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Hymnes

Les simples couplets paléochrétiens ainsi que les chorals et les psaumes versifiés de la Réforme sont chantés par les Canadiens depuis le XVIIe siècle.

Hymnes

Les simples couplets paléochrétiens ainsi que les chorals et les psaumes versifiés de la Réforme sont chantés par les Canadiens depuis le XVIIe siècle. Jusqu'au XXe siècle, chanter des hymnes ne servait pas seulement à propager une doctrine religieuse, mais permettait aussi de s'adonner à une activité sociale populaire tout en cultivant ses connaissances musicales. Un missionnaire oeuvrant chez les autochtones près de Québec rapporte, en 1676, que ces derniers avaient « beaucoup d'aptitude et un penchant évident pour chanter les hymnes de l'Église » qui étaient traduits dans leur langue. Les annales de la Nouvelle-France au XVIIe siècle abondent de tels commentaires. Le noël huron « Jesous Ahatonhia », attribué à Jean de BRÉBEUF et populaire jusqu'à ce jour, est l'adaptation d'un air folklorique français avec des paroles huronnes.

Transplantation dans le Haut-Canada et le Bas-Canada

Le mouvement des chorales d'école que l'on retrouve au XVIIIe siècle en Angleterre et en Nouvelle-Angleterre est transplanté en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et dans le reste du Canada par les immigrants et les Loyalistes (1760-1800). Après 1800, le genre de musique publiée au pays est celui des psaumes et des hymnes que chantent les tenants de ce mouvement. Les publications importantes sont alors Union Harmony de Stephen Humbert (1801), qui met l'accent sur la fugue; Colonial Harmonist de Mark Burnham (1832); New Brunswick Church Harmony de Zebulon Estey (1835); The Harmonicon (1836); le très populaire Sacred Harmony d'Alexander Davidson (1838); The Canadian Warbler de Lemuel C. Everett (1863), adapté d'une collection américaine et l'un des premiers livres de musique s'adressant spécialement aux enfants; et The Vocalist de George Linton (1865 ou 1867). Plusieurs publications à l'intention des fidèles anglicans paraissent à la même époque, notamment A Selection from the Psalms of David de George Jenkins (1821); A Selection of Psalms and Hymns de William Warren (1835); et The Canadian Church Psalmody de James Paton Clarke (1845). Pour les catholiques francophones, il y a La Lyre sainte de Théodore Molt (1844 ou 1845) et pour les protestants francophones, Chants évangéliques (1862).

Diversification

Vers la fin du XIXe siècle, les publications se diversifient; plusieurs livres de paroles d'hymnes sont publiées en langues autochtones, et le style « gospel » gagne en popularité. Les autorités ecclésiastiques commencent à réaliser leurs propres compilations, les premiers exemples étant The Presbyterian Psalmody (1851) et Methodist Tune Book (1881). L'interconfessionnel Canadian Hymnal (1889) devient très utilisé. Un hymnographe canadien, Stanley Osborne, a remarqué que les compositeurs canadiens de musique d'hymnes sont plus nombreux que les poètes canadiens qui écrivent des paroles d'hymnes. Les premiers paroliers prolifiques sont le prédicateur Henry ALLINE et le fondateur de la secte Children of Peace, David WILLSON (1778-1866), qui a produit plus de 1400 textes d'hymnes (publiés et non publiés).

L'orgue de Barbarie des Children of Peace, préservé au temple-musée de Sharon (Ont.), est un précieux témoignage du son que pouvaient avoir les premiers arrangements. En dépit des distinctions confessionnelles, les publications citées plus haut ont un vaste répertoire commun. Cependant, elles contiennent toutes des compositions musicales originales.

On trouve encore un choix remarquable de mélodies de compositeurs locaux dans les hymnaires canadiens du XXe siècle. Le The Canadian Baptist Church Hymnal (London, 1902), le University Hymn Book (Toronto, 1912) et surtout le Methodist Hymn and Tune Book (Toronto, 1917) contiennent des compositions d'éminents musiciens tels que A.S. VOGT, Alfred Whitehead, W.H. Hewlett, H.C. Perrin et le jeune Ernest MACMILLAN. Si le The Presbyterian Book of Praise (London, 1897) et le The Hymnary of the United Church of Canada (Toronto, 1930) accordent moins d'importance aux mélodies de compositeurs locaux, ils établissent cependant de nouvelles normes d'exactitude éditoriale. Alexander MacMillan (1864-1961), une figure importante de l'hymnographie canadienne, a collaboré à ces deux publications. C'est à un magistrat de Toronto, James Edmund Jones (1866-1939), que l'on doit en partie le Anglican Church's Book of Common Praise (Oxford, 1908), alors que c'est plutôt l'influence du compositeur Healey WILLAN qui domine dans l'édition de 1938. Selon Osborne, secrétaire du comité mixte responsable de la publication de The Hymn Book of the Anglican Church of Canada and the United Church of Canada (Toronto, 1971), 10 p. 100 des mélodies de ce beau livre sont des compositions canadiennes. Livret des fidèles (1966) et le Catholic Book of Worship (1972) sont publiés en réponse au renouveau liturgique promulgué par le concile Vatican II.

Réponse fidèle

Indépendamment des divers engouements et habitudes d'exécution qui ont pu marquer le chant d'hymnes, les Canadiens demeurent fidèles à un répertoire comprenant le Our God's a fortress firm and sure (l'hymne Ein' feste Burg de Luther, dans la traduction de 1971 du poète canadien Jay Macpherson) ou le What a friend we have in Jesus (avec les paroles du Canadien Joseph Scriven, 1819-1886), bien que d'importantes compositions canadiennes restent à redécouvrir. Les hymnographes et les éditeurs d'hymnes se soucient souvent autant de questions de goût et de normes que de cultiver un vaste répertoire. En 1851, les presbytériens sont appelés à chanter leurs hymnes « sans notes d'agrément ou autres fioritures »; en 1908, on permet aux anglicans de chanter des hymnes bien-aimés tel que Tell me the old, old story, mais en leur rappelant que ces hymnes « seraient déplacés dans plusieurs églises ». Et dans l'Encyclopédie de la musique au Canada (1983; éd. rév. 1993), Stanley Osborne estime que le chant d'hymnes s'est beaucoup amélioré dans les années 70 comparativement à ce qu'il était dans les années 20 et 30. Au milieu du XXe siècle, les enregistrements et les émissions radiophoniques sont des moyens courants d'encourager le chant d'hymnes.

Les historiens ont maintes fois observé que la popularité d'un hymnaire dure habituellement un quart de siècle ou le temps d'une génération. Aussi, plusieurs confessions religieuses ont-elle chargé des comités de réviser les hymnaires au début des années 90. L'Église anglicane et l'Église unie ont remplacé leur collection publiée conjointement en 1971 par de nouveaux hymnaires distincts; celui de l'Église unie intitulé Voices United (1996) reflète la mode contemporaine en offrant beaucoup plus de musique folklorique et populaire que toute autre collection antérieure.

Voir aussiMUSIQUE RELIGIEUSE; ÉCOLES DE CHANT.