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Guerrero, Alberto

Alberto Guerrero (né Antonio Alberto Garcia y Guerrero). Pianiste, pédagogue, compositeur (La Serena, Chili, 6 février 1886 - Toronto, 7 novembre 1959). Alberto Guerrero étudie d'abord la musique avec sa mère et son frère aîné, Daniel, puis il continue à progresser tout seul.

Guerrero, Alberto

Alberto Guerrero (né Antonio Alberto Garcia y Guerrero). Pianiste, pédagogue, compositeur (La Serena, Chili, 6 février 1886 - Toronto, 7 novembre 1959). Alberto Guerrero étudie d'abord la musique avec sa mère et son frère aîné, Daniel, puis il continue à progresser tout seul. Après l'installation de sa famille à Santiago au début des années 1900, il se fait connaître comme un compositeur polyvalent, un pianiste soliste brillant et une figure innovatrice de la vie musicale chilienne. Il participe au cercle d'intellectuels et d'artistes connu sous le nom de Los Diez. Guerrero écrit de la musique d'au moins quatre, peut-être cinq, opérettes et zarzuelas produites au Chili (voir Amérique du Sud et Amérique centrale) de 1908 à 1915. Un autre de ses frères, Eduardo, devient un critique musical important et Alberto écrit des articles et des critiques pour le journal El diario ilustrado et divers autres et, en 1915, il publie un traité, La armonia moderna. De nombreuses œuvres de musique de chambre et pour piano solo survivent à ces années mais les opérettes et les traités sont perdus. Un de ses premiers élèves, Domingo Santa Cruz, qui devient plus tard une personnalité importante de la composition et de l'éducation musicale au Chili, se souvient que « l'influence culturelle [de Guerrero est] la source de toutes les initiatives musicales »- dans sa jeunesse, observant que c'est Guerrero qui fait connaître aux Chiliens les compositeurs modernes comme Debussy, Ravel, Cyril Scott, Scriabine et Schoenberg. Santa Cruz attribue à Guerrero et à son frère le mérite d'avoir joué un rôle actif dans la fondation en 1917 de la Sociedad Bach à Santiago.

Carrière de pianiste en Amérique du Sud
Les premiers récitals en solo de Guerrero couvrent un large répertoire de chefs- d'œuvres virtuoses (Chopin, Liszt, Schumann) et s'attirent des commentaires élogieux sur sa « brillance prodigieuse » et sa « sensibilité raffinée ». Dans le milieu de la vingtaine, il est déjà qualifié de « maître » et d'« artiste établi ». Il se produit régulièrement en récital de musique de chambre, particulièrement avec le Trio Penha. En octobre 1915, il entreprend, avec le violoncelliste du trio, Michael Penha, une tournée fondatrice des principales villes de Bolivie, du Pérou, de Panama, du Costa Rica et de Cuba, et arrive à New York en janvier 1916. Guerrero y demeure jusqu'à l'automne 1917, en tant que concertiste et accompagnateur en studio du ténor du Metropolitan Opera Paul Althouse.

De retour au Chili, Guerrero remplit des engagements dans divers centres, dont une série de trois récitals dans la communauté du sud de Punta Arenas. En juin 1918, il apparaît avec un orchestre au Teatro Municipal en tant que soliste dans le Concerto de Tchaïkovski. Le concert est annoncé comme l'« expression de nos adieux à notre éminent pianiste Alberto Guerrero » et un critique déclare que c'est l'« un des meilleurs entendus à Santiago ».

Années de Guerrero au Canada
Durant son séjour à New York, le pianiste Mark Hambourg lui propose d'enseigner au Hambourg Conservatory of Music à Toronto et de le remplacer dans le Hambourg Trio. À 32 ans, Guerrero accepte le poste et fait ses adieux à son pays natal et à son statut bien établi dans la vie musicale chilienne.

À Toronto, il se produit durant plusieurs saisons avec le Hambourg Trio. Lors de son premier concert solo au Massey Hall, le 2 décembre 1918, « il reçoit un accueil que seuls quelques pianistes en visite ont eu l'honneur de recevoir ». Parmi ses élèves figurent Reginald Stewart, qui sera plus tard un chef d'orchestre très connu, et Gerald Moore, qui devient un accompagnateur important. Dans cette nouvelle vie, Guerrero met plus d'accent sur la technique et la pédagogie pianistiques. En même temps, son répertoire d'interprétation s'étend davantage pour inclure des œuvres pour claviers allant de Purcell à Les Six. En 1922, il démissionne de son poste à Hambourg pour accepter un engagement au Conservatoire royal de musique, où il reste jusqu'à sa mort, tout en faisant partie de l'équipe de concert de la faculté de musique de l'Université de Toronto à partir des années 1940. Ses élèves incluent William Aide, John Beckwith, Helmut Blume, Gwendolyn Duchemin, Ray Dudley, Dorothy Sandler Glick, Glenn Gould, sa deuxième femme Myrtle Rose Guerrero, Stuart Hamilton, Paul Helmer, Horace Lapp, Edward Laufer, Gordana Lazarevich, Pierrette LePage, Edward Magee, Ursula Malkin, Bruce Mather, John McIntyre, Gordon McLean, Oskar Morawetz, Arthur Ozolins, George Ross, R. Murray Schafer, Oleg Telizyn, Malcolm Troup, Neil Van Allen et Ruth Watson Henderson.

