L’Halloween est célébrée chaque année le soir du 31 octobre. On pense que l’origine de la fête vient d’un festival celtique qui marquait la division entre la période de l’année où les jours sont plus longs que les nuits et celle où les nuits sont plus longues que les jours. On croit aussi que c’est le jour où la frontière entre le monde des morts et le monde des vivants rétrécit. Les coutumes d’Halloween comme les costumes et les masques portés pour éloigner les mauvais esprits, et les offrandes rituelles laissées dehors afin d’apaiser les esprits malveillants arrivent au Canada avec des immigrants écossais et irlandais à partir du milieu à la fin des années 1800. Le premier cas connu de déguisement pour la fête d’Halloween en Amérique du Nord est observé en 1898 à Vancouver, en Colombie-Britannique. Cependant, la première utilisation de la phrase « trick or treat » (farce ou friandise) est enregistrée à Lethbridge, en Alberta, en 1927. La popularité de l’Halloween auprès des adultes remonte au début des années 1990; en 2014, on estime sa valeur à un milliard de dollars canadiens, c’est qui en fait la deuxième fête la plus commerciale (après Noël).
Origines chrétiennes de l’Halloween
En ce qui concerne les origines de l’Halloween, le débat est ouvert. De nombreuses personnes font valoir que l’Halloween est partiellement ancrée dans le christianisme, plus précisément dans la fête de la Toussaint célébrée en l’honneur des saints. Le mot Halloween a des origines chrétiennes et est dérivé de All Hallows Eve, la veille de la fête chrétienne de la Toussaint ou « le soir de tous les saints ». Au fil du temps, le calendrier chrétien s’est rempli de jours commémoratifs en l’honneur de tel ou tel saint, de tel ou tel martyre, de sorte qu’il est devenu nécessaire d’établir une journée en l’honneur de tous.
La Toussaint est établie en mai 609 ou 610 par Boniface IV, quand il consacre le Panthéon de Rome à la Vierge Marie et à tous les martyres. On la célèbre d’abord le 13 mai puis, lorsque le pape Grégoire III (731-741) consacre une chapelle de la basilique Saint-Pierre à tous les saints, on la déplace au 1er novembre. Au siècle suivant, le pape Grégoire IV (827-844) décide que le 1er novembre sera célébré dans les églises occidentales en l’honneur de tous les saints (dans les églises orientales, cette fête est célébrée le premier dimanche qui suit la Pentecôte).
Origines celtiques de l’Halloween
La coutume de l’Halloween prend très probablement sa source dans l’ancien festival celtique de Samhain (qui se prononce « SOW-in », de la même façon que dans le mot anglais « sow » [truie]); certains croient que les premiers chrétiens adoptent les croyances religieuses celtiques afin de convertir le peuple celte. En Grande-Bretagne et en Irlande, cette fête est célébrée chaque année le 1er novembre et marque la fin de la moisson et le début de l’hiver. (Samhain signifie aussi « fin de l’été » et veut dire le mois de novembre en gaélique). Au cours des siècles, la fête a été reconnue comme le Nouvel An celte, bien que la recherche suggère que cela n’était pas le cas à l’origine.
Guidés dans leur pratique religieuse par les druides (le clergé celtique), les Celtes croient que le début de cette journée, la nuit du 31 octobre, marque la division entre la période de l’année où les jours sont plus longs que les nuits et celle où les nuits sont plus longues que les jours. On croit aussi que cette journée constitue une sorte d’espace liminal spirituel où la frontière entre le monde des morts et le monde des vivants rétrécit, permettant à toutes sortes de fantômes, de fées et de démons, dont les âmes des défunts, de rendre visite aux vivants. Dans certaines parties d’Irlande, l’Halloween est dénommée « Pooky Night » ce qui réfère au púca, une fée particulièrement malicieuse (d’où vient le mot anglais « spooky »).
Dans la coutume de l’Halloween celtique, les gens portent costumes et masques pour se déguiser et éloigner les mauvais esprits. Des ossements d’animaux abattus sont jetés dans un feu collectif pour faciliter le voyage de l’âme des défunts. Les gens éteignent le feu qui brûle dans leur foyer et le rallument à même le feu collectif (ce « bone fire » [feu d’os] est à l’origine de notre « bonfire » [feu de joie]) pour célébrer le triomphe de la clarté sur l’obscurité. Des repas sont préparés pour les vivants et pour les morts. Les offrandes rituelles sont laissées dehors afin d’apaiser les esprits malveillants qui, autrement, apporteraient la malchance aux occupants de la maison ou aux habitants de la communauté.
La tradition de faire du porte-à-porte pour demander de la nourriture, à l’origine « souling » ou « mumming », remonte au Moyen Âge et est considérée comme un précurseur de la tradition moderne du trick-or-treating (la chasse aux bonbons). À partir du 15e siècle, les pauvres offrent de chanter des prières pour les âmes des défunts du foyer contre des soul cakes (gâteaux de l’âme) – une forme d’aumône pour les morts. Lorsque l’Halloween devient plus séculaire, les enfants adoptent cette pratique. Au lieu de réciter des prières, ils chantent des chansons, récitent des poèmes ou présentent d’autres divertissements contre des noix, des fruits ou des pièces de monnaie. La pratique de déguiser (guising) les enfants pour faire du porte-à-porte se répand au 19e siècle.
