Samuel Hearne a été le premier Européen à traverser l’Arctique par voie terrestre depuis la côte Est jusqu’à l’océan Arctique. Il a participé à trois expéditions à destination de l’Arctique canadien en vue de découvrir le passage du Nord-Ouest, permettant, ce faisant, aux Européens d’accroître considérablement leurs connaissances du climat arctique et des peuples de la région : les Inuits et les Dénés. À l’occasion de ses voyages, il est devenu l’un des premiers Européens à documenter le conflit entre ces deux nations. Explorateur ambitieux, il s’est rendu plus au nord que n’importe quel autre Européen avant lui.
Jeunesse
Samuel Hearne naît en 1745 à Londres en Angleterre. Son père est un ingénieur confirmé. Élève médiocre, il quitte l’école à 11 ans pour s’engager dans la Royal Navy britannique. Il sert sous les ordres du capitaine Samuel Hood tout au long de la guerre de Sept Ans, en particulier durant le bombardement du Havre. Il quitte la marine en 1763 et est embauché par la Compagnie de la Baie d’Hudson en 1766. Il navigue sur plusieurs vaisseaux mouillant le long des côtes du fort Prince-de-Galles, au Manitobade nos jours. C’est à cette époque qu’il découvre, avec d’autres membres d’équipage, les vestiges de l’expédition perdue de James Knight. En 1768, il effectue des relevés de vastes régions côtières bordant la baie d’Hudson Bay.
Première expédition
Les colons anglais de la baie d’Hudson souhaitent repérer les régions d’approvisionnement en cuivre des Inuits et des Dénés. En 1768, après avoir reçu des morceaux de cuivre des peuples autochtones de la région, le chef du fort de Churchill de la Compagnie de la Baie d’Hudson envoie Samuel Hearne vers le nord à la recherche de possibles mines de cuivre. Accompagné d’un groupe d’Autochtones cris et chipewyans concernés par le commerce des fourrures, il part fin 1769, se déplaçant en raquettes en direction du nord et de l’ouest. Toutefois, l’expédition connaît de grandes difficultés lorsqu’elle est abandonnée par son guide principal et se retrouve à court de vivres. Plutôt que de risquer de mourir de faim, Samuel Hearne retourne avec son groupe à Churchill où il arrive à la mi-décembre.
Deuxième expédition
Samuel Hearne décide de lancer une deuxième expédition conduite par des guides cris en échange de biens européens. Il quitte Churchill fin février 1770 et rencontre à nouveau rapidement des problèmes. Le groupe est régulièrement à court de nourriture et de ressources, obligé de consommer parfois du gibier cru. Selon certains comptes-rendus, l’expédition se fait voler en chemin par un groupe d’Autochtones non identifiés. En août, Samuel Hearne détruit accidentellement le compas qui lui sert à naviguer, rendant ses observations durant l’expédition assez vagues. Cette deuxième expédition revient à Churchill à l’automne.
Troisième expédition et Massacre de Bloody Falls
Samuel Hearne est le seul Européen de la troisième expédition guidée par un groupe de Chipewyans et leur chef, Matonabbee. L’objectif de cette troisième expédition est de trouver une route directe vers la rivière Coppermine dont on pense qu’elle est riche en cuivre. Le groupe part en décembre 1770. Matonabbee maintient une progression stricte et les explorateurs sont en mesure d’atteindre le point de passage des caribous à temps pour la chasse annuelle de printemps. Durant la chasse, un certain nombre de Dénés se joignent à l’expédition. La troupe atteint la rivière Coppermine en juillet 1771. À ce moment-là de l’expédition, les Dénés, qui sont en plein conflit violent avec les Inuits, massacrent, pendant leur sommeil, une vingtaine de ces derniers. Cet événement, qui sera connu sous le nom de Massacre de Bloody Falls, traumatise grandement Samuel Hearne. Durant ses voyages, il devient le premier Européen à contempler le Grand Lac des Esclaves. S’il est vrai que cette troisième expédition a atteint son objectif en se rendant jusqu’à la rivière Coppermine, il n’en demeure pas moins que des relevés approfondis démontrent qu’il est impossible d’y établir un site d’extraction minière.
Fin de vie et héritage
En 1774, la Compagnie de la Baie d’Hudson envoie Samuel Hearne dans le nord de la Saskatchewan. Arrivé là-bas, il construit le fort Cumberland, le premier poste de traite de la compagnie implanté à l’intérieur des terres. Il est nommé gouverneur du fort Prince-de-Galles en janvier 1776. Toutefois, en 1782, il est obligé de se rendre aux forces françaises largement supérieures. En dépit de l’autorisation qui lui est accordée de revenir en Angleterre avec ses hommes, il traverse à nouveau l’Atlantique l’année suivante pour découvrir les populations autochtones et les réseaux de traite ravagés par la maladie et la violence. En 1787, il retourne en Angleterre où il passe la dernière décennie de sa vie à aider des amis et des naturalistes. Il rédige A Journey from Prince of Wales’s Fort in Hudson’s Bay to the Northern Ocean, un ouvrage, publié trois ans après sa mort en 1792, qui offre aux lecteurs l’une des descriptions de première main les plus précises de la vie des Autochtones du Nord.