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Grue du Canada

La grue du Canada (Antigone canadensis, anciennement Grus canadensis) est un oiseau de grande taille appartenant à la famille des Gruidés. Sa population est estimée à plus de 650 000 individus, ce qui en fait l’espèce la plus abondante au monde. Elle se divise en six sous-espèces : la grue du Canada (Antigone canadensis rowani), la petite grue du Canada (Antigone canadensis canadensis) et la grande grue du Canada (Antigone canadensis tabida), qui sont toutes migratrices; la grue du Canada du Mississippi (Antigone canadensis pulla), la grue du Canada de Floride (Antigone canadensis pratensis) et la grue du Canada de Cuba (Antigone canadensis nesiotes), qui ne migrent pas. Parmi ces espèces, les grues du Canada du Mississippi et de Cuba sont considérées comme étant en voie de disparition, alors que la grue du Canada de Floride est considérée comme étant menacée.

Des grues du Canada en vol.

Description

La grue du Canada est un grand oiseau au corps lourd, au long cou et aux longues pattes délicates. Le mâle pèse en moyenne 4,5 kg, la femelle 4 kg, et le plus gros spécimen peut peser jusqu’à 6,7 kg. Son plumage est principalement gris, avec une teinte rousse sur les parties inférieures. Son croupion est orné de plumes tombantes ébouriffées. L’adulte a une tache rouge sur le front, des joues blanches et un long bec noir, des traits qui ne se retrouvent pas chez le juvénile.

La grue du Canada émet un cri de trompette distinctif, qualifié de bruit de roulement retentissant et claironnant.

Une grue du Canada adulte nourrissant un bébé grue.

Répartition et habitat

La grue du Canada est largement répandue en Amérique du Nord. Les populations migratrices se reproduisent dans les régions nordiques, comme au Canada, tandis que les populations non migratrices vivent toute l’année dans les régions du sud, comme le Mississippi, la Floride et Cuba. Son aire de reproduction s’étend sur une grande partie du territoire canadien et l’espèce est particulièrement abondante dans l’ouest du pays.

Les populations canadiennes de grues du Canada sont migratrices. Elles se déplacent vers le sud jusqu’aux aires d’hivernage situées dans le sud des États-Unis et dans le nord du Mexique. Pendant la migration, elles se regroupent en grand nombre dans des aires de repos clés, comme la vallée de la rivière Platte, au Nebraska, où on estime qu’un demi-million de grues se rassemblent chaque année.

La grue du Canada préfère généralement les milieux découverts, comme les terres humides, les prairies et les champs agricoles.

Des grues du Canada dans une zone humide.

Reproduction et développement

La grue du Canada est monogame. Les couples restent généralement ensemble toute leur vie. Leurs parades nuptiales comprennent des mouvements synchronisés, comme l’extension des ailes, le balancement de la tête, les courbettes et les sauts dans les airs. Ces prestations gracieuses et énergiques, en plus des duos de chant du couple, contribuent à consolider leur lien.

La grue du Canada construit son nid dans les milieux humides ou sur la terre ferme près de l’eau. Elle produit généralement une couvée par année. La ponte a lieu entre décembre et août, en fonction de l’emplacement géographique. La femelle dépose un à trois œufs que les deux parents couvent pendant environ 30 jours. Bien que plusieurs œufs puissent éclore, un seul oisillon de la couvée parvient généralement à l’âge adulte.

Les oisillons sont précoces, c’est-à-dire qu’ils éclosent les yeux ouverts et le corps recouvert de duvet et qu’ils peuvent marcher et nager quelques heures après l’éclosion. Les parents couvent et s’occupent des oisillons de manière intensive durant les premières semaines, puis, progressivement, ces derniers gagnent en autonomie. Cependant, les jeunes grues restent habituellement avec leurs parents pendant environ neuf à dix mois après l’éclosion. Avant que les parents ne pondent une nouvelle couvée, le juvénile part rejoindre un groupe nomade de juvéniles et de non-nicheurs. Il restera avec ce groupe jusqu’à sa maturité sexuelle, qui survient habituellement vers l’âge de 2 ou 3 ans, moment auquel il peut former un couple.

