nuancent les prétentions des ultramontains ou défendent à divers degrés les droits de l’État. Dans leurs rangs, on retrouve des communautés religieuses comme les Sulpiciens, des avocats comme George-Étienne Cartier, Rodolphe Laflamme et Joseph Doutre, des professeurs de l’Université Laval comme Jacques Crémazie et Charles-François Langelier. Cependant, des extrémistes ultramontains ne tardent pas à étiqueter comme « gallicans » (appellation alors péjorative) tous ceux qui ne partagent pas leur opinion; le gallicanisme finira par s’assimiler au libéralisme catholique, dénoncé de la même manière jusqu’à la fin du 19e siècle.