Article

Musique à Hamilton

Cité située sur les rives du lac Ontario, au bord d'une baie naturelle servant de port. Nommée d'après George H.

Hamilton

Cité située sur les rives du lac Ontario, au bord d'une baie naturelle servant de port. Nommée d'après George H. Hamilton (1787-1835) qui la planifia en 1813, Hamilton fut constituée comme cité en 1846, alors que sa population de 10 000 habitants en faisait la deuxième agglomération en importance au Haut-Canada. La population du Hamilton métropolitain avait dépassé 425 000 âmes en 1988. La principale industrie de Hamilton est l'acier.

La première activité musicale connue et consignée est celle d'une harmonie d'amateurs qui, en 1837, reçut du Police Board la permission de répéter chaque semaine. La Sons of Temperance Band, fondée en 1851, fut réorganisée vers 1856 et devint attachée à l'Artillery Militia sous la direction de Peter Grossman (Karlsruhe, Allemagne - Hamilton, 1901). Marchand de musique et d'instruments qui publia également de la musique, Grossman s'était établi à Hamilton au milieu du XIXe siècle. Il forma le corps de musique du 13th Regiment en 1866 (voir Royal Hamilton Light Infantry Band), mais fut bientôt remplacé par George Robinson qui dirigea l'harmonie durant 40 ans. L'Independent Band fut aussi active au cours des années 1880.

De 1850 à 1880, des concerts eurent lieu à l'auditorium du deuxième étage du Mechanics Hall, qui pouvait accueillir quelque 1000 personnes, et dans plusieurs grandes églises. Sigismund Thalberg joua à Hamilton en 1857 et La Création de Haydn y connut sa première exécution canadienne complète le 26 mai 1858, tout comme Les Saisons du même compositeur en 1860 par les 90 choristes et 25 musiciens de la Hamilton Philharmonic Society dirigée par Edward Hilton. Cet ensemble, qui continua à exécuter des oratorios pendant les années 1870, eut fréquemment recours aux musiciens d'harmonie pour compléter sa section d'instruments à vents. Durant la même décennie, la Mendelssohn Society, la Handel Society et la Sacred Harmonic Society interprétèrent Judas Macchabée de Haendel, Rebekah de Barnby, le Stabat Mater de Rossini et d'autres oeuvres. Le Cecilian Glee Club fut actif de 1860 à 1866. Les paroles de G.W. Johnson de « When You and I Were Young, Maggie » furent écrites à Hamilton vers 1864, et la chanson de Robert Ambrose« One Sweetly Solemn Thought » y fut composée en 1867. Selon le recensement canadien, il y avait 36 musiciens à Hamilton en 1851 mais seulement 18 en 1861. En 1856, Hamilton comptait cinq professeurs de musique, deux marchands de musique, quatre marchands de pianos et un facteur d'orgues. Selon le Hamilton and Wentworth Directory 1868-69, quatre entreprises offraient des marchandises musicales. A. & S. Nordheimer ouvrit une succursale pour la vente de pianos et trois usines fabriquèrent des instruments. La première, fondée par Thomas W. White en 1853, employa 30 ouvriers et, en 1868 et 1869, fit 400 orgues et mélodéons. « L'orgue de l'église méthodiste Centenary, complété récemment, fut construit par M. White et a coûté environ 4000 $ », rapporta le Directory. La Western Pianoforte Manufactory, fondée en 1856 par Charles L. Thomas, employait 30 hommes en 1869 et produisait 75 pianos par année. Thornton & Green, en affaires à partir de 1867, avaient neuf employés et produisaient des touches, des sommiers pour les anches et d'autres parties nécessaires à la construction de mélodéons et d'orgues. Un annuaire commercial de 1902 mentionne un facteur d'orgues, huit marchands d'instruments et de musique imprimée, et les facteurs de pianos Ennis & Co. et Charles Knott.

La Grand Opera House sur la rue James nord, qui pouvait accueillir 1100 personnes, ouvrit ses portes le 29 novembre 1880, dota la ville d'un auditorium propre aux présentations théâtrales et musicales, et attira les compagnies en tournée nord-amér. En décembre 1880, la Boston Ideal Opera Company présenta à Hamilton Chimes of Normandy (Les Cloches de Corneville) de Planquette et Fatinitza de von Suppé. Vers 1890, la même compagnie revint avec plusieurs opérettes dont Les Brigands d'Offenbach.