Parmi d’autres coutumes de l’Halloween figurent le dîner familial suivi de jeux de salon tels que le grillage de noix ou le jeu de la pomme dans l’eau [pour prédire l’avenir des participants] et la lecture du poème de 1786 Hallowe’en de Robert Burns, qui décrit d’autres jeux et coutumes. Les cartes postales et les cartes de vœux à l’occasion de l’Halloween sont également très populaires entre 1900 et 1940.
Légende de Jack-o’-lantern
La coutume associée à Jack-o’-lantern (citrouille d’Halloween) constitue une des coutumes de l’Halloween apportées au Canada par les immigrés écossais et irlandais. Ses origines sont controversées; certains croient que des navets sculptés servent de lanternes pendant le Samhain, tandis que d’autres prétendent qu’il s’agit d’une adaptation de l’ancienne coutume chrétienne afin de commémorer les âmes au purgatoire en allumant des bougies dans les navets. Le terme jack-o’-lantern est dérivé du mythe de Stingy Jack, qu’on pense originaire du 17e siècle. Selon le folklore irlandais, Stingy Jack est un ivrogne et un tricheur qui se voit refuser l’entrée au paradis (parce qu’il est avare) et en enfer (parce qu’il joue des tours au diable). Stingy Jack est ainsi condamné à errer dans l’entre-deux-mondes jusqu’au jour du Jugement dernier avec seulement une braise de l’enfer pour éclairer son chemin. Il garde la braise dans un navet sculpté en forme de lanterne, devenant ainsi « Jack à la lanterne », ou « Jack-o’-Lantern ».
En Irlande et en Grande-Bretagne, les premiers jack-o'-lanterns sont des navets, des betteraves ou des pommes de terre qu’on creuse pour y sculpter des visages démoniaques et qu’on éclaire de l’intérieur par une bougie. Après, on place les légumes devant la fenêtre ou sur le pas de la porte pour effrayer Stingy Jack et d’autres esprits mauvais. Les immigrants irlandais et écossais apportent la coutume au Canada et aux États-Unis et l’adaptent à un légume plus gros, naturellement creux et natif de l’Amérique du Nord : la citrouille. Elle se répand ensuite aussi en Grande-Bretagne.
Des concours de sculpture de citrouille ont lieu partout au Canada autour de la fête de l’Halloween ou le jour même, avec un engouement particulier en Nouvelle-Écosse, où des communautés entières y participent (par exemple, un concours annuel a lieu au parc national Kejimkujik).
Halloween et la chasse aux bonbons au Canada
La phrase « trick or treat » est utilisée pour la première fois le 4 novembre 1927 par le journal Herald de Lethbridge dans le contexte des festivités dans la communauté voisine de Blackie, en Alberta :
Grâce à l’Halloween on peut s’amuser pour de vrai. Cela ne gêne personne sauf ceux qui doivent se mettre à la recherche des roues de chariots, des portails, des wagons, des fûts, etc., dont la majorité constitue la décoration de la rue principale. Les jeunes bourreaux toquent à la porte d’entrée et à la porte de derrière et demandent du pillage comestible en se servant de la phrase « farce ou friandise ». Les détenus satisfont volontiers leurs demandes et renvoient les voleurs en réjouissance.
Le trick-or-treating avec toutes les sortes de méfaits mentionnés ci-dessus naît en Grande-Bretagne à la fin du 18e siècle et est associé à la nuit du 30 octobre (connue également comme le nuit du diable). Avant les années 1920, la pratique est déjà très répandue au Canada. Le trick-or-treating perd de sa popularité pendant la Deuxième Guerre mondiale en raison du sucre qui doit être rationné, mais suite à la croissance des banlieues dans les années 1950, il commence à battre son plein à nouveau.
Halloween et UNICEF
La campagne annuelle « Trick-or-Treat for UNICEF » est lancée à petite échelle à Philadelphie en 1947, afin d’aider à recueillir des fonds pour les enfants dans une Europe déchirée par la guerre. Mis en œuvre aux États-Unis par l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’enfance) en 1950, le programme vise à donner à chaque élève une boîte orange pour la porter autour du cou et y recueillir de l’argent des ménages par le trick-or-treating.
Lancée au Canada en 1955, la campagne est suspendue en 2006, lorsque UNICEF Canada commence la collecte de fonds à partir de son site web. Entre 2000 et 2015, les fonds collectés au Canada s’élèvent à 3 millions de dollars par an pour atteindre plus de 100 millions de dollars au total et au cours de l’existence du programme. Les fonds sont investis dans l’achat de vaccins, de matériel éducatif et d’autres formes d’aide aux enfants. La campagne de porte-à-porte fonctionne toujours chaque année à l’Halloween aux États-Unis.
Succès commercial de l’Halloween
La popularité de l’Halloween a augmenté exceptionnellement depuis les années 1990. On l’a vue passer d’une fête célébrée seulement par les enfants à une célébrée par les enfants et les adultes. Les revenus commerciaux générés par l’Halloween ont plus que doublé entre 2004 et 2014, ce qui en fait la deuxième fête la plus commerciale au monde (après Noël). Le Conseil canadien du commerce de détail a estimé en 2014 que l’Halloween représente une industrie d’un milliard de dollars au Canada. Selon un sondage réalisé en 2014, 68 % des Canadiens célèbrent l’Halloween et 33 % des adultes participent à la soirée d’Halloween. Les Canadiens dépensent plus que les Américains (équivalent de 70 $ par habitant) en costumes, en bonbons et en décorations. La fête est également devenue une source de controverse, avec des costumes s’attirant bien des critiques du public en sexualisant les jeunes filles ou en renforçant certains stéréotypes raciaux et ethniques.