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Jalal Barzanji

Jalal Barzanji, poète, écrivain, travailleur culturel, journaliste kurde (né le 1er juillet 1953 au Kurdistan irakien). Jalal Barzanji est l’auteur de sept recueils de poésie, d’une anthologie et d’un mémoire. Il a défendu les droits des Kurdes en Irak et a écrit de nombreuses chroniques sur la démocratie, la liberté d’expression et la paix au Kurdistan. Sous le régime de Saddam Hussein, il a été emprisonné pendant deux ans, de 1986 à 1988, en raison de ses convictions politiques. Il a reçu de nombreux prix et distinctions, et a eu l’honneur d’être le premier écrivain d’Edmonton à recevoir le prix Writer-in-Exile. Il est conseiller culturel et il aide les nouveaux arrivants à s’intégrer à la culture canadienne en les guidant sur la langue, les normes sociales et les ressources communautaires. (Voir Immigration au Canada.)

Enfance et famille

Jalal Barzanji nait à Ashkawsaqa, un village d’Erbil au Kurdistan irakien. Il est le deuxième enfant d’une famille de sept enfants (cinq frères et deux sœurs). Son village manque de services de base, dont l’électricité. L’environnement dans lequel Jalal Barzanji grandit lui permet de faire l’expérience de la simplicité de la vie, ce qui lui sert d’inspiration pour sa poésie.

En 1960, le village ouvre sa première école et Jalal Barzanji y est inscrit comme élève, à l’âge de sept ans. Cependant, les avions de guerre de l’armée irakienne bombardent son village, détruisant de nombreux bâtiments, dont son école. À l’époque, le gouvernement irakien veut étouffer le mouvement d’indépendance kurde.

La famille de Jalal Barzanji s’enfuit vers la ville d’Erbil, qui est la capitale du gouvernement régional du Kurdistan irakien. Pour lui, le fait de déménager de son village vers la ville est une étape importante. Cela lui donne accès à une bibliothèque locale où, dans les années 1960 et 1970, il peut lire des livres et des journaux pendant des heures.

Débuts de carrière et réalisations

Au début des années 1970, Jalal Barzanji commence à écrire des poèmes. Il les publie dans plusieurs journaux et magazines. En tant que journaliste, il écrit de nombreux articles sur le droit qu’ont les Kurdes d’étudier dans leur langue maternelle, ainsi que sur la liberté d’expression et les droits de la personne.

Il poursuit également ses études et obtient un diplôme en enseignement. En 1976, il devient professeur de langue kurde. Cependant, dans les années 1970, le régime irakien commence à mettre en œuvre une politique d’arabisation dans la région majoritairement kurde d’Irak. Jalal Barzanji utilise sa position à l’école pour sensibiliser les élèves, et il les encourage à lire des livres et à s’informer sur la culture kurde. Le gouvernement le menace fréquemment.

Jalal Barzanji crée et contribue également à divers organismes d’écrivains. En 1980, il fonde le Modern Poetry Group, avant de devenir rédacteur en chef du Voice Magazine en 1982. Au cours de cette période, il contribue à la création de la Children’s Foundation (1982-1985) pour soutenir et défendre les droits des enfants touchés par les troubles politiques et les conflits au Kurdistan. En 1992, il devient membre du conseil d’administration de la Kurdish Writers Union (une union d’écrivains kurdes). Deux ans plus tard, en 1994, il devient directeur général du Hawler Culture Department.

Le prix de la liberté

Très rapidement, Jalal Barzanji critique l’oppression et le racisme du gouvernement irakien à l’égard des Kurdes. Il se bat pour la liberté d’expression et contre les violations des droits de la personne sous le régime du parti Baas. Par conséquent, il est confronté à de la censure, à l’emprisonnement et à la torture. Lorsqu’il écrit son premier recueil de poésie, Dancing in the Evening Snow, le comité de censure irakien rejette le recueil à trois reprises, jusqu’à ce qu’il soit finalement autorisé à le publier en 1979.