Après 1880, non seulement les activités de tournées, mais aussi la musique chorale, orchestrale et lyrique, augmentèrent à Hamilton. En 1883, la Hamilton Choral Society, connue plus tard sous le nom de Hamilton Philharmonic Society, fut formée. Sous la direction de F.H. Torrington, dir. de la société durant quatre ans, elle devint l'un des ensembles les plus appréciés de la cité, et exécuta notamment Lay of the Bell de Romberg, Elijah de Mendelssohn, Naaman de Michael Costa, Samson de Haendel et la première canadienne de The Rose of Sharon d'A.C. Mackenzie. Clarence Lucas réorganisa et dirigea la société en 1889-90. En 1885, J.E.P. Aldous mit sur pied un orchestre, et, en 1887, année du Queen's Jubilee Music Festival à Hamilton, C.L.M. Harris fonda le Harris Orchestral Club qu'il dirigea jusqu'en 1901. Composé de 43 instrumentistes, le club se produisit à la Grand Opera House et dans des églises.

Malgré le nombre grandissant de musiciens à Hamilton, les importants concerts de chant choral étaient encore dépendants, à cette époque, des instrumentistes à vent d'ensembles comme l'Argyll and Sutherland Band, formée en 1903 sous la direction de Harry Stares, à l'origine la musique des 91st Highlanders et devenue ensuite celle du 91st Regiment Canadian Highlanders, et la Royal Hamilton Light Infantry Band, successeur de la 13th Regiment Band. En 1905, Bruce Carey fonda l'Elgar Choir qui présenta d'abord des programmes d'oeuvres a cappella et de brèves pièces chorales avec accompagnement de piano. Vers 1910, cependant, il mit à l'affiche des oeuvres aussi importantes que le Requiem de Verdi et, dans les années 1920, il exécuta Elijah de Mendelssohn et une version concert d' Aïda. W.H. Hewlett, dir. de 1922 à 1935, fit venir les orchestres symphoniques de Cleveland et de Detroit afin de les adjoindre au choeur. La Bach Choir de Graham Godfrey, formé en 1932 pour l'interprétation d'oeuvres chorales d'envergure avec orchestre, fut dissoute durant les premières années de la Deuxième Guerre mondiale. Le Stelco Male Chorus fut formé en 1941 par Cyril Hampshire, qui le dirigea jusqu'à ce que Rod Shepherd lui succède en 1948. Chaque printemps, le choeur, qui regroupait entre 25 et 45 employés de Stelco, donna un concert à l'église unie Centenary et se rendit dans les villes voisines. Le dir. et l'accompagnateur, bien que rémunérés par Stelco, ne travaillaient pas à cette aciérie. Le choeur donna son dernier concert le 7 décembre 1953. Le Dofasco Male Chorus, un autre protégé d'une aciérie, fut fondé en 1945 sous la direction d'Edward Stewart, à qui succéda G. Murray Hall (1972-88) puis Geoffrey W.B. Bullivant (1989 -). La plupart des 68 chanteurs sont des employés de la Dofasco. Sous la direction de Stewart, le choeur enregistra les micr. Men of Steel (RCA PCS-1011) et A Festival of Christmas Carols (1969-70, Warner WSC-9010). Le Dofasco Ladies Ensemble, qui compte 55 membres, fut fondé en 1989. En 1946, Charles Peaker devint dir. de la Chorale Bach-Elgar, née de la fusion des choeurs Bach et Elgar. De nouveaux orchestres s'organisèrent après 1900. L'un d'eux fut le Ladies' String Orchestra formé en 1908 et dirigé jusqu'en 1926 par Jean Hunter. L'addition de bois accrut le nombre de ses membres à 35. En 1915, F.J. Domville fonda le Hamilton Orchestral Club. À son premier concert, au temple Odd Fellows, l'orchestre présenta un programme de brefs morceaux et la Symphonie no 5 de Beethoven. Percy Waddington puis I.W. Lomas dirigèrent un OS de Hamilton durant plusieurs saisons au milieu des années 1920. Graham Godfrey le réorganisa en 1930 en un ensemble de 73 membres et l'orchestre fit ses débuts en janvier 1931 avec la Symphonie du « Nouveau-Monde » de Dvořák et des ouvertures de Wagner. L'ensemble fut suivi en 1949 de l'Orchestre philharmonique de Hamilton qui joua dans les auditoriums d'écoles secondaires puis au Palace Theatre avant d'obtenir un foyer permanent avec l'ouverture de la Hamilton Place en 1973. Parmi les autres ensembles actifs en 1991, on compte l'Ensemble Sir Ernest MacMillan et la Symphony Hamilton. La Hamilton Chamber Music Society fut fondée en 1951; en 1972, lors de sa dernière représentation, elle avait présenté plus de 90 concerts.

