Enfance, formation et famille
Ramon (Ray) John Hnatyshyn naît le 16 mars 1934 à Saskatoon, en Saskatchewan, le fils d’Helen et de John Hnatyshyn. Son père, un avocat et le premier sénateur canadien né en Ukraine, est déjà un bon ami de John Diefenbaker avant que celui-ci devienne premier ministre.
Ray Hnatyshyn fréquente l’école publique Victoria et l’école secondaire Nutana Collegiate à Saskatoon, et poursuit ses études à l’Université de la Saskatchewan, où il obtient un baccalauréat ès arts en 1954 et un diplôme en droit en 1956. Après son admission au barreau de la Saskatchewan en 1957, il exerce brièvement le droit à Saskatoon avant de déménager à Ottawa pour y travailler comme chef de cabinet du leader du gouvernement au Sénat. Il retourne à Saskatoon en 1960 pour reprendre l’exercice du droit. Pendant les dix années suivantes, il enseigne aussi le droit à l’Université de la Saskatchewan.
En 1960, Ray Hnatyshyn épouse Karen Gerda Nygaard Andreasen. Le couple aura deux fils.
Politique
En 1964, Ray Hnatyshyn se présente comme candidat du Parti progressiste-conservateur aux élections provinciales de la Saskatchewan, mais échoue, une fois le public rendu aux urnes.
Dix ans plus tard, comme candidat progressiste-conservateur aux élections fédérales de 1974, il est élu député de Saskatoon-Biggar. Il est constamment réélu et représente différentes circonscriptions à Saskatoon jusqu’en 1988.
En 1979, lorsque les conservateurs forment un gouvernement minoritaire dirigé par le premier ministre Joe Clark, Ray Hnatyshyn est nommé ministre de l’Énergie, des Mines et des Ressources, un poste qu’il occupe pendant une période où le prix du pétrole augmente. Il est également membre du Cabinet de Joe Clark comme ministre d’État chargé des sciences et de la technologie. Il se présente souvent au Parlement habillé de façon décontractée, portant l’un de ses deux blousons sport en suède qui ressortent parmi tous les costumes rayés bleus de ses collègues. Il déclare à un journaliste que ses blousons sont faits d’« Ultrasuède » qui, selon lui, est « un produit oléagineux comestible ».
Un politicien modéré et bien aimé, Ray Hnatyshyn est nommé leader du gouvernement à la Chambre sous le premier ministre Brian Mulroney, en 1984. Plus tard, il est président du Conseil privé et ministre de la Justice, avant d’être défait lors des élections de 1988.
Après son départ de la vie politique, Ray Hnatyshyn se joint à la firme d’avocats Gowling, Strathy et Henderson à Ottawa, en avril 1989. Il n’y reste pas longtemps en poste, puisque Brian Mulroney annonce, en octobre de la même année, que Ray Hnatyshyn deviendra le 24e gouverneur général du Canada. Le nouveau gouverneur général n’a pas une bonne maîtrise de la langue française et est un copain politique de Brian Mulroney, ce que les critiques déplorent. Cependant, plusieurs années plus tard, Ray Hnatyshyn déclare que Brian Mulroney a consulté John Turner, le leader du Parti libéral, et Ed Broadbent, celui du Nouveau Parti démocratique, au sujet de la nomination, et que les deux l’ont fortement recommandé.
Gouverneur général
Ray Hnatyshyn est assermenté le 29 janvier 1990. Lors de la cérémonie d’assermentation, Brian Mulroney dit à son sujet : « Comme avocat distingué et comme Canadien de deuxième génération, vous êtes éminemment bien placé pour connaître les difficultés qui vous ont motivé à devenir promoteur de la tolérance et champion de la réconciliation nationale. Vous connaissez bien ce pays et vous comprenez et admirez ses citoyens. »
Ray Hnatyshyn dit de sa nomination au poste de gouverneur général que c’est le plus grand honneur possible pour un « Canadien ordinaire », et déclare que « le gouverneur général appartient aux citoyens du Canada. » Il passe rapidement de la parole à l’action. Une de ses premières initiatives est d’inviter 400 résidents du quartier qui entoure Rideau Hall, sa résidence officielle, à visiter le manoir. Il apporte aussi un caractère informel au poste en insistant pour que les gens l’appellent Ray.
