Honoré Beaugrand, maire de Montréal, journaliste, écrivain, officier militaire (né le 24 mars 1848 à Saint-Joseph de Lanoraie, au Bas-Canada; mort le 7 octobre 1906 à Westmount, au Québec).
Début de vie
Honoré Beaugrand naît dans une famille canadienne-française aisée et nationaliste. (Voir Nationalisme canadien-français.) Son père a notamment appuyé le soulèvement des Patriotes en 1837. (Voir Rébellions de 1837-1838.) Après avoir fréquenté l’école de son village, Honoré Beaugrand est envoyé en 1859 au Collège Joliette, dirigé par les Clercs de Saint-Viateur. En 1863, il entre dans cette communauté religieuse, mais la quitte à l’hiver 1864 sans avoir prononcé ses vœux. Il s’établit alors à Montréal et participe aux réunions de l’Institut canadien.
Carrière à l’extérieur du Canada
Durant l’été 1865, Honoré Beaugrand s’inscrit à l’École militaire de Montréal. Il y obtient un certificat d’officier canadien de deuxième classe. (Voir aussi Armée canadienne.) Comme la guerre de Sécession américaine est terminée, il part combattre au Mexique à l’automne 1865 dans l’armée française. À la fin du conflit, en mars 1867, il séjourne plusieurs mois en France.
Vers décembre 1867, Beaugrand s’installe à La Nouvelle-Orléans. En juin 1870, s’étant enrôlé dans la marine américaine, il est stationné en Floride. En 1871, il s’établit à Fall River, au Massachusetts, où se trouve une importante population d’origine canadienne-française. (Voir Franco-Américains.) Très engagé auprès de cette communauté (il fonde des sociétés culturelles, lance un journal, entre autres), il ne s’y confine pas pour autant. En effet, par son mariage en octobre 1873 avec une Américaine, Eliza Walker, il côtoie le monde protestant et anglophone. (Voir aussi Le Canada et les États-Unis.) Le couple aura une fille, Estelle. Également, Honoré Beaugrand adhère à une loge maçonnique de rite écossais, la loge King Philip.
Journaliste de profession
La vie d’Honoré Beaugrand est mêlée de près au journalisme. En juillet 1873 à Fall River, il lance l’hebdomadaire L’Écho du Canada. En 1875, il retourne à Montréal pour occuper un poste d’administrateur-gérant au journal Bien public et une fonction semblable au Courrier de Montréal. Il retourne aux États-Unis peu de temps après pour y fonder et diriger l’hebdomadaire La République, jusqu’en mars 1878. C’est dans ce journal qu’il publie en feuilleton le roman Jeanne la fileuse : épisode de l’émigration franco-canadienne aux États-Unis, dont le livre est publié en 1878. (Voir aussi Franco-Américains.) Il est de retour au Canada en avril 1878 pour s’occuper de divers périodiques. Quand Le National, le journal des libéraux de Montréal, fait faillite, il se propose pour créer un nouvel organe. Le lundi 24 février 1879, La Patrie publie son premier numéro. À la surprise générale, le quotidien assurera la fortune de son propriétaire. (Voir aussi Journaux.)
Maire de Montréal
Honoré Beaugrand profite de son influence pour se lancer en politique municipale. En 1885, il est élu maire de Montréal. Il doit affronter deux crises imprévues : une épidémie de variole et la résistance des Métis dans l’Ouest (voir Résistance du Nord-Ouest). Il est quand même réélu pour un deuxième mandat avec une majorité accrue et reste maire jusqu’en 1887. (Voir Gouvernement municipal.)
Fin de vie
Honoré Beaugrand a malheureusement une santé fragile, minée par des crises d’asthme de plus en plus violentes. Les médecins lui conseillent de séjourner sous des cieux plus cléments. Il passe de nombreux mois par année à voyager. En France, ce décoré de la Légion d’honneur est un habitué des salons.
Souhaitant mettre fin aux dérives du Parti libéral du Québec, devenu trop conservateur à ses yeux, Honoré Beaugrand se présente aux élections générales du 17 juin 1890 comme candidat indépendant, dans le comté de Saint-Louis, mais il est battu.
Il occupe une partie de ses loisirs à l’écriture, il mène des études folkloriques et prépare des éditions de luxe, notamment une édition de son recueil La Chasse galerie : légendes canadiennes, paru en 1900. (Voir Chasse-Galerie.) Le 18 janvier 1897, il fait une grave rechute d’asthme. Il annonce qu’il prend sa retraite définitive de la vie publique et vend La Patrie. Il meurt le soir du 7 octobre 1906 à sa résidence du 424 avenue Metcalfe, à Westmount. Selon sa volonté, sa dépouille est incinérée sans cérémonie religieuse, au grand scandale des élites religieuses.