Il interprète des concerts en trio avec Frank Blachford (violon) et Leo Smith (violoncelle), puis avec Harold Sumberg (violon) et Cornelius Ysselstyn (violoncelle) et, pendant plus d'une décennie, il est membre du Five Piano Ensemble. Il livre plusieurs prestations en concerto avec l'Orchestre symphonique de Toronto et divers orchestres radiophoniques. À partir des premières années de la radio canadienne au milieu des années 1920, il donne de nombreux récitals diffusés par des stations privées à Toronto, à Montréal, à Philadelphie, à Schenectady et à New York ainsi qu'aux réseaux de la SRC après leur création dans les années 1930. Son dernier récital diffusé à la SRC a lieu en 1952.

Entreprise unique, sa série d'abonnements propose des récitals solo, au nombre de quatre ou cinq par saison de 1932-1933 à 1936-1937, couvrant le répertoire pour clavier négligé de Bach, Scarlatti, Haydn, Mozart, l'école espagnole du 18e siècle et les figures du 20e siècle telles que Satie, Debussy, Albéniz et Stravinsky. Parmi les œuvres de Bach figurent les Inventions, les Symphonies et les Variations « Goldberg », et par la suite les interprétations incontournables de son incroyable élève Glenn Gould. Après un récital au début des années 1930, B.K. Sandwell souligne « l'intense clarté intellectuelle » et « la technique impeccable » de Guerrero et le place, particulièrement en regard de la nouvelle musique française, « aisément parmi les meilleurs pianistes de concert du monde ».

Compositions de Guerrero
Alors que Guerrero est reconnu comme un compositeur au Chili, cet intérêt diminue beaucoup durant ses années au Canada. Il produit quelques courtes œuvres pour piano (« Tango » et « Southern Seas », toutes deux publiées par Harris, 1937, amplement distribuées) et collabore avec Myrtle Rose Guerrero à un manuel pour débutants de deux volumes, « The New Approach to the Piano » (Oakville, vol. 1 1935, vol. 2 1936).

Influence de Guerrero
De manière discrète et concentrée, Guerrero exerce une forte influence sur quelques générations de pianistes, de compositeurs et de professeurs. William Aide le considère comme « le père méconnu de la culture musicale de notre nation ». Ray Dudley enregistre en détail ses procédures d'enseignement. Un symposium à Toronto en 1990 (« Remembering Alberto Guerrero : the next generation ») attire plus de 100 anciens élèves de différentes parties du continent. En 2004, John Beckwith écrit le premier compte rendu de sa vie et de son œuvre. La bibliothèque de la faculté de musique de l'Université de Toronto conserve la plupart de ses manuscrits originaux de musique ayant survécu et, en 2002, elle acquiert une collection de ses papiers et autres souvenirs.

Écrits

« The discrepancy between performance and technique », Monthly Bulletin du CRM (oct. 1950).

Compositions
Scène : Rucacahuiñ; El Copihue, Damas de Moda, Jefe de Familia, Mariposa (libretto de Damas de Moda, Santiago 1915, autres libretti et partitions toutes perdues).

Chambre : Chants oubliés (vc, pf); Danse (vc, pf), Quintet (pf, st, qt); Vals triste (vc, pf).

Piano solo : Allegro; Andante; Con Moto; Final; Tempo di vals; Tango; Southern Seas.

Voix : To Maud Allan (W. Bynner).

Bibliographie

Emilio UZCÁTEGUI, Músicos chilenos contemporáneos (Santiago 1919).

Daniel QUIROGA, « Los Hermanos Garcia Guerrero », Revista musical chilena, II (mai 1946).

Domingo SANTA CRUZ, « Mis recuerdos sobre la Sociedad Bach », Revista musical chilena, XL (print. 1950-1951).

John BECKWITH, « Alberto Guerrero, 1886-1959 », CMJ, IV (hiv. 1960).

-, « Shattering a few myths », Glenn Gould by Himself and His Friends, John MCGREEVY dir. (Toronto et Garden City, NY 1983), réimpr. dans John Beckwith : Music Papers : Articles and Talks by a Canadian Composer, 1961-1994 (Ottawa 1997)..

-« Glenn Gould, the early years, addenda and corrigenda » », GlennGould (aut. 1996).

-« The Great Piano Teachers : Alberto Guerrero, 1886-1959 », Piano (juill.-août 2001).

-In Search of Alberto Guerrero, (Waterloo, 2006).

Ray DUDLEY, « Alberto Guerrero and Glenn Gould : my view », New Journal for Music (été 1990).

Willliam AIDE, Starting from Porcupine (Toronto 1996).