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Grève des réalisateurs de Radio-Canada

Le 29 décembre 1958, les 74 réalisateurs de Radio-Canada à Montréal s'engageaient dans un conflit de reconnaissance syndicale qui, très rapidement, prit des dimensions politiques en mettant en évidence le problème des « deux solitudes » qui coexistaient au Canada.

Grève des réalisateurs de Radio-Canada

Le 29 décembre 1958, les 74 réalisateurs de Radio-Canada à Montréal s'engageaient dans un conflit de reconnaissance syndicale qui, très rapidement, prit des dimensions politiques en mettant en évidence le problème des « deux solitudes » qui coexistaient au Canada.

Plutôt que d'être représentés par un syndicat canadien, les réalisateurs voulaient que leur association professionnelle devienne un syndicat affilié à la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC), une organisation syndicale québécoise dont le secrétaire général, Jean MARCHAND, les assurait de l'appui. Par ailleurs, cette tentative représentait de fait la première initiative de syndicalisation d'un groupe de professionnels exerçant des fonctions de cadres. Me Jean-Paul Geoffroy, qui deviendra en 1969 le premier président du Tribunal du travail du Québec, conseillait les réalisateurs.

Mais sous un gouvernement dirigé par le conservateur John DIEFENBAKER, les réalisateurs durent se rendre à l'évidence: leur conflit, qu'ils croyaient voir se régler en quelques jours, ne dérangeait en rien les autorités fédérales qui, obstacle supplémentaire, voyaient d'un très mauvais oeil l'arrivée d'un groupe affilié à la CTCC, alors que tous les autres groupes de la société d'État étaient affiliés au Congrès du travail du Canada.

Appuyés par l'ensemble des travailleurs de Radio-Canada, les réalisateurs tinrent bon et la société d'État, jusqu'à la fin du conflit, le 7 mars, ne put diffuser que des films. L'association des réalisateurs avait été reconnue comme agent négociateur, mais jamais Ottawa n'accepta qu'elle soit affiliée à la CTCC. Le journaliste René LÉVESQUE, l'écrivain Marcel DUBÉ, le chanteur Charles Aznavour, les comédiens Gérard Philippe, Jean-Louis ROUX et Jean DUCEPPE apportèrent un soutien actif aux grévistes.