Ensuite, il rouvre le grand domaine de Rideau Hall, qui a été fermé au public par sa prédécesseure Jeanne Sauvé. La résidence officielle devient rapidement un arrêt populaire sur le circuit touristique, et de nombreux Canadiens apprécient les visites guidées des salles publiques et du domaine. « J’ai été heureux d’ouvrir les portes des lieux », dira plus tard le gouverneur général, mentionnant que les préoccupations d’ordre sécuritaire qui ont motivé la décision de Jeanne Sauvé ont diminué grâce à l’installation d’un système de surveillance par caméra, ainsi que d’autres mesures prises par la GRC. « Jamais durant mes années comme gouverneur général je n’ai pensé que j’avais besoin de plus de mesures sécuritaires », déclare-t-il.
En 1991, Ray Hnatyshyn crée la Série des concerts de l’été du Gouverneur général, qui deviendra un populaire festival annuel de musique. L’année suivante, il accueille un concert de musique rock dans le domaine de Rideau Hall qui fait partie de la campagne antidécrochage et qui promeut le programme canadien de bourses. Le concert est télédiffusé sur YTV avec le titre « Le très excellent concert rock de Son Excellence ».
Pendant l’hiver de 1992, Ray Hnatyshyn procède à la réouverture de la patinoire historique de Rideau Hall, qui a été fermée pendant les années précédentes. La patinoire est utilisée par le public les fins de semaine et par des établissements scolaires et des associations éducatives du lundi au vendredi.
En 1994, l’épouse de Ray Hnatyshyn, Gerda, est coauteure d’un ouvrage intitulé Rideau Hall — Témoin vivant de notre histoire, rédigé dans la perspective de verser le produit des ventes pour augmenter la collection nationale d’œuvres d’art et de mobilier à la résidence officielle. Le couple collabore également avec la Fondation du Jardin du patrimoine canadien pour créer un Jardin du patrimoine sur le domaine de Rideau Hall.
Ray Hnatyshyn établit les Prix du Gouverneur général pour les arts de la scène, ainsi que le prix Ramon John Hnatyshyn pour le bénévolat dans les arts de la scène. Il promeut également l’alphabétisation en établissant le Prix « Envol vers la liberté » du Gouverneur général pour l’alphabétisation. De plus, il crée la Fondation Hnatyshyn, qui a pour mission de promouvoir et de financer les artistes et les conservateurs émergents et en milieu de carrière.
Pendant son mandat, Ray Hnatyshyn reçoit 26 dirigeants étrangers, notamment le président polonais Lech Walesa, le premier ministre d’Israël Yitzhak Rabin, et le président russe Boris Yeltsin. Il fait également plusieurs voyages à l’étranger, y compris à la maison ancestrale de sa famille en Ukraine. De plus, il représente le Canada aux célébrations du 50e anniversaire du jour J en France, en 1994.
Vie après Rideau Hall
Après avoir cédé son poste de gouverneur général en 1995, Ray Hnatyshyn retourne à la firme d’avocats alors appelée Gowling Lafleur Henderson. « J’ai mené une vie très heureuse », affirme-t-il lors d’une entrevue en 2000. « J’ai eu l’occasion de servir les Canadiens; je me sens très humble à cet égard. »
En novembre 2002, Ray Hnatyshyn est nommé chancelier de l’Université Carleton. À peine quelques semaines plus tard, le 18 décembre, il meurt des suites d’une pancréatite. Sa dépouille repose pendant deux jours dans la Chambre du Sénat. Sa vie est célébrée dans des funérailles multiconfessionnelles à Ottawa, le 23 décembre 2002.
Lorsque Postes Canada émet un timbre en l’honneur de l’ancien gouverneur général, la société mentionne que « même en tenue de gala, Ray Hnatyshyn n’avait jamais l’air pompeux. Il était foncièrement un homme du peuple. » Le motif du timbre est réalisé à partir d’une photographie de Ray Hnatyshyn habillé en queue-de-pie et haut-de-forme, prise le jour où il est devenu gouverneur général. Le timbre est émis en 2004, le jour où Ray Hnatyshyn aurait fêté son 70e anniversaire.