Dans le domaine de l'opéra, Hamilton dépendit d'abord des compagnies invitées et de ses propres amateurs. Néanmoins, le 15 février 1895, l'opéra patriotique allégorique Ptarmigan de J.E.P. Aldous y fut créé. La Hamilton Opera Company fut fondée en 1898, et la Hamilton Operatic Society en 1926, mais leur répertoire et leur évolution demeurent obscurs. De nombreuses productions de tournée visitèrent Hamilton, dont Salomé de Massenet (peut-être une adaptation d' Hérodiade) en 1913, ainsi que plusieurs opérettes de Victor Herbert et The Bohemian Girl de Balfe en 1916. En l'espace de sept jours à la Grand Opera House en 1922, la De Feo Opera Company présenta Aïda, Carmen et Madama Butterfly. La Russian Grand Opera Company offrit Boris Godounov de Moussorgsky, La Fée des neiges de Rimsky-Korsakov et Eugène Onéguine de Tchaïkovsky durant la saison 1922-23. Une autre Hamilton Opera Company (voir aussi June Kowalchuk), active de 1961 à 1972, fusionna avec le Mohawk College Opera Workshop (qui avait débuté en 1970) et devint le Mohawk College Opera Theatre en 1976. Le théâtre présenta cette année-là Colas et Colinette de Quesnel, TheWidow de Lavallée et Rigoletto de Verdi. Opera Hamilton, formé en 1980, a offert surtout un répertoire courant d'opéras italiens.

En 1889, afin d'améliorer la lecture à vue de ses élèves au moyen d'arrangements en duo de symphonies de Haydn, Ellen Ambrose forma le Duet Club. Le club se transforma graduellement en une société qui aidait les étudiants talentueux grâce à des bourses. Elle a parrainé des récitals solo et des récitals de chambre par des artistes locaux ou invités. Parmi les chanteurs et instrumentistes éminents qui se sont produits à Hamilton au XXe siècle figurent Edward Johnson, Clara Butt, Jeanne Dusseau, Amelita Galli-Curci, Nellie Melba, Robert Merrill, Marcel Dupré, Mischa Elman, Isaac Stern, Healey Willan, Murray Perahia, Vladimir Horowitz, Philippe Entremont et Alexis Weissenberg. La Hamilton Community Concerts Assn, formée en 1932, était toujours active en 1991, parrainant quatre concerts par année.

Richard Birney Smith (Detroit, 29 janvier 1941, naturalisé canadien 1971; o. m. c. à Dundas, Ont.) mit sur pied en 1968 la Te Deum Concert Series, qui présentait toujours des exécutions d'oeuvres baroques et d'autres musiques en 1991.

