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Kahentinetha Horn

Kahentinetha (parfois écrit Kahn-Tineta) Horn, militante, fonctionnaire (née le 16 avril 1940 à New York, États-Unis). Kahentinetha Horn a consacré sa vie à défendre et promouvoir la souveraineté, l’histoire et le patrimoine Kanyen’kehà:ka (mohawk). Elle a été porte-parole d’enjeux autochtones et concernant les femmes depuis les années 1960. Son militantisme ininterrompu et ses actions parfois radicales ont fait d’elle une figure bien connue du mouvement pour les droits autochtones.

Jeunesse

Le nom de Kahentinetha Horn a été traduit de différentes manières. Actuellement, deux traductions fréquentes sont « elle fait ondoyer l’herbe » ou « volant au-dessus de la terre » dans la langue Kanyen’kehà:ka (mohawk). Kahentinetha Horn, qui est l’aînée de six filles, traduit son nom par « elle est en avant, devant les autres ». Kahentinetha Horn est membre du clan de l’Ours de Kahnawá:ke, Québec. Elle naît à Brooklyn, New York, où son père est monteur de charpentes métalliques. Les Kanyen’kehà:ka (Mohawks) sont renommés pour leur talent dans ce domaine. Plus tard, la famille s’installe à Kahnawá:ke.

Kahentinetha Horn fréquente l’école durant son enfance. Adolescente, elle travaille le jour tout en étudiant le soir à l’Université Sir George Williams en économie. Plus tard, elle complète une maîtrise à l’Université Carleton. Son mémoire est consacré à la politique et aux idéologies mohawks. Dans les années 1960, elle travaille comme mannequin. Elle est couronnée « princesse indienne du Canada » en août 1963 par le Conseil national des Indiens. En tant que personnalité publique, elle sensibilise l’opinion aux causes autochtones, notamment le contrôle des terres et des ressources et les droits issus de traités.

Kahentinetha Horn

Conseil national des Indiens

Au début des années 1960, Kahentinetha Horn devient directrice du Conseil national des Indiens (CNI). L’organisation a été créée en 1961 pour représenter les intérêts politiques, économiques et sociaux des Indiens inscrits (voir Statut d’Indien), des Indiens non inscrits et des Métis (voir Congrès des Peuples autochtones). Jeune femme, elle subit les abus de certains de ses collègues du CNI. Malgré tout, et malgré le racisme et le sexisme auxquels elle est exposée tout au long de sa carrière et dans son activité militante, Kahentinetha Horn persiste à défendre les droits de son peuple.

Le CNI peine à représenter la diversité des points de vue des communautés autochtones. En 1964, un membre du conseil révèle les critiques que Kahentinetha Horn adresse à l’organisation. Cette année-là, le CNI lui retire son poste de directrice. Son titre de « princesse indienne » est aussi révoqué. Pour justifier sa révocation, le CNI invoque qu’elle a faussement présenté au public ses propres opinions comme étant celles du Conseil.

Au cours de l’année suivante, le conflit reçoit une importante couverture médiatique. Bien qu’elle ait critiqué le Congrès national des Indiens et se soit dissociée de l’organisation, Kahentinetha Horn continue à militer pour les causes autochtones. Durant les audiences publiques de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, en 1965, elle soumet un mémoire où elle exprime ses craintes concernant les droits autochtones dans un Québec souverain. Sa présentation est très remarquée.

Militantisme

Kahentinetha Horn commence à militer très jeune. Adolescente, elle rédige des lettres aux journaux, aux ministères et aux organismes publics pour défendre des causes autochtones. Durant les années 1960 et 1970, elle milite dans le mouvement pour les droits civiques des Autochtones. Elle fonde et dirige l’Indian Legal Defence Committee de 1967 à 1971. Cette organisation a été fondée pour défendre les droits issus des traités et préserver les modes de vie traditionnels. Elle participe à de nombreux mouvements de protestation et dirige plusieurs d’entre eux.

Kahentinetha Horn utilise des tactiques variées pour faire passer ses messages, et exprime des opinions qui suscitent parfois de la controverse. Elle se dit notamment favorable au maintien du système de réserves.

