Grève de La Presse
Commencée comme un conflit de travail classique, la grève au journal La Presse, en 1971, dégénère en une confrontation sociopolitique d'envergure. Depuis 1967, le journal, le plus important quotidien français au Québec, est détenu par Paul Desmarais, président de Power Corporation. À la fin de juillet 1971, la direction du journal décide, après six mois de négociation, de mettre en lock-out les employés de la salle de composition. Affiliés à la Fédération des travailleurs du Québec (voir CENTRALES SYNDICALES QUÉBÉCOISES), les quatre syndicats qui les représentent, refusent de consentir à la perte d'emplois syndiqués pour faciliter la modernisation des installations. Malgré le lock-out, le journal paraît jusqu'au 27 octobre, date à laquelle les grévistes forcent l'entreprise à cesser complètement ses activités.Deux jours après la fermeture, les trois principales centrales syndicales au Québec organisent une marche de solidarité avec les travailleurs du journal malgré l'interdiction des autorités de la Ville de Montréal. La marche regroupe plus de 12 000 personnes qui se heurtent à 1000 policiers. L'affrontement se traduit par une cinquantaine d'arrestations, plusieurs dizaines de blessés et une personne décédée de causes naturelles. La répression crée une forte commotion, en particulier sur les dirigeants de la Fédération des travailleurs du Québec, qui radicalisent leur critique sociale par la suite (voir LABERGE, LOUIS). La grève survient pendant une période d'intenses frustrations pour le mouvement syndical, éprouvé, l'année précédente, par la CRISE D'OCTOBRE. Cependant, au lendemain de la manifestation, les négociations reprennent et aboutissent trois mois plus tard, soit le 7 février 1972, à un compromis satisfaisant pour la direction et les syndicats.