Jack Lawrence Granatstein, O.C., historien et professeur (né le 21 mai 1939 à Toronto, en Ontario). Un des historiens canadiens les plus prolifiques de sa génération, J. L. Granatstein a beaucoup écrit sur l’histoire et les questions d’actualités canadiennes. Professeur d’histoire jusqu’à sa retraite en 1995, il est ensuite devenu directeur et PDG du Musée canadien de la guerre de 1998 à 2000. Il a écrit plus de 60 livres et est officier de l’Ordre du Canada.
Éducation
Après avoir obtenu son baccalauréat ès arts au Collège militaire royal à Kingston, en Ontario, J. L. Granatstein fait une maîtrise à l’Université de Toronto, ainsi qu’un doctorat à l’Université Duke (en Caroline du Nord, aux États-Unis). Étudiant, il sert dans l’Armée canadienne, y compris pendant deux ans dans la section historique de l’armée. À sa sortie de l’Université Duke en 1966, il commence à enseigner à l’Université York, où il est professeur titulaire de 1976 jusqu’à sa retraite en 1995.
Carrière et publications
L. Granatstein critique la politique étrangère canadienne dans les années 1960 et 1970. Il exhorte le gouvernement du premier ministre Lester Pearson à retirer le Canada du NORAD et à consacrer les ressources militaires du pays au maintien de la paix. Dans deux ouvrages coécrits avec R.D. Cuff, Ties That Bind : Canadian-American Relations in Wartime (1975) et American Dollars, Canadian Prosperity : Canadian-American Economic Relations, 1945-1950 (1978), il examine comment le Canada a été attiré dans l’orbite de la « puissance impériale américaine ».
Dans les années 1970 et 1980, il publie une étude du gouvernement canadien pendant la Deuxième Guerre mondiale, deux ouvrages sur la conscription et une biographie de William Lyon Mackenzie King, ce qui contribue considérablement à réhabiliter la réputation historique de l’ancien premier ministre. Malgré ses mesquineries et ses excentricités, King apparaît dans les travaux de J. L. Granatstein comme un politicien habile qui a géré l’effort de guerre du Canada de façon exceptionnelle. J. L. Granatstein approfondit son analyse dans How Britain’s Weakness Forced Canada into the Arms of the United States (1989), qui remet en question le point de vue de Donald Creighton selon lequel les gouvernements successifs du Parti libéral ont détruit le Canada en maintenant des relations économiques, politiques et militaires étroites avec les États-Unis. De 1981 à 1984, J. L. Granatstein est rédacteur en chef de la Canadian Historical Review.
Dans les années 1990, J. L. Granatstein commence à s’intéresser principalement à l’histoire militaire. The Generals: The Canadian Army’s Senior Commanders in the Second World War (1993) remporte deux prix nationaux. Dans Canada’s Army : Waging War and Keeping the Peace (2002), il déplore le sous-financement de l’armée et le désintérêt à son égard.
Le talent de polémiste de J. L. Granatstein est manifeste dans plusieurs de ses ouvrages. The Great Brain Robbery : The Decline of Canada’s Universities (1984) et Petrified Campus : The Crisis in Canada’s Universities (1997), tous deux coécrits avec David Bercuson et Robert Bothwell, attaquent les universités canadiennes pour leurs recherches médiocres et l’éducation de qualité inférieure qu’elles offrent aux étudiants. Dans Who Killed the Canadian Military? (2004), J. L. Granatstein rend les bureaucrates, les généraux, les politiciens et, finalement, la population canadienne, responsables de ce qu’il considère comme l’état lamentable des Forces armées canadiennes.
L’ouvrage polémique le plus remarqué de Granatstein est sans conteste Who Killed Canadian History? (1998), dans lequel il soutient que les Canadiens en savent très peu sur leur passé. Les écoles et les universités mettent l’accent sur le racisme et le sexisme dans l’histoire canadienne et, selon J. L. Granatstein, ce que le pays a accompli est passé sous silence. L’histoire nationale doit être enseignée, car elle répond à un « besoin public » : l’unification d’un pays vaste et divers. Le livre soulève la colère de la communauté universitaire, J. L. Granatstein affirmant que les travaux d’érudition historique canadiens sont souvent superficiels et mal écrits. Quoique rejeté par beaucoup d’historiens, le livre devient un succès national et contribue à sensibiliser les Canadiens à leur histoire. Certaines provinces font désormais une plus grande place à l’histoire canadienne dans les programmes de leurs écoles. Lynton (Red) Wilson, Charles Bronfman et plusieurs autres hommes d’affaires font des dons pour lancer la Fondation Historica, dans le but de faire mieux connaître l’histoire canadienne à la population.
L. Granatstein est nommé directeur général du Musée canadien de la guerre, où il joue de 1998 à 2000 un rôle de premier plan dans l’établissement d’un nouveau bâtiment pour l’institution. Depuis, il a continué à écrire sur l’histoire et la politique canadiennes.
Prix et honneurs
Parmi les prix et les honneurs les plus prestigieux offerts à J. L. Granatstein, on compte :
- Membre, Société royale du Canada (1982)
- Médaille d’or historique J. B. Tyrell (1992)
- Prix J.W. Dafoe (1994) (voir John Wesley Dafoe)
- Officier, Ordre du Canada (1996)
- Prix Pierre Berton (2004) (voir Pierre Berton)
- Prix C.P. Stacey (2011) (voir Charles Perry Stacey)