En 1985, la société Hamilton Artists Inc., fondée en 1975, dirigée par Elma Miller, entreprit une série innovatrice de concerts appelés Artsound, pour présenter des oeuvres expérimentales de compositeurs canadiens. Parmi ces concerts, qui ont eu lieu à l'église Saint Cuthbert's, on trouve des oeuvres de John Weinzweig, Ruth Loman, Elma Miller, Bengt Hambraeus, Malcolm Forsyth et d'autres. Sous la direction de Lyn Harry, le Canadian Orpheus Male Chorus (fondé en 1977 sous le nom de Hamilton Orpheus Male Choir avec huit membres) se composait de 100 voix en 1990. La Hamilton Children's Choir, sous la direction de David Davis, s'est produite dans la région de Hamilton et a fait des tournées dans les Maritimes. Le Boris Brott Summer Music Festival a commencé en 1988 et se tient tous les ans dans la région de Hamilton. En 1991, le théâtre Tivoli fut acheté par Sam Sniderman et rénové en vue d'en faire, lors de sa réouverture, un lieu propice aux représentations musicales et théâtrales.

Le Festival of Friends, organisé par Hamilton Wentworth Creative Arts à partir de 1976, est un événement de fin de semaine très couru sur le circuit des festivals de folklore. L'album Music From the Armpit of Canada (1988, Problem Child PCWA-002) est une compilation des groupes rock de la région de Hamilton.

L'éducation musicale à Hamilton remonte aux années 1840 alors que la Burlington Academy offrait aux jeunes femmes des cours de piano, harpe, guitare et chant. Dans les années 1860, la formation musicale fut dispensée par 10 professeurs indépendants et un petit nombre d'écoles privées, dont le Wesleyan Ladies College, fondé en décembre 1863 pour offrir des cours d'art, de musique et de sciences. Robert Ambrose en fut le dir. mus. de 1864 à 1889. La musique fut également enseignée au Loretto College, fondé en 1866. (Norah Clench y étudia.) Dès 1869, les écoles publiques de Hamilton dispensaient un certain enseignement musical, habituellement la formation vocale. Le premier orchestre scolaire fut formé en 1887.

En 1888, D.J. O'Brien fonda le Hamilton Musical Institute (Hamilton College of Music, 1889-98). La Hamilton School of Music, placée sous la direction de J.E.P. Aldous, fut florissante de 1889 à 1908. C.L.M. Harris fonda en 1897 le Hamilton Cons. of Music qui, en 1965, devint le Royal Hamilton College of Music. Les cours de musique commencèrent en 1953 à l'Université McMaster et le dépt de musique y fut formé en 1965. La cathédrale Christ the King de Hamilton possède un des 11 carillons du Canada. Ses 23 cloches furent installées en 1933.

Parmi les musiciens de distinction nés à Hamilton ou dans les environs se trouvent « Puff »Addison, les familles Ambrose, Carey et Littlehales, Mona Bates, Mabel Beddoe, Hector Charlesworth, l'éminente pianiste et professeure Kate Sara Chittenden, Ralph Cruickshank (voir Berandol), W.E. et G.H. Fairclough, Roy et John Fenwick, Constance Fisher, Sonny Greenwich, Cyril Hampshire, C.F. Harrison, Hugh Hartwell, Gary Hayes, Clifford Hunt, King Biscuit Boy (Richard Newell), Gene Lees, Clarence Lucas, Harry MacDonough, Robert May, Thelma Johannes O'Neill, Arthur Poynter, Ernest Seitz, Adrienne Shannon, Jon Siddall, T.R. Sloan, Ian Thomas, Jackie Washington et Rick Wilkins.

Au nombre des musiciens et groupes réputés qui ont été actifs dans la région de Hamilton figurent la famille Bartmann, J.W. Baumann, Reginald Bedford et Evelyn Eby, Lorne Betts, Boris Brott, le Canadian Brass, Reginald Godden, Lee Hepner, Marta Hidy, Jack Lorne Hodd, Harold Jerome, Udo Kasemets, Ada Twohy Kent, Daniel Lanois, Jean Macleod, le Quatuor tchèque, Frank Thorolfson, Alan Walker, Gladys Whitehead et Jan Wolanek.

En dépit de la proximité et du charme de Toronto, avec ses nombreuses et attrayantes possibilités pour les mélomanes de Hamilton, cette ville a maintenu et développé au cours des années une vie musicale riche et indépendante, symbolisée dans les années 1990 par la réputation solidement établie de l'Orchestre philharmonique de Hamilton comme l'un des principaux du Canada. Le développement et le dynamisme des nombreux ensembles et séries de concerts dans cette ville est remarquable.