Dans la nature, la grue du Canada peut vivre plus de 20 ans; certains individus ont même atteint 30 ans. Le plus vieil individu connu a vécu au moins 37 ans.

Deux grues du Canada « dansant ».

Régime alimentaire et prédation

La grue du Canada est omnivore. Elle se nourrit d’une grande variété d’aliments, dont des graines, des racines, des céréales comme le blé et le maïs, des baies, des insectes, des crustacés et même de petits vertébrés.

Les œufs et les petits de la grue du Canada sont particulièrement vulnérables aux prédateurs, notamment les corvidés, les goélands et les mouettes, les rapaces, les renards, les coyotes, les ratons laveurs, les visons et les hiboux. Les adultes sont moins vulnérables en raison de leur taille imposante et de leur capacité à voler, bien qu’ils puissent toujours être la proie de gros prédateurs, comme les aigles, les lynx et les humains.

La grue du Canada se montre particulièrement protectrice et agressive quand elle élève ses oisillons. Elle commence par déployer ses ailes pour se montrer plus imposante et émettre un sifflement strident. Si cela ne suffit pas pour dissuader la menace, elle passe à l’attaque en utilisant son long bec, en sautant et en donnant des « coups de pieds » aux prédateurs potentiels. Il semblerait même que certaines grues du Canada aient réussi à tuer des coyotes de cette façon.

Importance culturelle

Plusieurs festivals sont organisés pour observer la grue du Canada pendant sa migration. Ils attirent des ornithologues désireux d’observer des volées de milliers d’oiseaux dans des aires de repos clés à travers le Canada et les États-Unis.

Pour de nombreux peuples autochtones d’Amérique du Nord, la grue du Canada revêt une grande importance culturelle. Par exemple, la grue représente un grand clan, appelé Ajijaak Dodem, chez les Anichinabés de l’est de l’Amérique du Nord; elle symbolise le leadership. Dans la tradition anichinabée, l’Ajijaak est considéré comme un « faiseur d’écho ». Il sert de porte-parole aux clans en rassemblant la communauté et en annonçant les événements importants. Le clan de la Grue est réputé pour avoir engendré de nombreux dirigeants éminents, dont Chichicatalo des Myaamia, qui a signé la Grande Paix de Montréal, en 1701, au nom de sa collectivité, avec le symbole d’une grue.

Symbole d’une grue.
Symbole d’une grue.
Signature emblem of a crane.

Conservation

Bien qu’elle soit aujourd’hui l’espèce de grue la plus abondante au monde, la grue du Canada était autrefois menacée par la perte de son habitat et la chasse excessive. En effet, la grande grue du Canada a disparu d’une grande partie de son aire de répartition naturelle au début des années 1900. Cependant, grâce aux efforts de conservation, tels que les mesures législatives de protection et la protection de l’habitat, sa population a pu se rétablir. L’Union internationale pour la conservation de la nature considère aujourd’hui la grue du Canada comme une préoccupation mineure. Cependant, certaines sous-espèces, comme la grue du Canada de Floride (Antigone canadensis pratensis) et la grue du Canada du Mississippi (Antigone canadensis pulla) sont menacées en raison de la perte continue de leur habitat.

Divers programmes de conservation des espèces sauvages continuent de gérer les populations de grues du Canada en surveillant leur nombre et en protégeant les habitats essentiels. Des terres humides et des prairies de qualité sont essentielles à leur reproduction et à leur migration, et la perte d’habitat demeure une préoccupation majeure pour l’avenir de cette espèce.

Taxonomie

Règne

Animalia

Embranchement

Chordata

Classe

Aves

Ordre

Gruiformes

Famille

Gruidae

Genre

Antigone

Espèce

Antigone canadensis

En savoir plus

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