George Hunt, ethnographe, collectionneur d’acquisitions de musée (né le 14 février 1854 à Fort Rupert en Colombie-Britannique; décédé en septembre 1933 à Fort Rupert). George Hunt est principalement reconnu pour son travail avec l’anthropologue Franz Boas; ensemble, ils ont documenté la langue, les rites et les coutumes du peuple de George Hunt, les Kwakwaka’wakw (Kwakiutl). Les riches notes ethnographiques de George Hunt, ainsi que ses collections d’objets culturels, constituent la première ethno-histoire de la culture kwakwaka’wakw.
Jeunesse et travail
George Hunt naît en 1854 à Fort Rupert en Colombie-Britannique, un poste de traite et colonie des Kwakwaka’wakw (Kwakiutl). Son père, Robert Hunt, est commerçant de fourrures pour la Compagnie de la Baie d’Hudson, et sa mère, Mary Ebbetts (Ansnag), est issue du clan Raven de la tribu Taantakwaan (Tongass) de la nation Tlingit.
George Hunt parle l’anglais et le kwak’wala. Il sert d’interprète et de guide aux chercheurs, aux politiciens et aux hommes d’affaires qui viennent travailler sur la côte nord-ouest de la Colombie-Britannique. Il travaille pour la première fois en tant qu’interprète avec Israel Powell, le superintendant des Affaires indiennes en 1879. De 1911 à 1914, George Hunt assiste également le célèbre photographe Edward S. Curtis tout au long du tournage de In the Land of the Head Hunters (1914). Il donne des conseils pour la distribution et la réalisation, et il fournit les costumes. Le mélodrame, dont les acteurs sont tous d’origine kwakwaka’wakw, se concentre sur ce peuple des régions côtières du nord-est de l’île de Vancouver et du centre de la Colombie-Britannique.
Faits saillants de carrière
George Hunt est surtout connu pour avoir travaillé comme interprète et guide auprès de l’anthropologue Franz Boas durant 40 ans (voir Anthropologie). George Hunt assiste Franz Boas dans ses recherches durant la Jesup North Pacific Expedition (1897-1902). Menée par Franz Boas et commanditée par le Musée américain d’histoire naturelle, l’expédition Jesup effectue des recherches sur les peuples autochtones indigènes de la partie nord-ouest de la côte du Pacifique de l’Amérique du Nord et de la côte est de la Sibérie. Assisté de George Hunt, Franz Boas documente les cultures que de nombreux anthropologues craignent de voir disparaître en raison de l’acculturation et du colonialisme.
Durant l’expédition, George Hunt décrit les pratiques sociales et culturelles des Kwakwaka’wakw à Franz Boas et il l’initie aux cérémonies traditionnelles, incluant le potlatch. George Hunt l’aide également à recueillir des objets culturels, à prendre des photos, et à enregistrer des histoires orales. Bien que Franz Boas reconnaisse l’apport de George Hunt comme interprète et assistant dans ses publications, il ne lui attribue que rarement le statut d’auteur. Malgré tout, le travail de George Hunt durant l’expédition permet de produire une ethno-histoire du peuple kwakwaka’wakw à laquelle se réfèrent encore les chercheurs aujourd’hui.
Controverse
World Columbian Exposition de 1893 à Chicago
En 1893, George Hunt aide Franz Boas à créer une exposition sur les Kwakwaka’wakw dans le cadre d’une exposition anthropologique plus vaste sur les peuples autochtones de la partie nord-ouest de la côte du Pacifique lors de la World Columbian Exposition de Chicago. George Hunt amasse des centaines d’objets culturels pour l’exposition et il se rend à Chicago avec un groupe de 17 performeurs bénévoles kwakwaka’wakw originaires de Fort Rupert, en Colombie-Britannique. Franz Boas et George Hunt érigent une réplique d’un village kwakwaka’wakw à l’exposition dans laquelle les artistes présentent des danses cérémoniales, des arts et d’autres traditions.
Bien que les organisateurs de l’exposition prétendent créer des portraits authentiques des cultures autochtones et de leur mode de vie traditionnel, les expositions sont pour la plupart conformes aux stéréotypes coloniaux du 19e siècle sur les peuples autochtones qui sont considérés comme « exotiques » et « anti-modernes ». Cette attitude est répandue dans la plupart des expositions universelles de l’époque, comme l’Exposition universelle de Paris en 1889 et la Pan-American Exposition de 1901. Toutefois, même si l’exposition kwakwaka’wakw renforce les stéréotypes bien ancrés sur les peuples autochtones, les Kwakwaka’wakw, incluant George Hunt qui performe également lors de l’exposition, affirment leur persistance culturelle. Ils démontrent la mobilité autochtone et professent leur défiance politique envers les forces colonisatrices.
Acquisition du Yuquot Whalers Shrine
Durant ses travaux ethnographiques de 1902, George Hunt découvre l’existence d’un sanctuaire à Yuquot (le Yuquot Whalers’ Shrine) qui appartient à la Première Nation Mowachaht du peuple Nuu-chah-nulth (nookta). Le sanctuaire a une grande importance spirituelle; il est considéré comme un lieu de sépulture pour les chefs et utilisé pour certains rituels de chasse. Il comprend 92 statuettes de bois et 16 crânes humains.
Intrigué, George Hunt se rend sur place pour le voir, mais les gardiens du sanctuaire refusent de le laisser passer; seul le chef chasseur de baleines a un droit d’accès. Prétendant être chaman, George Hunt obtient le droit d’une brève visite du sanctuaire, durant laquelle il prend une photo qu’il envoie à Franz Boas.
Voulant l’ajouter à sa collection, Franz Boas demande à George Hunt d’acquérir le sanctuaire. Après des négociations avec les gardiens mowachahts du sanctuaire, George Hunt fait déménager le bâtiment et son contenu à New York, où Franz Boas prévoit exposer les objets culturels. Bien que George Hunt soit satisfait de cette collection qu’il a acquise, les Mowachahts croient que le sanctuaire leur a été volé. Jusqu’à ce jour, les Mowachahts poursuivent leurs tentatives pour le rapatrier.
Legs
Les riches notes ethnographiques et la collection d’objets culturels de George Hunt constituent une base impressionnante de la culture des Kwakwaka’wakw. George Hunt aide considérablement Franz Boas et d’autres grands chercheurs de la côte nord-ouest, ainsi que les collectionneurs d’objets culturels du 19e et du début du 20e siècle.
George Hunt est le grand-père de Henry Hunt, le maître-sculpteur du Thunderbird Park, et l’arrière-grand-père des sculpteurs kwakwaka’wakw Richard Hunt, Stanley Hunt et Tony Hunt.
Voir aussi Peuples autochtones, Autochtones : la côte nord-ouest, Franz Boas, Kwakwaka’wakw.