La censure et les difficultés d’écriture n’empêchent pas Jalal Barzanji de s’exprimer et d’enseigner aux enfants. En 1986, des personnes non identifiées l’enlèvent de son domicile et l’emmènent en prison. Il demeure en prison durant deux ans, de 1986 à 1988. Il partage une cellule avec d’autres personnes et il n’a qu’un espace de 35 centimètres pour dormir. En prison, il est battu et torturé.

La famille de Jalal Barzanji est également en danger. Le gouvernement surveille sa famille de près en raison de ses actes. Après deux ans de prison sans procès ni avocat, il est pardonné le jour de l’anniversaire de Saddam, tout comme des centaines d’autres. Sa libération ne marque pas la fin de ses épreuves; il est expulsé de son poste d’enseignant ainsi que de divers postes au sein d’organismes culturels.

En 1991, le peuple kurde se soulève contre le régime de Saddam et obtient une semi-autonomie. (Voir aussi Guerre du golfe Persique [1990-1991].) Jalal Barzanji est déterminé à poursuivre ses objectifs de diversité culturelle, de liberté d’expression et de paix. Cependant, des guerres civiles éclatent entre les partis kurdes. En 1996, le cœur brisé, il finit par quitter son pays pour aller en Turquie. Par l’intermédiaire des Nations Unies, il immigre au Canada avec sa femme, ses deux filles et son fils en 1998.

Poésie au Canada

Jalal Barzanji atterrit à Edmonton en Alberta, dans l’espoir de se bâtir une vie meilleure. Toutefois, il doit faire face à plusieurs défis, comme le choc culturel, les barrières linguistiques et les traumatismes causés par ses années en prison. Malgré tout, il développe un amour profond pour le Canada, car ce pays lui offre la liberté et la sécurité, et lui permet d’écrire sans peur. Ce soutien l’aide à affronter ses problèmes et à s’intégrer à la société canadienne. Dans son nouveau pays, son esprit réussit à passer des horreurs de la prison à l’espoir, lui apportant de nouvelles idées et des perspectives pour sa poésie.

Jalal Barzanji sait que le fossé entre la communauté kurde et la culture canadienne est source de malentendus et d’isolement pour de nombreux Kurdes. En 2000, il fonde la Canadian Kurdish Friendship Association, afin de faire connaitre aux Canadiens la culture kurde et les épreuves que les Kurdes ont endurées. Il encourage également les nouveaux arrivants kurdes à s’intégrer à la société canadienne.

Ses ambitions s’élargissent, car il souhaite aider tous les nouveaux arrivants, et non seulement les Kurdes, à se lier avec la culture canadienne. Il devient conseiller culturel et il aide de nombreuses personnes de différents horizons à s’intégrer à la société canadienne.

Jalal Barzanji a l’honneur de recevoir le premier prix Writer-in-Exile de la ville d’Edmonton en 2007. Ceci lui permet de travailler comme coach d’écriture et mentor à la Bibliothèque publique d’Edmonton et à l’Université de l’Alberta, et d’aider ceux qui sont passionnés par l’écriture et par le partage de leurs histoires.

De la douleur à la paix grâce aux mémoires de prison

Jalal Barzanji développe ses talents de poète et il a davantage d’occasions de partager son travail. Le fait de pouvoir partager ses expériences vécues en prison avec d’autres écrivains l’incite à publier ses histoires. En 2011, il publie ses mémoires, The Man in Blue Pyjamas, qui sont publiés par University of Alberta Press.

Malgré le traitement sévère qu’il a subi sous le régime de Saddam Hussein, dans ses mémoires il met l’accent sur la tolérance, la cohabitation pacifique et la lutte contre le racisme, la discrimination et la propagation de la haine.

Prix et distinctions

  • Prix RISE (2004)
  • Premier prix international PEN Writer-in-Exile, ville d’Edmonton (2007)
  • Berton House Writer-in-Residence, Dawson City (2009)
  • Prix Hommage à l’excellence, les arts et la culture, ville d’Edmonton (2014)
  • Edmonton Poetry Festival, Headliner (2015)
  • Intronisé, Edmonton Arts & Culture Hall of Fame (2015)
  • Doctorat honorifique en lettres, Université de l’Alberta (2022)
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