Avant l’arrivée des Européens au Canada, les peuples autochtones parlaient une grande variété de langues. Afin d’assimiler cette population, les politiques coloniales telles que la Loi sur les Indiens et les pensionnats ont interdit l’utilisation des langues autochtones. Ces restrictions ont conduit à la mise en danger permanente des langues autochtones au Canada. Les communautés autochtones et divers établissements d’enseignement ont pris des mesures pour éviter de nouvelles pertes linguistiques et pour préserver les langues autochtones.
Bref historique
Nombre de langues autochtones sont mises en péril au Canada. Cette situation résulte de politiques coloniales restrictives, qui interdisaient l’usage de ces langues maternelles. En effet, visant à assimiler les peuples autochtones, la Loi sur les Indiens et les pensionnats forcent ceux-ci à abandonner leur langue. Les pensionnaires qui se font prendre à parler en langue autochtone sont ainsi punis. Même après la fermeture des pensionnats, les pertes linguistiques subies et la peur de représailles freinent toujours l’usage des langues autochtones. Cela affecte du coup la transmission de génération en génération de ces langues.
Démographie linguistique
En 2016, Statistique Canada rapporte que pour une quarantaine de langues autochtones au Canada, il y a quelque 500 locuteurs ou moins, sans distinction entre ceux qui les parlent couramment de ceux qui en font l’apprentissage. Conséquemment, le nombre de locuteurs qui maîtrisent parfaitement toute langue autochtone peut être en deçà de ce nombre. Des progrès sont cependant enregistrés : Statistique Canada a dévoilé que 260 550 Autochtones rapportent être en mesure de parler une langue autochtone. Cela représente une augmentation de 3,1 % par rapport à 2006.
Selon le recensement de 2016, les langues algonquines ont la plus forte concentration avec 175 825 locuteurs, suivi du cri avec 96 575 locuteurs et l’ojibwé avec 28 130 locuteurs. En 2016, le nombre d’Autochtones en mesure de parler une langue autochtone dépasse le nombre de personnes qui rapportent avoir une langue autochtone maternelle. Selon Statistique Canada, ces chiffres suggèrent une augmentation du nombre de nouveaux locuteurs et d’apprentis, surtout chez les jeunes. (Voir aussi Langues des signes autochtones au Canada.)
Efforts de revitalisation
Des programmes d’apprentissage, d’enseignement, de documentation et de promotion des langues autochtones sont également mis sur pied par différents collèges et différentes universités. Par exemple, l’Université de Victoria a mis des programmes de revitalisation en place. L’Université de la Colombie-Britannique, quant à elle, offre un programme d’études en langues autochtones, et le Collège Yukon a fondé le Centre des langues autochtones du Yukon.
Les communautés ont mené des études plus détaillées sur les langues autochtones. Nombre d’organismes sont voués au soutien et à la promotion des langues autochtones, notamment First Voices et le First Peoples' Cultural Council. Beaucoup de sites web sont créés afin d’encourager l’apprentissage de ces langues. Un exemple pertinent en ce sens le constitue le projet Michif Language.
En Colombie-Britannique, des efforts sont en cours pour revitaliser les langues salish de la côte Nord. Ces langues sont menacées, ou « endormies ». Les langues endormies sont des langues qui n’ont actuellement aucun locuteur qui les parle couramment. En particulier, les membres de la Première Nation de Qualicum, ainsi que des linguistes, travaillent à la revitalisation de la langue pentl'ach. Le dernier locuteur du pentl'ach est décédé dans les années 1940. Cependant, le peuple pentl'ach s’efforce de faire revivre la langue. Pour ce faire, ils enregistrent les mots connus. Lorsque les mots ne sont pas connus, ils sont déterminés en utilisant les langues voisines. Le 7 avril 2022, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse adopte la Mi'kmaw Language Act. Cette Loi fait de la langue micmaque la première langue de la province. Elle soutient également les efforts de protection et de revitalisation de la langue. La Loi, considérée comme un pas vers la réconciliation, est entrée en vigueur le 1er octobre, Jour anniversaire du traité.
Loi sur les langues autochtones
Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que son gouvernement adopterait une loi pour préserver les langues autochtones en péril. L’annonce est faite lors d’une réunion de l’Assemblée des Premières Nations (APN), le 6 décembre 2016. Le 5 février 2019, le gouvernement canadien a déposé la Loi sur les langues autochtones. Elle vise à protéger et à revitaliser les langues autochtones au Canada.
La Loi est élaborée en collaboration avec l’APN, la Nation métisse et le ministère du Patrimoine canadien. Cela étant dit, l’Inuit Tapiriit Kanatami, qui n’est que marginalement inclus dans les discussions, souligne certaines lacunes de la Loi. Ces lacunes incluent l’absence de contenu propre aux Inuits et le fait qu’il n’y a « aucune obligation fédérale de financer les langues autochtones ni de les soutenir de façon fiable ».
La Loi a reçu la sanction royale en juillet 2019. Elle vise à répondre aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation (numéros 13, 14 et 15). Elle répond aussi à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.