Kahentinetha Horn participe à des mouvements de protestation et est arrêtée à plus d’une occasion dans des manifestations. Malgré tout, elle continue à préconiser que les Autochtones utilisent « la loi et l’ordre » pour parvenir à leurs fins. En 1973, elle commence à travailler comme fonctionnaire pour le ministère des Affaires indiennes et du Développement du Nord (voir Ministères fédéraux des Affaires autochtones et du Nord). Elle y occupe plusieurs postes dans le secteur du développement des politiques sociales, communautaires et éducatives.

Kahentinetha Horn lors de sa présentation devant la Commission royale sur les peuples autochtones

Résistance de Kanesatake (crise d’Oka)

Kahentinetha Horn et ses filles Waneek Horn-Miller et Kaniehtiio Horn sont d’importantes protagonistes du conflit territorial de 1990 entre le peuple Kanyen'kehà:ka et la ville d’Oka, au Québec. Kahentinetha est négociatrice durant la résistance de Kanesatake, aussi appelée crise d’Oka. Sa participation aux négociations s’appuie sur son excellente connaissance de la Kaianere’ko:wa (la Grande Loi), de la loi canadienne et des problèmes auxquels sont aujourd’hui confrontés les peuples autochtones. Au plus fort de la crise, sa fille Waneek, âgée de 14 ans, est poignardée à l’épaule par un soldat à l’aide d’une baïonnette, alors qu’elle essaie de protéger sa petite sœur de quatre ans, Kaniehtiio. Une photographie de l’incident est publiée sur la première page des journaux, symbolisant l’intensité du conflit.

Kahentinetha Horn est congédiée du ministère des Affaires indiennes et du Développement du Nord à la suite de sa participation à l’affrontement de 78 jours. Toutefois, la Commission des relations de travail dans la Fonction publique renverse son licenciement et elle reprend son poste en 1992. Elle est aussi acquittée des accusations portées contre elle la même année.

Féminisme

Le militantisme de Kahentinetha Horn est également lié à des enjeux du mouvement des femmes. Dans les années 1960, elle est une des premières à s’opposer à la stérilisation forcée des femmes autochtones au Canada. Elle affirme l’importance de la place de la femme à la maison, en tant que moyen de transmettre les traditions aux enfants. Toutefois, elle appuie aussi l’indépendance des femmes. Kahentinetha Horn promeut un discours féministe anticolonial. Ce discours valorise le rôle historique et l’importance des femmes dans la société. Matriarche de sa famille, Kahentinetha Horn élève elle-même ses quatre filles – Ojistoh Horn, Waneek Horn-Miller, Kaniehtiio Horn et Kahente Horn-Miller. Dans les années 1970, Kahentinetha Horn a un fils du nom de Iohseres Horn-Miller. Iohseres meurt en janvier 1975 à l’âge d’un an.

Autres réalisations

Kahentinetha Horn aide des communautés autochtones à régler leurs revendications territoriales. Elle est directrice de l’Alliance canadienne en solidarité avec les autochtones. Cette organisation défend les peuples autochtones et promeut l’éducation sur les cultures autochtones. En tant qu’éditrice du Mohawk Nation News, elle contribue à faire connaître des événements, des enjeux et des causes importants pour sa communauté. Elle continue à défendre les intérêts et les droits des Autochtones.

En 2023, un groupe de femmes Kanyen'kehà:ka (Mohawk), incluant Kahentinetha Horn, forme les Kahnistensera, groupe aussi connu sous le nom de Mohawk Mothers. Ce groupe conteste les projets de l’Université McGill et de la Société québécoise des infrastructures (SQI) de remplacer l’Hôpital Royal Victoria par le projet du Nouveau Vic. Le groupe Kahnistensera s’inquiète de la présence de tombes anonymes sur ce site en raison du programme MKULTRA. Le programme MKULTRA était un programme de la Central Intelligence Agency des États-Unis qui finançait des expériences de contrôle mental durant la Guerre froide. Certaines de ces expériences ont eu lieu à Montréal.