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Clement Greenberg

Clement Greenberg, critique d'art (né le 16 janvier 1909 dans le Bronx, à New York, New York; décédé le 7 mai 1994 à New York, New York). Clement Greenberg a été l’un des plus importants critiques d’art américains du XXe siècle. Grâce à ses ouvrages écrits et à ses visites au Canada, il a eu un impact considérable sur le développement de l’art abstrait au pays, notamment sur l’œuvre des membres du Groupe des onze.

Greenberg, Clement
Clement Greenberg est l'un des plus importants critiques d'art du XXe si\u00e8cle; il exerce une influence profonde sur de nombreux peintres modernes canadiens (photo d'Eleonar Lazare).

Formation et début de carrière

Clement Greenberg obtient un diplôme en littérature à l’Université de Syracuse, dans l’État de New York, en 1930. Il étudie le latin et l’allemand de façon autodidacte, commence à travailler en tant que commis des douanes américaines en 1937 et publie ensuite des commentaires politiques et culturels dans les revues Partisan Review et The Nation.

Durant la première partie de sa carrière, de 1939 à 1948, Greenberg est un socialiste trotskiste (une conception du socialisme s’inspirant uniquement des idées de Leon Trotsky, révolutionnaire russe exilé et finalement assassiné) qui s’intéresse aux motivations sociales et psychologiques de l’artiste, de même qu’aux théories des moyens d'expression, notamment celles de Hans Hofmann, l’influent peintre et éducateur d’origine allemande. Il est reconnu comme un des premiers fervents défenseurs des peintres abstraits américains Jackson Pollock et Adolph Gottlieb, ainsi que du sculpteur David Smith.

Carrière ultérieure

Au fil des ans, Greenberg se base de plus en plus sur son interprétation de la Critique de la faculté de juger (1790) du philosophe allemand Emmanuel Kant, et met l’accent presque exclusivement sur l’évaluation esthétique, la syntaxe visuelle et les liens de chaque nouvelle génération d’artistes avec celles qui l’ont précédée. Greenberg a toujours admiré ces propriétés formelles en tant qu’« unité chèrement acquise », mais soutient que la critique d’art ne peut jamais s'appuyer sur des critères d’évaluation précis, en partie parce que le « contenu artistique demeure indéfinissable, non paraphrasable, non discutable ».

Son point de vue dans la Peinture moderniste (1961) et sa définition de l’espace « optique » (c’est-à-dire indéterminé) sont devenus le principe qui oriente les discussions sur le modernisme artistique dans tout le monde anglophone.

Greenberg se rend à Toronto à la suggestion de William Ronald en juin 1957. Ses visites de studios dans cette ville profitent nettement à Jock Macdonald et Jack Bush, qui sont motivés par ses éloges et son encouragement à travailler dans des formes plus personnelles. Il les exhorte aussi à « cautériser l’influence infectieuse » d’une trop grande admiration pour l’art et les artistes new-yorkais.

En 1962, Greenberg est le critique invité aux Emma Lake Artists' Workshops, où il présente à un public canadien le travail des peintres américains abstraits de deuxième génération Morris Louis, Jules Olitski et Kenneth Noland, encourage Andrew Hudson comme critique et influence grandement des peintres tels que Kenneth Lochhead, Dorothy Knowles et Ernest Lindner. Au cours de ses nombreuses visites subséquentes à Edmonton, Saskatoon et Toronto, il encourage divers artistes par ses critiques en ateliers. Il sert de modèle aux critiques Terry Fenton et Karen Wilkin.

Greenberg est devenu un personnage extraordinairement controversé, dénoncé comme autoritaire, élitiste et partisan de l’exclusion par des artistes tels que Ronald Bloore. Beaucoup d’autres le louent pour sa grande connaissance de l’art, sa défense de normes artistiques élevées, sa capacité de stimuler la créativité et l’ouverture qu’il offre sur l’art d'ailleurs.