Genest, Émile
Émile Genest. Comédien et animateur de radio. (Québec, 27 juillet 1921 - Hallandale, Floride, États-Unis, 17 mars 2003) Cet acteur a mené une carrière à la télévision et au cinéma, au Québec et à Hollywood, en anglais comme en français. Chez nous, Émile Genest est lié à l'aventure du premier téléroman de l'histoire de la télévision québécoise, Les Plouffe, et à sa version cinématographique, trente ans plus tard. Entre les deux, installé aux États-Unis, il joua dans une dizaine de films et plusieurs séries télévisées.
Encore tout jeune homme, Émile Genest s'engage dans la Marine royale canadienne, lors de la Deuxième Guerre mondiale. Puis, il fait un peu de radio à Québec, avant d'obtenir un emploi à la radio de Radio-Canada à Montréal, où s'offre la possibilité de devenir commentateur sportif, dans les deux langues officielles. Amateur de hockey et fan des Canadiens de Montréal, Émile Genest aurait, selon certains témoignages, alimenté la frustration populaire par ses paroles à la radio, en 1955, lors de l'émeute historique qui suivit la suspension du Rocket, Maurice RICHARD, à trois parties des éliminatoires au cours desquelles les Canadiens se battaient pour la première place. Émile Genest, qui nia l'impact de son rôle dans cet événement, choisit par la suite de se faire acteur. Il décroche le rôle de Napoléon, l'aîné de la famille Plouffe, qu'il interprète d'abord à la radio, en 1952, puis dans la série LES PLOUFFE, immense succès populaire de la télévision naissante, qui tiendra l'affiche de 1953 à 1959; l'œuvre est tirée du roman de Roger LEMELIN, paru en 1948. La série, où Émile Genest partage la vedette avec Paul Guèvremont, Denise PELLETIER, Jean-Louis ROUX et Pierre Valcour, notamment, raconte la vie quotidienne d'une famille ouvrière de Québec, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.
Au tournant des années 1960, Émile Genest, en plus de participer aux séries CF-RCK et La Pension Velder, amorce une suite d'engagements comme acteur dans des films américains, dont plusieurs pour la maison de production Walt Disney : après avoir tenu l'un des rôles principaux de Nikki, Wild Dog of the North (1961), dont le tournage a lieu dans les Rocheuses, il décide de s'installer à Los Angeles où il demeurera jusqu'à la fin de la décennie. Émile Genest sera des distributions de Big Red (1962), Rampage (1963), The Incredible Journey (1963), The Cincinnati Kid de Norman JEWISON (1965), The King's Pirate (1967), In Enemy Country (1968), The Hell with Heroes (1968) et Don't Just Stand There! (1968). L'acteur apparaît également comme artiste invité dans plusieurs séries télévisées comme Gunsmoke, Route 66, Ironside, Daniel Boone, Perry Mason, The Fugitive, The Virginian et Mission Impossible. De retour au Québec, Émile Genest participe à quelques téléromans : Le Paradis terrestre (1968-1972), Dominique (1977-1979), Les As (1977-1978), Monsieur le ministre (1982-1986), entre autres. Il joue aussi dans un film de Claude Lelouch, À nous deux, en 1979.
Fédéraliste convaincu, membre fondateur du Conseil de l'unité canadienne, Émile Genest n'hésite pas à militer dans le camp du « non » lors du premier référendum sur la souveraineté du Québec, en 1980. Cependant, ironie du sort, il accepte l'année suivante le rôle du père, Théophile Plouffe, nationaliste québécois avant l'heure, qui refuse de voir ses fils aller se faire tuer à la guerre pour le compte des « Anglais » (entendre : les Canadiens anglais), dans le film Il était une fois des gens heureux... les Plouffe, de Gilles CARLE, une œuvre de plus de quatre heures qui ramène à l'écran les personnages de Roger Lemelin. Ce rôle permet à Émile Genest, fort de sa grande expérience d'acteur, de composer un personnage troublant de vérité, entre colère et tendresse, qui demeure inoubliable; sans doute son plus grand rôle en carrière. En 1988, Émile Genest est nommé délégué général du Québec à Los Angeles par le gouvernement libéral de Robert BOURASSA, poste qu'il occupe jusqu'en 1991. Il participe encore par la suite à quelques séries télévisées, dont Virginie et Urgence.